Aug 27, 2006

La presse écrite encore trop timide sur le net

La presse écrite et ses soucis, en particulier avec le net, sont à "l'honneur" depuis quelques jours. D'abord dans Libé, David Targy, du cabinet d'étude Precepta, lors d'une interview analyse les difficultés de cette presse à trouver la rentabilité sur le net. Le discours n'est pas tendre mais il est réaliste. J'en partage bien des points. À lire, si vous ne l'avez pas encore fait. À lire aussi les commentaires qu'en font Emmanuel Parody (ici) et Danielle Attias (ici).

De l'autre côté de la Manche, The Economist essaye de comprendre "Qui a tué les journaux ?" Dont la mort, dans leur version papier, est annoncée pour 2043, selon le journaliste et enseignant Philip Meyer dans son excellent et indispensable livre "The Vanishing Newspaper". Les lecteurs de Média Café et beaucoup de professionnels n'y apprendront pas grand chose. On n'y trouve "rien d'extraordinairement nouveau" comme le fait remarquer Francis Pisani sur son blog. Mais c'est une bonne remise en mémoire des difficultés et des enjeux. Vous pouvez accéder à l'édito en ligne gratuitement (ici) et au papier (ici).

Là encore le discours est dur mais réaliste. L'hebdo britannique accuse les journaux "d'avoir ignoré la réalité depuis des années" tout en reconnaissant que maintenant ils sont, pour une partie, entrain d'essayer de rattraper le temps perdu. Mais il constate que : "So far, this fit of activity looks unlikely to save many of them". Affirmant "Newspapers are making progress with the internet, but most are still too timid, defensive or high-minded". Et faisant remarquer que : "The danger for newspapers is that all their efforts on the internet may only slow their decline. Doing the obvious—having excellent websites and selling ad space on them—may not be enough."

Et, la chute peut être rapide. Plus rapide qu'on ne le pense. C'est ce que nous rappelle l'article du New York Times (dimanche) : "What-Ifs of a Media Eclipse". Papier qui revient sur la disparition subite du deuxième groupe de presse quotidienne américaine Knight Ridder.

Tout juste un an après que le patron du groupe, Anthony Ridder, ait déclaré à des analystes de Wall Street : “The newspaper industry generally, and Knight Ridder specifically, are strong, healthy businesses with a bright future,” le groupe (18 000 employés et 32 quotidiens) était vendu à "the McClatchy Company for $4.5 billion and the assumption of $2 billion in debt."

"“Could anyone imagine 10 years ago saying that in 10 years, Knight Ridder would not exist?” asked Jay T. Harris, a former publisher for Knight Ridder at The San Jose Mercury News" reprend le New York Times dans son article.

Et The Economist d'insister, comme je le fais régulièrement ici sur ce blog, sur le fait que : " The papers with the best chance of seeing their revenues grow are those experimenting with entirely new businesses online and off." Internet est parfait pour cela. Loin d'être un ennemi, il est un outil formidable pour l'expérimentation. Certe, pas le seul. Mais cette phase d'expérimentation ne se fera pas sans une forte volonté des éditeurs et de leurs équipes et le recrutement de nouveaux talents pour mener à bien ces tentatives. En d'autres termes, il ne se fera pas sans des vrais investissements.

Mise à jour : Loïc Le Meurs y va aussi de son commentaire sur son blog.

5 comments:

  1. Anonymous3:59 PM

    Bizarre cet article de The Economist qui suscite autant de réactions alors qu'il ne dit au fond pas grand chose de neuf. Preuve amusante que l'influence ne se décrète pas ...

    Je reproduis ici un commentaire que j'ai posté sous le billet de Loïc:

    On peut reprocher légitimement à la presse en ligne de tarder à adopter certaines innovations. Je pourrais rappeler certaines réalités sur la nécessaire phase de transition ou sur la faiblesse des capacités d'investissement.

    Je ne ferai qu'une remarque bien plus simple: aucune site Web 2.0, agrégateur de news ou site communautaire ne représente actuellement une alternative crédible à l'information délivrée par les médias professionnels.
    En clair la grande masse des commentateurs, distributeurs, agrégateurs ne trouvent leur place dans l'écosystème qu'en aval des sources d'informations des medias professionnels.

    Ce n'est pas une critique mais un constat. c'est une chaîne de dépendance dont il est temps d'analyser froidement la répartition de la valeur ajoutée.

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  2. Anonymous6:08 PM

    Concernant l'interview de Libé, elle est franchement plus précise que le pauvre article publié dans Stratégie de juillet (c'est peut-être là la faille un article contre une interview =:O )

    Toutefois, cette étude reste une compilation de données exogènes et l'expertise n'est pas évérée ;o)

    Concernant le post d'Emmanuel, il est vrai qu'à part agréger des références, il n'y point de salut et la confiance repose sur les marques, que ce soit pour du fromage ou de l'information.

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  3. Anonymous6:23 PM

    Nous avons acheté l'étude de David Targy (aux Echos) je vais m'y atteler dès que j'ai fini l'imposante biographie de Mao qui m'occupe actuellement (oui je sais mais c'est comme ça...)

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  4. Anonymous5:50 PM

    Emmanuel, concernant ta remarque sur la chaine de valeur et les modeles economiques, sache que le cabinet US Squires Sanders Dempsey a établi un diagramme assez representatif des rapports entre les acteurs de la chaine à l'heure de la convergence Techno-Telco-Media.
    Sinon serai ravi de discuter sur l'etude Targi
    (et pour ma part je suis dans la bio de Churchill, ;-)

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  5. Olivier,

    Une piste pour se procurer le document ?

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