May 31, 2006

"Ce ne sont pas vos infos, mais NOS infos"

Lors de la conférence que j'ai donnée pour Hebdo Québec samedi dernier, j'ai expliqué, entre autre et comme souvent sur ce blog, que le net a fait passer l'information du monologue à la conversation. Un constat que je ne suis pas le premier, ni le seul, à faire.

En lisant Romanesko hier soir, je suis tombé sur cet édito de Chris Peck, rédacteur en chef du Commercial Appeal à Memphis (USA). Il se demande "Est-ce que l'info est morte ?", suite au besoin que son équipe a ressenti de mettre sur la Une le vainqueur de la compétition "American Idol".

"Est-ce qu'American Idol est une info ?" se demande-t-il. "Est-ce un signe que l'info plus conséquente a perdu son audience ?" Et de constater : "Il ne s'agit pas seulement de la baisse de la diffusion des journaux, de la baisse du nombre d'auditeurs pour la télé…" Il semble que "le cœur et l'âme même du business de l'information sont, quelque part, en train de changer."

Selon lui : "Le cerveau de l'information ne se situe plus seulement dans les rédactions. Pas quand vous avez internet et des millions de blogues, et un nombre croissant de consommateurs qui disent : ce ne sont pas vos infos, mais nos infos".

Et d'ajouter : "Le mantra qui consiste à donner aux gens ce qu'ils veulent a conduit les entreprises de presse à produire des shows comme American Idol."

Mais, il invite la profession à ne pas pleurer sur son sort. Et il voit déjà une nouvelle écologie de l'information poindre à l'horizon autour des principes suivants (lire ici en anglais car j'ai fait une traduction rapide de loin très améliorable) :

"- L'info sera générée par des gens qui ont été choisis, et non par les gens qui choisissent.
- L'info sera plus une conversation pour donner du sens au monde et de moins en moins un sermon qui vient d'en haut.
- L'info dépendra de la sagesse de beaucoup, et non des "entrées" de quelques uns. Les journalistes aideront à diriger le cheminement de l'information.
- L'info aura plusieurs "couches". D'une couche parfois très personnelle à une couche très approfondie réalisée par des experts.
- L'info sera disponible tout le temps, sur votre téléphone portable, votre ordinateur et d'autres technologies à venir.
- L'info sera organisée à votre mesure selon votre réseau social, votre âge et votre "tribu"."

Et de conclure : "Non l'info n'est pas morte. Mais elle est déjà en pleine transformation. Certains journalistes et institutions survivront, d'autres auront un succès important, d'autres finiront comme ont finit les dinosaures."

Pour lui il est temps de réapprendre à faire de l'info, sans perdre pour autant les valeurs du journalisme. Mais, au contraire en usant de ces valeurs pour réorganiser les entreprises de presse autour de cette nouvelle donne qu'est l'information-conversation. Vous en dites quoi ?

(source : The Commercial Appeal via Romanesko)

2 comments:

  1. Les réflexions de Chris Peck amènent d'autres questions : qui détient désormais la norme de l'info ? A partir de quand pourra-t-on dire : c'est une info, ça n'en est pas ?

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  2. Anonymous2:37 PM

    Tout à fait d'accord. Le changement va se faire petit à petit mais en profondeur. Les jeunes journalistes capables de travailler l'audio, la vidéo, le texte ET de faire vivre une discussion seront les véritables piliers de l'information de demain, celle qui se construit avec l'apport de chaque consommateur. Les journalistes ne seront plus les "passages obligés" de l'info mais bien les premiers supporteurs de celle-ci. Merci pour votre blog, j'y trouve souvent matière à bonne réflexion.

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