Nov 23, 2005

Didier Pourquery, directeur de Metro (France) : "Vous savez, l’idéal d’un journaliste c’est d’avoir des lecteurs"

"Mon rêve de journaliste : faire lire les gens qui ne lisent pas de quotidien en leur proposant un journal populaire de qualité très accessible", c'est ce qu'à déclaré, hier, Didier Pourquery, directeur de la rédaction du quotidien gratuit Metro (France), en réponse à une question de lecteur dans le forum du Nouvel Obs (à lire ici). Merci à Gilles Klein, de nous avoir signalé ce forum sur son blog Le Phare.

Je trouve les réponses de Didier Pourquery rafraîchissantes. En voici des extraits choisis (mais je vous invite à lire la totalité de l'échange) :

Quant aux opinions, chez nous elles sont soigneusement séparées de l’information. Metro est , dans le monde entier, un journal neutre.

Nous ne prenons pas de lecteurs au Monde ou à Libé (je suis un ancien de ces deux journaux que je respecte profondément; la baisse de leur diffusion était entamée avant février 2002 ( avant le lancement de Metro) et nous faisons un journal différent de ces grands quotidiens, à la fois plus concis et complémentaire. Nous touchons surtout les non-lecteurs de presse quotidienne. En revanche, il est possible que nous perturbions un peu leur marché publicitaire.

Nous avons en effet la même maquette dans tous les pays où nous sommes édités. Franchement c’est un grand confort […] Quant à remplir les cases, vous savez, nous autres journalistes remplissons toujours des cases. L’important c’est qu’elles soient lues.

[…] nous ne devons jamais mélanger l’info et le commentaire (nos lecteurs sont intraitables sur ce point) […] Par ailleurs je crois à la vertu quasiment révolutionnaire de l’information et de l’explication.

Si les newsmagazines en revanche perdent le contact avec l’actu et deviennent des mensuels publiés chaque semaines, je me demande comment vont réagir leur lecteurs.

J’aime rendre simples les problèmes complexes, c’est même je crois l’une des composantes de notre métier et j’en suis fier. J’écris pour des lecteurs, pas pour les autres journalistes. Dans Metro il y a des dizaines d’éléments chaque jour qui peuvent nourrir la réflexion. Simplement nous ne disons pas à nos lecteurs ce qu’ils doivent penser. Ce n’est pas notre boulot.

Les dépeches ne représentent que 30% de notre contenu.On les remarque parce que nous avons l’honnêteté de les signer AFP ou AP... Pour le reste nos reporters locaus sont sur le terrain sans arrêt... beaucoup plus que dans certains autres journaux, croyez moi !

Question : Est-ce bien le rêve des journalistes que d'avoir des lecteurs ?


> Tags : media, free bie, quotidiens, newspapers, presse gratuite, metro

6 comments:

  1. Anonymous1:54 PM

    La réponse n'est pas simple.

    C'est évident que le journaliste qui n'est pas lu, qui n'est pas écouté s'il fait de la radio ou qui n'est pas regardé s'il fait de la télé, risque d'écrire pour lui seul, bref de faire une job inutile.

    Cela dit, il y a une marge à rechercher des lecteurs, des auditeurs ou des téléspectateurs à tout prix, tout comme un écrivain, une essayiste ne publie pas un livre pour être lu à tout prix. Du moins celui qui se respecte.

    Mon rêve,. donc, a toujours été de bien renseigner les gens, de bien leur expliquer des choses que peut-être sans moi ils n'auraient pas su, de façon à les faire réagir pour que mieux informés, ils puissent agir en citoyens responsables. J'ai eu à coeur également de faire connaître des injustices, pour qu'elles soient dénoncées et si possible corrigées. De même, suggérer des améliorations pour qu'appliquées elles puissent améliorer les choses.

    Bref, aider (un peu) à changer le monde.

    Y ai-je réussi? Pas certain. Mais bon, c'était mon rêve et, effectivement, depuis que je suis entré dans le journalisme au Québec, y a des choses qui se sont amélioré (j'ai pas la prétention de croire que j'y suis arrivé à moi seul ou que toutes ces améliorations sont dûes aux seuls journalistes, mais bon, on y a joué un rôle...)

    Tout cela pour dire que si j'avais écrit une biographie sur une vedette populaire ou une victime bien connue d'agression sexuelle j'aurais eu plus de lecteurs que d'écrire une biographie d,un héros militaire, mais je me voyais pas écrire sur ce sujet.

    Et que chroniqueur de spectacles écrivant sur une vedette popoulaire ou chroniqueur de sports, j'aurais sans aucun doute été davantage lu que chroniqueur socio-politique, mais franchement, être ainsi lu par une plus grande masse de lecteurs mais sur des sujets qui, à mes yeux, me semblaient (et me semblent encore, ceci dit sans vouloir froisser personne) plus superficiels n'a jamais fait partie de mes rêves.

    Je ne pense pas être le seul de mon espèce, heureusement!

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  2. Anonymous2:49 PM

    eff.

    Vous posez la question suivante: Est-ce bien le rêve des journalistes que d'avoir des lecteurs ?

    Mon opinion.
    Certes pas un objectif très noble que d’en avoir beaucoup. Avoir des lecteurs, OUI, mais des lecteurs qui comprennent bien le message, qui apprécient le contenu présenté… et de là, les qualités de celui qui l’a écrit (car le journaliste a une certaine fierté pour le travail qu’il accomplit). Avoir des lecteurs qui apprécient la rigueur du journaliste, son objectivité, la qualité de son français.

    Il est préférable d’avoir 5000 lecteurs fidèles qui apprécient la nouvelle, que 90 000 lecteurs crétins qui ne comprennent rien et qui lisent sans réfléchir… juste pour passer le temps.

    Le rêve du journaliste, c’est de faire un travail agréable qui sera apprécié de ses lecteurs… et de ses patrons.

    Voilà.

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  3. Anonymous2:51 PM

    Diantre ! Que voilà des propos explosifs. Alors donc, le journaliste devrait n’écrire que pour des lecteurs capables de l’apprécier. Que les crétins -- la majorité à qui on devrait même refuser de vendre un journal -- aillent se faire voir.
    Je ne sais pas dans quel média travaille M. Bellemare, mais je n’en voudrais pas dans mon équipe.
    Marc Ledoux
    Les Hebdos Montérégiens

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  4. Anonymous2:53 PM

    Moi je veux changer le monde.

    J'ai besoin des lecteurs pour y arriver. Et de patrons qui me paieront pour le faire, jusqu'à ce que j'aie assez de fric pour le faire tout seul, si tant est que cela soit possible un jour.

    Et si je reste trop longtemps sans y arriver avec le journalisme, j'irai voir ailleurs.

    Le reste est accessoire.

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  5. Anonymous2:55 PM

    Marc Ledoux.

    Vous n’avez filtré que ce qui vous convient; j’ai parlé de rêve et non de généralités. J’ai parlé de lecteurs qui comprennent et apprécient le message.

    C’est assez étrange comme attitude de la part d’un journaliste professionnel, de juger un individu, sans même lui avoir parlé 2 minutes et même de n’avoir jamais lu un seul de ses textes. C’est un jugement éclair basé sur 3 lignes de texte, sans réflexion ni recherche.
    Je n’ai certes rien à vous apprendre, mais les doigts sur le clavier ne doivent pas aller plus vite que la pensée.

    Je n’ai certes pas l’intention ni la tentation de joindre votre équipe, non pas à cause de votre courriel éclair, mais parce que je suis rédacteur pour un magazine spécialisé en aviation et à ce titre, je dois faire preuve d’une très grande rigueur dans mes écrits, je dois prendre le temps et réfléchir avant d’écrire. Je ferais certes, un très mauvais équipier pour vous.

    Sans rancune … monsieur Ledoux.

    Jean-François Bellemare

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  6. Anonymous8:24 PM

    >> Question : est-ce bien le rêve des journalistes que d'avoir des lecteurs ?

    Pour ce qui concerne Libération, quotidien français, la réponse est là :
    http://libelutte.org/index.php?Coleres
    Je vous invite à lire (et à archiver ; c'est historique !) les contributions des différents services du journal, suite à l'annonce d'un plan de licenciement de quelque cinquante personnes pour faire face à un déficit de 120 000 euros par jour.

    C'est totalement pathétique et parfaitement révélateur de ce qui provoque (aussi) la baisse de diffusion de la presse quotidienne en France...

    Allez, un indice : parmi les sept textes, cherchez combien de fois apparaît le mot « lecteur » ;-(

    --

    Pascal Kober, journaliste, photographe, renifleur du temps
    http://www.pascalkober.com

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