Apr 22, 2006

Quand le lecteur prend trop de place

Un nouveau rédacteur en chef vient d'être nommé dans un quotidien local dont nous avons refait le design et donné quelques conseils éditoriaux. Hélas ! juste quelques… malgré notre insistance à expliquer que sans changement de fond, les changements de forme ne feraient pas bouger les ventes. Mais ceci est une autre histoire.

Avait été mise en place une expérience : le rédacteur en chef du jour. Un lecteur venait au journal tous les jours, participait à la conférence de rédaction, commentait les choix de la rédaction et proposait des sujets de proximité. L'expérience tenait depuis quelques mois. Malgré la résistance d'une partie (minoritaire) de la rédaction qui n'admettait pas que le lecteur puisse commenter ses choix.

La première décision du nouveau rédacteur en chef a été d'arrêter l'expérience. Motif : cela prend trop de place dans le journal (un cinquième de colonne). Le rédacteur en chef du jour n'était qu'un grain de sable dans l'océan de ce qu'il faut faire pour ouvrir les rédactions. L'une des rares portes ouvertes sur le lecteur vient de se refermer. Je leur suggère, pour achever l'entreprise, de supprimer le courrier des lecteurs, de ne plus publier l'adresse du journal (peut être doivent-ils déménager) et de fermer le forum sur leur site internet. Comme ça, le lecteur ils n'en entendront plus jamais la voix.

David Weinberger, un blogger et un auteur américain, explique dans The Economist (ici), combien les institutions sont fermées, pensent en terme de hiérarchie et ont beaucoup de mal à admettre qu'elles peuvent faire des erreurs. Et ainsi, combien il leur est difficile de s'ouvrir à la conversation. Car la conversation, dit-il, est ouverte, part du principe que ceux qui y participe sont égaux et, clairement, admet l'erreur.

L'une de ses institutions à un nom : la rédaction d'un journal !

1 comment:

  1. Anonymous11:17 AM

    Quoi de neuf sous le soleil ? J'ai déjà raconté ici comment, avant même sa création officielle, nous avions perdu par une voix, à un congrès de la FPJQ (ndlr : Canada), le vote sur notre proposition visant à ce que le Conseil de presse soit composé d'une majorité de représentants du public. Et c'est ainsi que le lecteur ne compte que pour un tiers dans la composition de l'organisme dont la raison d'être officielle est de protéger ses intérêts de lecteur !...

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