Nov 12, 2007

France : économie en 1re ES ou l'illustration du bourrage de crâne

Histoire d'en rajouter une couche sur l'école et les programmes scolaires. Et j'arrêterai là, en tout cas pour cette semaine, pour revenir aux médias dans mon prochain post. J'ai passé huit heures, ce samedi, à aider ma fille à faire ses devoirs d'économie. Elle est en 1re ES (programme français). Oui, vous avez bien lu. Huit heures !

Elle était visiblement perdue. Je me suis donc plongé dans son cours et son livre d'économie. Je passe la dose de travail perso demandée. Ridicule. Là, je me rends compte qu'en quelques semaines et quelques heures de cours, l'Éducation nationale et ceux qui conçoivent les programmes scolaires – des profs – demandent à un enfant de 16 à 17 ans d'assimiler les choses suivantes : la notion de la monnaie ; ses implications politiques ; le fonctionnement du système monétaire ; le rôle d'une Banque centrale ; ce qu'est un banque commerciale ; l'inflation ; la mesure de la masse monétaire ; la monnaie fiduciaire ; la monnaie scripturale ; le crédit ; les taux d'intérêts ; les établissements de crédits ; les IFM ; la destruction ou/et la création monétaire ; le rôle des exportations dans la création monétaire. Ce qu'est une devise, un taux de change. Ce qu'est un actif et ce qu'est un passif. Si la monnaie est neutre ou pas et donc la théorie quantitativiste, la conception monétariste de Friedman et celle de Keynes... Et j'en oublie. On est dans le ridicule absolu.

Je ne vous parle pas des textes du livre. Pas un pour racheter l'autre. Une accumulation de mots et de notions incompréhensibles par un ado. Extrait : " La Banque centrale émet deux types de monnaies : les billets, pour lesquels elle a un monopole, et de la monnaie scripturale qui circule essentiellement entre les intermédiaires financiers. Tous les établissements de crédit, ainsi que le Trésor public dont la Banque de France gère les disponibilités, ont obligation de détenir un compte courant à la Banque de France qui leur permet de règler entre eux leurs dettes. (...) De plus la Banque centrale gère les réserves de change du pays : les banques s'adressent à elle pour acheter ou vendre des devises étrangères lorsqu'elles ne peuvent équilibrer ces opérations entre elles sur le marché des changes. Ce rôle de "banque des banques" donne à sa monnaie - la monnaie centrale - une importance capitale dans la réalisation de l'unité du système monétaire." etc, etc.

Les six ou sept documents à expliquer sont du même acabis. Sans mentionner les questions dont certaines sont clairement formulées pour mettre en difficulté l'élève. Je fais d'un cas une généralité ? Je vous invite à vous plonger dans les livres scolaires de vos enfants. C'est affolant, je vous assure. On se demande quand les auteurs de ces programmes, et des livres qui vont avec, ont travaillé avec un enfant pour la dernière fois.

Des études ont été réalisées aux États-Unis sur la lisibilité d'un texte. Ces études sont celles de Rudolf Flesch et de J. Peter Kincaid. Elles proposent des formules (ici) pour calculer le score de lisibilité. Word, par exemple, les utilise. Vous pouvez calculer ce score pour vos documents (fonctionne mieux en anglais). Le saviez-vous ? Quoi qu'il en soit, ces études n'ont pas dû arriver jusqu'à nos créateurs de programmes scolaires. On les utilise pourtant dans les écoles de journalisme françaises. Je les ai utilisées personnellement quand j'ai travaillé à la création des quotidiens pour enfants.

Je me demande si les médias n'ont pas un rôle à jouer ici, eux qui cherchent à toucher les jeunes générations. Je ne sais pas lequel. Mais, si j'étais eux, je me poserais la question. En éco, par exemple, il y a de quoi faire. Des idées ?

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"Dans la vie, il y a deux catégories d'individus:
ceux qui regardent le monde tel qu'il est et se demandent pourquoi.
Ceux qui imaginent le monde tel qu'il devrait être et qui se disent: pourquoi pas?"
George Bernard Shaw

2 comments:

  1. Anonymous10:35 AM

    C'est vrai que se battre pour rendre nos sites Internet toujours plus simples et intuitifs (bon, on a encore du pain sur la planche sur ce coup-là, mais au moins on essaie) et se rendre compte que finalement l'école ne prend déjà pas cette peine avec les bouquins de classe des ados, c'est un peu décourageant... ou plutôt encourageant ?? l'éducation nationale française va bien finir par s'y mettre ;.)

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  2. Tiens cela me rappelle ce que j'ai pu lire dans ma jeunesse en 1ere S (un gros livre bleu, et un gros orange l'année suivante).

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