May 19, 2005

Agoravox.fr nouveau journal citoyen en français

Je découvre Agoravox.fr dans le blog de Jean-Pierre Cloutier, un espace pour le journalisme citoyen sur la toile. Pour les créateurs de cette initiative "AgoraVox constitue l’une des premières initiatives européennes de journalisme citoyen à grande échelle complètement gratuit. Notre constat de départ est simple : grâce à la démocratisation effective du multimédia et des NTIC, tout citoyen peut devenir potentiellement un "reporter" capable d’identifier et de proposer des informations à haute valeur ajoutée."

Comme le précise le site : "Tout le monde peut devenir rédacteur d’AgoraVox. Il n’est pas nécessaire de savoir écrire avec un style journalistique affirmé". Mais pourquoi écrire: "Tout simplement pour faire entendre votre voix et pour relater des faits que vous avez identifiés et qui ne vous paraissent pas être suffisamment repris dans les médias traditionnels voire ignorés ou censurés." Ils expliquent même: " On pourrait presque affirmer que participer au projet AgoraVox est un devoir citoyen !"

Ils proposent également de rémunérer les contributeurs: "Enfin, à terme, les meilleurs articles seront rémunérés en fonction du trafic et de l’intérêt qu’ils génèrent."

Pour Joël de Rosnay, l'un des créateurs du site et aussi conseiller du président de la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette et président exécutif de Biotics International, dans une interview qu'il donne à Agoravox.com: "Les citoyens sont en train d’inventer une nouvelle démocratie, non pas une "E-démocratie" caractérisée par le vote à distance via internet, mais une vraie démocratie de la communication. Cette nouvelle démocratie, qui s’appuie sur les "media des masses ", émerge spontanément, dynamisée par les dernières technologies de l’information et de la communication auxquelles sont associés de nouveaux modèles économiques. Ni les media traditionnels, ni les politiques, n’en comprennent véritablement les enjeux.
Les media des masses, seuls véritables media démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le politique et le citoyen et, par voie de conséquences, avoir des impacts considérables dans les champs culturel, social et politique. Je pense que les internautes commencent seulement à réaliser à quel point le Net du futur va leur permettre d’exercer leur pouvoir, si tant est qu’ils parviennent à se montrer solidaires et organisés...".

L'idée est intéressante: une sorte de démocratie directe par "du journalisme direct". Journalisme? Pas vraiment peut-on argumenter. Pas du tout diront même certains. Mais est-ce encore le débat. Vous en dites quoi?

3 comments:

  1. Anonymous5:20 PM

    Monsieur Vennat,

    J'ai beaucoup de respect pour les vrais journalistes surtout quand il ont plus de 45 ans d'expérience!

    Je vous remercie pour votre commentaire qui soulève beaucoup de questions fort intéressantes qui mériteraient de très long débats qui vont bien au delà d'un simple commentaire à un billet de blog.

    Je vais juste préciser quelques points importants au sujet d'AgoraVox en reprenant aussi des éléments que j'ai eu l'occasion de préciser ce jour même à un autre journaliste sur un autre blog.

    AgoraVox n'est pas un journal et on ne peut pas le comparer à un journal classique papier. AgoraVox ne se positionne pas comme un concurrent de la presse traditionnelle. D'ailleurs, le faux débat bloggeurs contre journalistes n'a pas lieu d'être comme l'a plusieurs fois écrit Dan Gillmor. Personnellement, je considère AgoraVox comme une source d'informations que, entre autres, tout journaliste pourra utiliser si naturellement il juge le contenu inédit, intéressant et à valeur ajoutée (et tout le défi de notre aventure est là). Par ailleurs, AgoraVox dispose d'un comité de rédaction pour sélectionner les articles en adéquation à la charte éditoriale. Mais, vue la spécificité d'AgoraVox je ne pense pas que le comité de rédaction doive être calqué à l'identique sur le comité classique d'un journal.
    De par notre métier (veille et recherche d'informations), nous avons acquis un savoir-faire qui peut nous être utile pour rechercher de nouveaux rédacteurs potentiels (bloggeurs ou pas), des nouveaux
    articles et pour essayer de valider les informations soumises ou trouvées afin qu'elles respectent la politique éditoriale que nous avons défini. A ce niveau, il est clair qu'une collaboration avec des journalistes ne peut être que fructueuse et c'est dans cette direction que nous travaillons en ce moment (si jamais ça vous intéresse...).
    :-)

    Quand au débat sur la spécialisation personne ne souhaite la dévaloriser je pense. Néanmoins, je pense plutôt que nous vivons (du moins en France) dans une société composée de profils hyper-spécialisés incapables d'interagir entre eux. Les profils qui ont une démarche transdisciplinaire et systémique sont de plus en plus rares.
    Personnellement, je suis toujours admiratif faces à des "généralistes"
    comme Joël de Rosnay capables d'analyser le fonctionnement d'une
    société et de l'économie en se basant sur des principes de la
    biologie ou de la physique.

    Bien à vous

    Carlo Revelli

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  2. Anonymous6:35 PM

    Voici le début d'un billet que je postais hier sur mon blogue (BS- Blogue Social)

    N'éliminons pas les journalistes


    La récente polémique sur le caractère journalistique ou non des blogues occulte un phénomène beaucoup plus préoccupant : là où la liberté d'expression est telle l'air que l'on respire machinalement, la pollution commerciale menace l'indépendance journalistique. Ailleurs dans le monde, la situation est au pire catastrophique, au mieux préoccupante. (...)

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  3. Intéressant la réaction d'Alex Rowland, sur le blog Buzz Machine de Jeff Jarvis : "News isn't going to be reported by the "professionals," it'll be reported by whomever is closest to the action that warrants attention. Where news organizations can add value is in aggregating stories that are interesting to specific individuals, not the population as a whole. This is a very valuable service and one that people will either pay for, either in cash or their time and attention (that can be monetized through equally targeted advertising). The business model is there, it just requires the abandonment of the existing model. That's never easy to hear."

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