Feb 2, 2006

Du contenu à supprimer en presse quotidienne locale ?

Avec d'autres, comme Jeff Jarvis (ici en anglais) et Benoît Raphaël (ici) par exemple, je me pose la question de l'intérêt de publier sur la version papier d'un quotidien local certaines informations. Je vous donne quelques exemples… et j'espère lire vos commentaires.


1- Infos internationales et nationales (sport compris)

À quoi ça sert de reproduire dans la presse locale les dépêches d'agences ? Ces infos sont partout gratuitement (radio, télé, internet) et déjà vieilles quand elles sont publiées le lendemain matin par le journal.

Au lieu de payer des journalistes à faire du copier-coller, pourquoi ne réduisons-nous pas ces news à de simples brèves et ne développons-nous pas UN SEUL sujet par jour (un en national et un en international), en expliquant à fond la problématique, les enjeux, les acteurs et LES CONSEQUENCES EVENTUELLES POUR LA COMMUNAUTE DE LECTEURS à qui le journal s'adresse. Bref ! de l'explication pas du remplissage de pages.

Dans la même veine, à quoi ça sert d'envoyer des journalistes locaux couvrir des événements nationaux et internationaux. La voix qu'ils apportent est-elle vraiment différente de celles des agences de presse et des médias nationaux ? N'avons-nous pas besoin de leurs compétences et du budget qu'ils représentent pour descendre de plus en plus bas dans la couverture locale ?


2- Culturel : critiques de livres, de ciné et de je ne sais quoi encore

La presse locale a-t-elle besoin de payer des "critiques culturels" pour des sujets nationaux ou internationaux ? En quoi l'avis de M. Bidule, du journal local Chose, sur le film Pink Panther intéresse-t-il les lecteurs ? Yahoo.com ça suffit… Non ? (Oui… je sais, tout le monde n'a pas accès à internet).

Les journaux locaux ne devraient-ils pas concentrer leurs forces sur les problématiques locales et redéployer ces journalistes à couvrir la culture dans la communauté.


3- Programmes télés

Franchement, y'a encore des gens qui lisent les programmes télé dans la presse quotidienne locale ? Si oui, y'en a-t-il assez pour maintenir ces pages quotidiennes ? À quoi sert-il d'avoir le programme télé tous les jours et de publier, en plus, un programme télé hebdo ? La pub est-elle au rendez-vous ?


4- Les pages de bourse

Je ne connais pas une personne qui s'intéresse à la bourse et qui ne suit pas ça sur internet. Et vous ? Que de papier et d'énergie pour rien. Non ? Je n'ai pas non plus l'impression que ces pages attirent une foule de pub.


Alors vous en dites quoi ? Complétement à côté de la plaque ou réflexion indispensable à mener par la presse locale ?

9 comments:

  1. Anonymous1:23 PM

    La réflexion est bonne. Je me suis d'ailleurs toujours posé la question du Pourquoi de la critique locale de film et des informations internationales. Généralement, la critique est moins intéressante que celle d'un quotidien national (du moins, au Saguenay) et ça n'apporte pas grand-chose, sinon une excuse au journaliste pour visionner le film. C'est le point de vue de quelqu'un qui lit plusieurs journaux par jour par contre.

    Je me demande si pour quelqu'un qui ne lit qu'un journal par jour, il ne s'agira pas là d'une perte au niveau de l'information. Dans des communautés isolées (encore le Saguenay), il y a une appartenance qui fait q'ils vont lire la critique locale dans le journal local. Anyway, la question mérite un bon débat.

    - Fp

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  2. Anonymous3:50 PM

    N'étant pas journaliste mais attaché de presse, je vous donne une opinion extérieure mais qui vous interpellera sans doute !
    - Au lieu de payer des journalistes à faire du copier-coller, pourquoi ne réduisons-nous pas ses news à de simples brèves et ne développons-nous pas UN SEUL sujet par jour (un en national et un en international), en expliquant à fond la problématique, les enjeux, les acteurs et LES CONSEQUENCES EVENTUELLES POUR LA COMMUNAUTE.
    Vrai et Faux : Comme tous les infomaniaques, je consulte la presse et internet, la radio et la TV. Chaque support met en avant des informations, mais pas les même. Les news sont disponibles partout mais tous les lecteurs n'ont pas le réflexe, ou le temps, de les chercher, encore moins de les trouver.
    Quand à l'idée d'un seul sujet par jour, analysée et creusée, elle me séduit. Mais le lecteur l'acceptera t'il. S'il lit un journal, c'est aussi pour avoir un maximum d'information en un minimum de temps (cf le succès en france de quotidiens gratuits comme 20minutes ou métro déclinés localement comme Lyon Plus, ou d'hebdos comme Economie Matin qui distillent un maximum d'info peu dévellopées sur un minimum d'espace). Pour qui cherche plus d'info, il reste le net et ses aléas ou les mastodontes comme le Monde (en perte de vitesse car ce n'est plus aussi chic de le lire qu'auparavant)
    - Côté culture, il me semble évident que les journaliste locaux doivent privilégier la culture locale, mais il doivent aussi prendre en compte l'aspect masse. Le moindre petit village dans quelque endroit du monde a été, ou sera, touché par Harry Potter.
    - Programme télé : il me semble que le programme hebdo doit suffir !
    - Quand à la bourse, le commentaire de Jeff me suffit. J'appelle ça du papier gaché !

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  3. Anonymous4:40 PM

    Sur le principe de concentrer les efforts et les ressources sur la couverture locale, c'est le bon sens. En ce qui concerne l'actualité culturelle (ciné, livres, expos etc..) je pense excessif d'imaginer se débarasser de ce type d'infos. C'est un peu parisien (ou New yorkais :-) )comme idée.

    Un journal, encore plus s'il est local, doit développer une affinité forte avec ses lecteurs. Commenter l'actualité culturelle, faire découvrir des lectures est un levier puissant pour établir un lien, un ton et une complicité et permet de "respirer". Par contre rien n'empeche d'innover dans le traitement ou justement de mobiliser les contributions de lecteurs pour ce type de contenus.

    La bourse est en effet souvent l'occasion d'un traitement caricatural (l'éternel barometre du CAC 40, quelle blague). Rien n'empêche de développer des baromètres économiques locaux par exemple.

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  4. Anonymous5:00 PM

    Jeff,

    Pour avoir travaillé dans la presse locale quelques années, je trouve la première suggestion tout simplement très pertinente...
    Je regrette même de ne pas y avoir pensé plus tôt.

    Greg Manset -

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  5. Anonymous10:01 PM

    1- Infos internationales et nationales (sport compris)

    Même si je suis d’accord avec l’idée qu’il serait judicieux de mieux développer les sujets d’importance, le traitement d’un seul sujet par jour ne permettrait sans doute pas de fidéliser un lectorat au quotidien... Et puis je crois que les gens aiment s’instruire au jour le jour et qu’un pavé quotidien sur un sujet x ou y se révélerait indigeste voire, rédhibitoire.
    Quant aux journalistes envoyés à l’étranger, je pense que ça reste important parce que l’actualité est toujours décodée en fonction de prismes culturels particuliers (même si ça donne parfois lieu à de graves contresens dans les analyses). Personnellement, je vais toujours chercher au moins une double vision (étrangère et canadienne) pour les actualités étrangères.

    2- Culturel : critiques de livres, de ciné et de je ne sais quoi encore

    Le lecteur tisse des liens avec les critiques dans lesquels il se reconnaît ou dont il apprécie le regard. Qu’il s’y réfère pour un événement culturel local, national ou international ne change rien. Et puis personnellement, je ne fais pas confiance à Yahoo pour me guider dans mes choix. D’ailleurs, les communiqués purs et durs se glissent de plus en plus facilement parmi les newsletters culturelles qui circulent sur le Web.
    D’accord cependant pour un meilleur traitement de la culture dans les communautés.

    3- Programmes télés

    Ça me semble utile pour un certain type de lecteurs. Je pense notamment au lectorat qui va lire le journal au café du coin tous les matins. Il en profite peut-être pour programmer sa soirée... Je vis sur une petite place où il doit y avoir environ 200 logements et sans doute pas plus de 5 ou 10 ordinateurs et je pense que c’est une pratique courante ici.

    4- Les pages de bourse

    La suppression de ces pages me soulagerait personnellement de la grande culpabilité de ne rien y comprendre. :-)

    Fabienne Cabado
    Journaliste indépendante

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  6. Emmanuel, je ne propose pas de se débarasser de l'actu culturelle. Je dis juste : est-ce qu'un journal local a besoin de payer un journaliste pour écrire des papiers sur des infos culturelles nationales ou internationales ? Ce journaliste va-t-il faire mieux que la critique d'AP, de Reuters…

    Par expérience, quand je lis une critique de ciné dans un quotidien locale, ou une critique de livre… je ne lis rien qui ne soit vraiment différent et meilleur que la crtique d'AP, par exemple.

    Donc, ce que je propose c'est que le journaliste culturel se concentre sur la vie culturelle locale. Et que l'on se contente de brèves d'agences pour l'info culturelle nationale et internationale.

    Bref que le journal local concentre son énergie, ses talents et son argent sur son avantage produit… l'info locale.

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  7. Anonymous11:59 PM

    BIEN VU ! LE MONDE CHANGE AUTOUR DE LA PQR QUI DORT.

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  8. Je pense, comme Jeff, qu'il faut mener cette réflexion. Par contre, je ne crois pas que des mesures aussi radicales soient applicables aujourd'hui dans la PQR française.
    Je ne suis pas certain qu'on règlera les choses en "karsherisant" la presse. Nous parlons d'évolution, de révolution maîtrisée (pour ce qui me concerne, je lis encore les programmes télé sur mon quotidien parce que je les trouve compliqués sur Internet...).
    Mais il faut effectivement concentrer nos forces sur l'essentiel: le moteur d'un quotidien régional c'est la proximité (c'est à dire la locale, la communauté, et la pédagogie).
    Le reste, c'est de l'habillage, mais pas de l'habillage inutile. Vous irez sans doute dans un restaurant parce qu'il a le meilleur steak du monde, mais si le dessert est immonde, qu'il n'y a pas de vin, et que les toilettes sont sales, vous n'aurez plus envie d'y aller.
    Aujourd'hui, la presse a encore besoin de cet habillage. Le tout est de faire en sorte que ça nous coûte le moins cher possible, pour redéployer les moyens financiers sur la proximité.

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  9. Anonymous10:51 AM

    J'aime bien le saguenay et la belle province en général, mais de ce côté-ci de la grande eau, tout le monde n'a pas Internet et quand il sagit d'information, il ne faut pas oublier ces gens-là : les lecteurs quotidiens (juste 18 millions) dont bon nombre ont Internet à la maison, mais seulement pour que le fiston joue avec leur casier judiciaire en téléchargeant les Bronzés 3 en screener !!! C'est pour ça que ça reste pertinent de ne pas créer des getthos dans l'information. Du moins c'est mon point de vue ;)

    Au passage, c'est pas parce qu'on capte pas les symptomes que la contagion Internet ne fait pas rage en PQR (même chez les journalistes) !!! D'ailleurs, on parle ici de pandémie tellement ça fuse ;p

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