May 23, 2005

"Les news ne seront pas rapportées par le pros, mais par ceux qui seront proches de l'action"

"News isn't going to be reported by the "professionals," it'll be reported by whomever is closest to the action that warrants attention." commente Alex Rowland dans le blog Buzz Machine de Jeff Jarvis. On comprend mieux encore cette phrase si on se souvient du Tsunami en Asie. L'essentiel des images publiées par les medias venaient de documents amateurs. Vous me direz: rien de bien nouveau sous le soleil.

Sauf, qu'aujourd'hui, ce même amateur a les moyens technologiques (et économique, car pas cher voir gratuit) de publier lui-même et en direct son info -- sans passer par la case media. Rien de plus simple que de mettre un texte en ligne, accompagné de photos, de video… Un téléphone portable suffit.

Le lecteur potentiel, lui, va sur Google, saisit le mot clé et tombe sur des dizaines de sites -- de journalistes professionnels comme de témoins du drame. Pour le lecteur, qui est quoi, n'est pas alors le problème. Seul l'intérêt de ce qui est consulté compte. N'en déplaise ou pas à nous les journalistes.

Bien sur le monde entier ne va pas se mettre à jouer les journalistes. Pas besoin d'ailleurs. L'un des problèmes des media c'est LE TEMPS. Professionnelle ou pas, chaque information consultée vient réduire le temps total qu'un être humain peut consacrer à l'activité de s'informer. Si vous lisez le blog de Paul Machin, témoin du Tsunami, pendant 20 minutes, ce sont 20 minutes que vous ne consacrerez pas à d'autres media.

La masse d'information disponible augmente d'une façon spectaculaire. Il est de plus en plus simple d'accéder à cette information. Pas besoin d'attendre le journal TV du soir, le flash radio, ou le journal du matin. Tout est là, en ligne, à portée de la main dans les minutes qui suivent. En revanche, le temps disponible de chacun d'entre nous n'augmente pas. Il est le même.

Aussi, que faisons-nous:
1- Nous trions de plus en plus ce que nous DEVONS lire.
2- Nous nous équipons du matériel qui va nous permettre de lire, le mieux et le plus vite.

RSS, My Yahoo, emails alerts, cell phone alerts, Podcast… tout ça nous permet de PERSONNALISER notre besoin d'information. Bref, de construire notre propre journal, basé sur nos besoins. "Donnez moi l'info dont j'ai besoin, que j'ai le temps de consulter, quand je veux où je veux", nous dit le consommateur.

Cette démarche de personnalisation est à l'opposé de celle des media traditionnels, en particulier du quotidien papier. Car la logique économique du journal, c'est le "bundle". Je vous donne un gros paquet de news. Vous ne lisez que 5 à 10% mais je vous facture le paquet.

Combien de temps cette logique peut-elle tenir quand vous avez la possibilité de lire exactement ce que vous voulez sans avoir à payer pour l'ensemble? Sans avoir à payer du tout d'ailleurs, bien souvent. Que peuvent faire les journaux en particulier et les media en général? Comment peuvent-ils ajouter de la plus-value et devenir nécessaire à lire, à consulter? Tellement nécessaire que l'on continuera à payer pour ça.

3 comments:

  1. Le referendum en France sur la constitution européenne est une certaine illustration de la perte de puissance des pros.
    L'ensemble des media (même populaires), des leaders d'opinion, des budgets d’état, des entreprises sont en faveur du OUI et si le NON gagne dans une semaine( il est a 53% des intention de vote) il sera intéressant d’analyser le poids du WEB et surtout des Blogs dans la victoire du NON.

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  2. Je partage votre point de vue Pierre : l'explication, la contextualisation, la mise en perspective... l'analyse sont des outils de plus-values que la presse devrait utiliser beaucoup plus. Le journaliste doit apporter les éléments qui vont permettre aux lecteurs d'être plus intelligents et, pas seulement à propos de politique internationale.

    Reste à trouver les journalistes qui veulent entrer dans ce journalisme d'explication, de "formation", etc. Une sorte de "journalisme encyclopédique" en fait -- il ya sans doute un meilleur qualificatif à trouver. Plus simple à dire qu'à faire.

    Vous avez encore 100 fois raisons quand vous dites: "La presse écrite devrait aller plus loin que juste la nouvelle (au point de délaisser la nouvelle même)". Moins de nouvelles, plus d'explications, c'est d'après moi le credo que devrait suivre les quotidiens -- locaux en tout cas. L'information est généraliste est majoritairement gratuite. Pas besoin d'acheter le journal pour savoir que le Pape est mort, qui a gagné les élections…

    Enfin, et là vous avez 1000 fois raisons, local, local, local. Les gens veulent savoir ce qui se passe chez eux. Ils n'ont pas forcement besoin de spectaculaire. Ils veulent du local. A 5W Mignon-Media, nous parlons même de micro local. Nous proposons dans les journaux locaux que nous refaisons des choses comme :
    - Tous les jours des CV de gens de la communaute (profs, flics, bus driver, poubelleurs, medecins, commercants...),
    - "Who is in charge" qui décrit un pb dans la communauté -- un trottoir cassé, une route défoncée, la cour de récréation d'une école pas adaptée, etc. –– donne le nom, l'email, le numéro de téléphone de la personne en charge. Personne qui est averti et qui peut être interviewé pour donner sa version.

    Je pourrai éventuellement mettre en lien des fichiers PDF de pages de journaux qui font des choses de ce genre. Envoyez les moi, si vous avez des exemples.

    Mais une fois encore, il faut que les journalistes soient prêts à faire ce genre de travail. Un travail au service de la communauté qui les lit. C'est moins prestigieux que de parler du conflit en Irak.

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  3. Pierre,
    je post simplement sous le nom de mon Blog:
    http://librevent.blogspot.com/
    mon nom est visible ds mon email que j'ai laissé sur ce site.

    Sur ce type de support, c'est vous qui êtes un peu masqué en n'ayant pas de Blog derriere "pvennat" !

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