Apr 28, 2006

"Est-ce que les jeux vidéos peuvent faire du journalisme ?"

Dimanche je vais aller faire un tour au Tribeca Film Festival à New York. Je suis très intrigué par un film : Playing the News (site du film et extrait) de Jeff Plunkett et Jighar Mehta. De quoi s'agit-il ? D'une sorte de documentaire (enfin c'est ce que j'ai cru comprendre) dont "l'histoire traite du futur de l'information et comment les jeux vidéos peuvent jouer un rôle croissant dans la connection des jeunes avec les événements dans le monde". Il se pose la question suivante : "Est-ce que les jeux vidéos peuvent faire du journalisme ?" Vous comprenez maintenant mieux pourquoi je suis vraiment intrigué.

D'après le dossier de presse du film (ici), Kuma War est une boîte américaine qui fabrique des jeux vidéos basés sur des news. Sa base line est d'ailleurs : Real War News. Real War Games. "En novembre 2004, télévision, radio et presse écrite du monde entier ont couvert l'attaque de Fallujah (Irak) dirigée par l'armée américaine. Un jeu vidéo l'a également suivie. Son nom est Kuma War et sa philosophie est concentrée sur la convergence", nous dit le synopsis du film. Vous pouvez d'ailleurs télécharger ces jeux gratuitement sur le site (ici) de Kuma.

"Les infos traditionnelles sont trop stériles", explique Keith Halper, le PDG de Kuma. La logique de son entreprise, toujours d'après le dossier de presse du film, est :
- Les jeunes ne regardent pas les infos à la télévision.
- Ils n'achètent pas de journaux.
- Ils ne lisent pas Time ou Newsweek.
- Mais ils jouent aux jeux vidéo. Donc, pourquoi ne pas créer des jeux basés sur des batailles en Irak et en Afganistan ?

Et de reconnaître : "Le concept est sujet à contreverse, sans aucun doute, mais il a aussi quelque chose d'étrangement séduisant". Puis d'ajouter : "Mais Kuma tend dangereusement à créer le flou entre l'info et le jeu".

Allez jeter un œil sur le jeu et l'extrait du film. Dites nous ce que vous en pensez. Jouable ou pas ? Ridicule ? Dingue ? Malin ? Absurde ? Intelligent ? Délirant ? Dangereux ? Et je vous donne mon opinion la semaine prochaine… si j'en ai une.

Mise à jour : L'équipe de Kuma n'attend pas que l'événement soit terminé pour créer le jeu. Cela a été le cas pour la bataille de Fallujah par exemple. Et, ils rajoutent au fur et à mesure des "missions" basées sur la tournure prise par les événements.

(merci Élisa pour l'info)

Apr 26, 2006

Pour Charon et Farkas, l'avenir du papier ne passe pas par le net

J'ai écouté, hier sur Radio France, la conversation sur la crise de la presse quotidienne en France. C'était dans l'émission "Les matins" de Nicolas Demorand. Les invités appelés à en discuter étaient Jean-Marie Charon, sociologue des médias au CNRS, et Jean-Pierre Farkas (courte bio ici), journaliste, ex de Combat, de Radio France, de l'ACP (Agence Centrale de Presse), RTL…

La conversation a durée plus d'une heure. Vous pouvez l'écouter ici. Le sujet de départ était France-Soir. Pour Farkas cela "fait longtemps que France-Soir est mort". J'avoue, malheureusement, être d'accord avec lui. Tout comme je rejoins les remarques de Frédéric Filloux, le patron du quotidien gratuit 20 minutes, sur son blog : "La mort maintenant quasi-certaine de France-Soir est la démonstration qu’un certain type de presse, faute de pouvoir se réformer, à vécu." Et d'ajouter : "La raison de cette décrépitude est à chercher dans un découplage croissant entre le contenu du journal et les attentes du public. La rédaction de France-Soir a imperturbablement continué à faire le journal qu’elle avait envie de faire – non sans talent d’ailleurs, avec une équipe de reporters solides sortant souvent de jolis coups – mais sans trop se soucier d’un lectorat qui changeait."

Un décalage lecteurs/rédaction que confirme Jean-Marie Charon. Il explique que c'est dès les années 70 que le France-Soir a raté le virage. À ce moment là, dit-il : "Le journal n'accompagne pas du tout la transformation des modes de vie des Français. […] Il va rester trop institutionnel, trop politique".

Un décalage qui touche l'ensemble de la presse écrite quotidienne généraliste, à de très rares exceptions, en France et à l'étranger. Y compris la presse quotidienne régionale qui ne va pas très bien non plus, contrairement à ce qu'a déclaré Farkas lors de cette émission. Jean-Marie Charon a fait remarquer que cette baisse d'audience touche également la télévision. D'après ces chiffres, elle serait tombée, en France, de 30 %. La radio n'irait pas mieux. L'une des raisons clés de cette baisse serait pour Charon : la segmentation. Sujet abordé à plusieurs reprises dans ce blog. Et, on ne peut que confirmer.

Charon pense que les médias sont dans une période d'incertitude forte. Étonnant, en revanche, de l'entendre expliquer que le quotidien papier est le support d'information avec le plus de nouvelles et le traitement le plus varié. Quid de l'internet ? Charon ne pense pas qu'il offre la même diversité. Pourtant il y a, à mon avis, bien longtemps qu'en terme de volume et de variété de traitement internet dépasse, et de loin, le journal papier. Sans parler de l'ensemble des fonctionnalités, comme les moteurs de recherche, qui rendent la consultation de l'infos bien plus simple en ligne.

Et du net, en fait, il en a été peu question dans cette émission. Nos deux invités n'ont d'ailleurs pas l'air de croire qu'il est une source de solutions pour la presse écrite. Charon insiste sur le fait que devrait naître une forme éditoriale spécifique sur le net. On le suit là-dessus. Et, il pense que les quotidiens ne sont pas les mieux placer pour créer cette forme spécifique. Pas facile à dire.

Comme Frakas, il ne croit pas au bi-média (que je n'aime pas ce mot). "Je résiste beaucoup à cette idée de bi-média", explique Charon. "Je crains que la formule du bi-média soit une formule hybride dans laquelle, finalement, on ne réussit ni l'un ni l'autre", ajoute-t-il.

Les faits montrent qu'il n'a pas complétement tord. Surtout en France où la presse quotidienne se montre très timide et maladroite sur le net, à de très rares exceptions. D'ici à dire que c'est sur le support papier qu'il faut se concentrer, il n'y a qu'un pas que semble franchir Charon. Et c'est là qu'on est en désaccord profond. Internet n'est pas comparable à la radio et à télévision. Il est l'outil incontournable pour la presse écrite. Ceux qui sauront en tirer avantages, seront les enteprises médias de demain. Les autres finiront sans doute là où France-Soir va finir très bientôt. Hélas ! Car ne pas rater le virage de ce siècle, c'est ne pas rater sa stratégie multisupport. Accompagner la transformation de la société française, c'est avoir une offre multimédia.

Le quotidien suédois Aftonbladet lance une plate-forme de blog

L'éditeur norvégien Schibsted a décidé d'équiper son quotidien suédois Aftonbladet d'une plate-forme de blog. Les internautes pourront ainsi créer gratuitement leur blog. J'aime beaucoup sur la page d'accueil le tableau qui montre les derniers posts, le nombre de commentaires sur les blogs, etc.

Cette initiative fait suite au succès rencontré par la plate-forme de blog qu'a mis en place un autre quotidien du groupe, mais cette fois en Norvège : Verdens Gang. Plus de 10 000 blogs y ont été créés et plus de 50 000 posts y ont été publiés.

(source : media culpa)

Apr 25, 2006

My Space.com : de la difficulté de commercialiser un environnement communautaire

À lire le post d'Emmanuel Parody : Quand My Space.com cherche encore le pétrole. Je conseille également la lecture du papier du NYT (paru dimanche 23 avril, dans la section "SundayBusiness" -- vous devez vous enregistrer pour le lire — gratuit) dont il est question dans son post. My Space qui est passé de 5,3 milliards de pages vues en mars 2006 à 28,8 milliards en mars 2006, selon le NYT.

Un quotidien régional anglais décide de distribuer des exemplaires gratuitement

Le Manchester Evening News a pris la décision de distribuer 50 000 de ses exemplaires gratuitement, tous les jours. L'opération aura lieu dans le centre de Manchester. Les journaux seront distribués dans certains bureaux, mais aussi à la main dans le centre ville. Objectif : faire monter la diffusion à 180 000 exemplaires par jour. Diffusion qui est en baisse depuis des années.

Le Manchester Evening News est l'un des plus importants quotidiens régionals du soir en Angleterre. Il commencera cette opération en mai chaque jour de la semaine. Une opération inédite dans la presse régionale quotidienne britannique.

(en savoir plus et source : HoldtheFrontPage via Ifra)

Apr 23, 2006

El Pais lance le journal imprimable avec mise à jour permanente

Je découvre sur le blog de Benoît Raphaël que le quotidien espagnol El Pais proposera dès demain sur son site : "un journal imprimable gratuit actualisé en continu." (source : AFP). Son nom : "24 horas". Son "contenu évoluera avec l'actualité, et les internautes pourront télécharger (8 à 16 pages en format Pdf) puis imprimer leur journal à n'importe quelle heure", explique Benoît.

La nouveauté c'est bien entendu de pouvoir imprimer un journal qui se met à jour sans arrêt. Et aussi de pouvoir avoir une version sans pub et légérement personnalisée car il y a plusieurs éditions disponibles. Mais, comme se le demande Benoît : "Pourquoi imprimer sur 16 feuilles A4 volantes ce qu'on peut lire sur l'écran ?" J'avoue me poser la même question. Quel est l'intérêt d'imprimer ? Le prendre sous le bras pour le lire dans les transports en commun ? Pourquoi pas.

Qui plus est, d'après mes infos, les journaux en PDF ne sont pas un grands succès. Loin de là. On va voir si le fait que l'édition soit mise à jour en permanence va changer la donne. Qui sait ?
Reste, qu'imprimer un journal sur son imprimante personnelle a un coût : imprimante + papier + encre (au moins). Et ce n'est pas donné !

Jeff Jarvis : "C'est de l'information dont nous avons besoin… pas du papier"

Je découvre, grâce au blog de Gilles Klein, le nouvel espace blog de Nice-Matin. Une initiative que je ne peux que saluer. Philippe Dupuy commente, dans "Tabloïg - le blog du tabloïd", le passage de Nice-Matin au format compact, le 8 avril dernier. En lisant les commentaires, je découvre que je ne suis pas le seul à me demander pourquoi un journal comme Nice-Matin n'a pas de site internet digne de ce nom.

Même si je me doute de la réponse. Quelque chose comme : internet n'est pas la priorité. Et, cette réponse, je la trouve, formulée un peu autrement, sous la plume de Philippe Dupuy (ici -- 5e commentaire en partant du haut) : "Notre "cœur de métier", comme on dit, c'est quand même encore le journal papier. La mise en ligne, on y travaille. Patience vous aurez bientôt le quotidien bi-média dont vous rêvez!"

Naïvement, je croyais que le cœur de métier d'un journaliste… c'était de faire du journalisme. Et, de mettre son travail à la disposition du public pour l'informer.

Et cliquant d'une page à l'autre, je tombe chez Jeff Jarvis (ici), sur un de ses articles publié, ce 23 avril, dans la page opinion du quotidien local américain de Philadelphie : The Philadelphia Inquirer. Cet article pourrait être la réponse à l'affirmation de Philippe.

Jeff se demande : "Avons-nous besoin de quotidiens aujourd'hui ?" Sa réponse : "Non". Il continue : "Avons-nous besoin d'information et de journalisme, et d'une société démocratique informée ?". Réponse : "Bien entendu, nous en avons besoin". Et d'ajouter : "Mais de papier ? Pourquoi ?"

Oui pourquoi ? Pourquoi y a-t-il encore des journalistes pour penser que la finalité des finalités, c'est l'impression de leur travail sur une feuille de papier ? Je ne dis pas là que le journal papier n'est pas important. Je ne dis pas là non plus qu'il est mort. Je dis juste, avec Jarvis et d'autres, qu'il n'est qu'un format, qu'une forme. Rien d'autre. Et que cette forme n'est pas suffisante… et son changement n'est pas la priorité.

Car changer de format c'est bien. C'est ce qu'il faut faire. Et c'est à encourager car le lecteur en apprécie le côté pratique. Mais changer de format ne suffit pas. Ne suffira pas à moyen terme. Le format ne fait pas le produit. Les quotidiens qui ont déjà adopté un format compact (tabloïd ou berlinois) depuis longtemps ont les mêmes soucis que ceux qui sont restés au broadsheet. Le format ne rend pas le journal intéressant. Il ne rend pas le journal utile. Il ne rend pas le journal adapté à la nouvelle compétition des gratuits et du net.

Car Philippe, votre cœur de métier n'est-il pas de servir votre communauté. Vous en conviendrez, je pense. Et servir la communauté, c'est aujourd'hui proposer un site internet de qualité. Car c'est là que sont les nouvelles générations… et les moins nouvelles (- 55 ans). Je vous laisse jeter un œil à ce tableau.

Les quotidiens papiers "sont devenus des véhicules à taille unique qui ne peuvent pas, en tout état de cause, être tout pour tout le monde", explique Jarvis. Comment penser que, même avec un nouveau format tabloïd, un quotidien va réussir à satisfaire, aujourd'hui, un cadre supérieur niçois de trente ans et une retraité de 70 ans de Menton ? Franchement, combien ont-ils de centres d'intérêt commun ? Ce n'est même plus le grand écart qu'il faut faire. C'est de la magie.

La priorité est-elle de changer de format ? La priorité est-elle d'essayer d'améliorer un produit qui est "terriblement cher à produire et à distribuer dans un marché où la compétition est gratuite", pour reprendre les mots de Jarvis. Et si elle n'est pas encore gratuite, tend à le devenir. Ou la priorité est-elle d'offrir à la communauté l'information dont elle a besoin sous toutes les formes possibles ? Et aux annonceurs, les moyens de toucher cette communauté sur plusieurs véhicules ? Ergonomie et choix d'abord.

On n'améliorera pas le support papier en faisant l'économie de penser la stratégie d'une entreprise de presse dans sa globalité. Un nouveau format, comme une nouvelle maquette, ne changera rien à moyen terme. C'est de la poudre aux yeux. Un entreprise de presse à aujourd'hui besoin de son journal compact, de son site internet (ses sites ?)… de produire du texte, de la photo, du son et de la video, etc. L'un ne va pas sans l'autre. L'un ne survivra pas sans l'autre… en tout cas pour le moment. Elle a enfin besoin de fournir une information et de disposer d'un outil qui est pertinent pour sa communauté.

Le métier de Nice-Matin ce n'est pas d'imprimer un journal. C'est d'informer sa communauté et d'être un véhicule efficace pour ses annonceurs. C'est de devenir le facilitateur de cette communauté. Son outil d'information, de communication et de création. Le journal papier n'est plus indispensable à tous. L'information elle l'est.

C'est une réalité difficile à avaler pour une grande majorité des confrères. Elle l'a été pour moi aussi. Elle l'est toujours parfois. Face à cette réalité deux réactions possibles, comme l'explique Jarvis.

D'un côté, regretter les beaux jours de la presse quotidienne en espérant qu'ils reviendront… jusqu'au moment où il sera trop tard. Regardez autour de vous, et vous verrez qu'il est déjà trop tard pour certains de nos confrères. Hélas ! Mille fois hélas ! Car on ne peut s'en réjouir.

De l'autre, voir, comme le dit aussi Jarvis, tout cela comme une immense opportunité "de collecter et partager l'info dans un domaine entièrement nouveau et souvent d'une façon meilleure. Merci aux nouvelles technologies qui réduisent le coût de la distribution, accélèrent la production, permettent un meilleur ciblage tant pour le contenu rédactionnel que pour le contenu commercial, et plus important, offrent la possibilité aux gens que nous appelons l'audience -- vous -- de nous rejoindre et d'aider à informer vos voisins."

"Les journaux ne sont plus seulement sur un morceau de papier. Ils sont virtuels. La distinction entre ce que les gens lisent sur papier et ce qu'ils lisent sur un écran d'ordinateur est de moins en moins pertinente", explique Richard Stengel (bio), à la tête du National Constitution Center aux US.

Ce dont à besoin un quotidien régional aujourd'hui -- en priorité -- ce n'est pas de changer de format. C'est d'une stratégie multimédia (tous médias). Une stratégie où chaque support à son rôle à jouer pour devenir indispensable à sa communauté. Le format… c'est devenu un problème secondaire. Un problème qui aurait dû être réglé depuis au moins vingt ans. Mais le monopole, cela n'aide pas à se remettre en question.

Apr 22, 2006

Les blogs hyperlocaux se développent en France peu à peu

A lire sur le blog de Benoît Raphaël : Le réseau des blogs hyperlocaux français s'agrandit donc, et continue de grignoter les terrains laissés vierges par la presse quotidienne régionale sur le Net.

Treize lecteurs deviennent éditorialistes d'un quotidien local américain

Ceux qui lisent ce blog régulièrement savent qu'à 5W nous "militons" pour une ouverture des colonnes des journaux aux membres de la communauté de lecteurs. Aux USA, le News & Record de Greensboro (Caroline du Nord) vient de décider d'ouvrir son site à ses lecteurs.

Sous la rubrique "Community Contributors panel", treize éditorialistes/lecteurs vont écrire un édito chacun six fois par an. Ils changeront chaque année. Soixante dix personnes avaient postulé.

Les éditorialistes viennent de tous les horizons si on en croit le journal : "They are young and not-as-young, liberal, conservative, black, white, Christian, Muslim, immigrant and native-born. They include a college student, a medical doctor, the owner of a local nanotechnology firm, a retired engineer, a young mother and a recent newcomer from Peru. But they can tell their stories better than I can."

On est impatient d'avoir les chiffres d'audience. Et heureusement, si certain ferment les portes du dialogue (voir post en dessous) d'autres les ouvrent.

Quand le lecteur prend trop de place

Un nouveau rédacteur en chef vient d'être nommé dans un quotidien local dont nous avons refait le design et donné quelques conseils éditoriaux. Hélas ! juste quelques… malgré notre insistance à expliquer que sans changement de fond, les changements de forme ne feraient pas bouger les ventes. Mais ceci est une autre histoire.

Avait été mise en place une expérience : le rédacteur en chef du jour. Un lecteur venait au journal tous les jours, participait à la conférence de rédaction, commentait les choix de la rédaction et proposait des sujets de proximité. L'expérience tenait depuis quelques mois. Malgré la résistance d'une partie (minoritaire) de la rédaction qui n'admettait pas que le lecteur puisse commenter ses choix.

La première décision du nouveau rédacteur en chef a été d'arrêter l'expérience. Motif : cela prend trop de place dans le journal (un cinquième de colonne). Le rédacteur en chef du jour n'était qu'un grain de sable dans l'océan de ce qu'il faut faire pour ouvrir les rédactions. L'une des rares portes ouvertes sur le lecteur vient de se refermer. Je leur suggère, pour achever l'entreprise, de supprimer le courrier des lecteurs, de ne plus publier l'adresse du journal (peut être doivent-ils déménager) et de fermer le forum sur leur site internet. Comme ça, le lecteur ils n'en entendront plus jamais la voix.

David Weinberger, un blogger et un auteur américain, explique dans The Economist (ici), combien les institutions sont fermées, pensent en terme de hiérarchie et ont beaucoup de mal à admettre qu'elles peuvent faire des erreurs. Et ainsi, combien il leur est difficile de s'ouvrir à la conversation. Car la conversation, dit-il, est ouverte, part du principe que ceux qui y participe sont égaux et, clairement, admet l'erreur.

L'une de ses institutions à un nom : la rédaction d'un journal !

Apr 21, 2006

La phrase de la semaine : "Dans une période comme aujourd'hui, la sagesse conventionnelle est un ennemi."

"Dans une période comme aujourd'hui, la sagesse conventionnelle est un ennemi, " a déclaré Beth Comstock, présidente des médias numériques de la chaîne de télévision américaine NBC Universal, propriété de General Electric, lors de la conférence marketing annuelle sponsorisée par le Television Bureau of Advertising.

Et d'ajouter, "Aujourd'hui dans les médias, je ne pense pas qu'il existe une seule règle qui ne peut pas -- et probablement, ne devrait pas, être cassée". […] "Il ne s'agit pas seulement d'augmenter son revenu. Il s'agit de conserver son business."

(source : New York Times)

US : le montant de pub locale dépensé en ligne devrait atteindre les 5,8 milliards de dollars

La bonne nouvelle : la publicité locale investit en ligne est passée de 2,7 milliards de dollars en 2004 à 4,8 milliards de dollars en 2005. Soit, une augmentation de 78 %, selon la dernière étude de Borrell Associates. L'autre bonne nouvelle : c'est qu'elle devrait atteindre les 5,8 milliards en 2006.

Les sites des quotidiens américains ont capté un peu moins de la moitié du marché en 2005, avec 2 milliards de dollars versus 1,19 milliards en 2004. La majorité des sites de journaux américains ont gagné de l'argent l'année dernière. Mais, en moyenne, ils sont entrain de perdre des parts de marchés. Ils sont passés de 18% en 2004 à 14,8% en 2005.

Les annonceurs locaux se tournent de plus en plus vers les moteurs de recherche nationaux pour toucher les consommateurs locaux. Les pur players, Google, Yahoo !…, contrôlent déjà environ 28 % du marché de la pub locale.

Attendre pour développer son offre en ligne, c'est regarder les parts de marché s'envoler. Vous ne croyez pas ?

Apr 20, 2006

US : internet serait un des meilleurs media pour attirer l'attention sur des produits

Un Américain adulte sur cinq déclare que l'internet est la meilleure façon pour attirer son attention sur un produit. Soit, 22 % des 3 700 personnes interrogées pour l'étude de Burst Media.

Internet prend la deuxième place derrière la télévision (50%) mais devant la presse magazine (12%), les journaux (10%) et la radio (6%). J'avoue être surpris par le peu d'impact de la radio. Et vous ?

(source : online media daily)

Apr 18, 2006

US : + 21% de visiteurs uniques pour les sites des quotidiens locaux en 2005

Les sites de la presse quotidienne américaine continuent à voir leur nombre de visiteurs uniques augmentés. Il ont fait un bon de 21% en moyenne, en 2005. Le nombre de pages vues est aussi en progression : + 43%.

Bonne nouvelles : cette augmentation touche une tranche de la population que la version papier a beaucoup de mal à attirer : + 14% chez les 25-34 ans et + 9% chez les 18-24.

55 millions d'adultes américains ont visité un site de quotidien au moins une fois dans le mois. Ce qui représente un tiers des internautes. 116 millions ont au moins lu un quotidien papier une fois par semaine.

Dans 75 marchés les sites d'infos dominant sont ceux des quotidiens locaux. Onze des 25 sites web les plus importants, au niveau national, pour les news et l'information appartiennent à des quotidiens.

C'est ce qui ressort de l'étude "Spring 2006 Newspaper Audience Database (NADbase)" publiée par la Newspaper Association of America.

(source : NAA)

Apr 12, 2006

Palmbeachpost.com connecte directement acheteurs et vendeurs


Le site du quotidien américain, The Palm Beach Post, propose une nouvelle fonctionnalité dans sa section "immobilier". L'idée est simple. Vous cliquez sur la petite annonce de votre choix. Et là, une icone vous propose de parler au vendeur (talk to seller). Un autre clic et, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, une pop-up vous offre la possibilité d'entrer votre numéro de téléphone. Vous serez appelé dans les minutes qui suivent. À vous de choisir quand exactement.

C'est la première fois que je vois un site de quotidien mettre en place ce type de service. J'avais proposé l'idée dans un de mes posts l'année dernière suite au test, par Google, de ce type d'offre aux annonceurs.

À en croire, Dan Shorter, le directeur des opérations internet de Palm Beach Post, "en janvier, environ 8 400 commandes ont été placées pour bénéficier de cette amélioration". Et d'ajouter que 2 000 consommateurs ont utilisé ce service téléphonique en ligne. Vous en dites quoi ?

(source : Ideas - inma magazine)

Apr 11, 2006

Los Angeles Times : trois remarquables packages multimédias sur les soldats américains blessés en Irak

Environ 17 400 soldats américains ont été blessés en Irak. Que deviennent-ils ? Le site du Los Angeles Times, latimes.com, propose trois remarquables packages multimédias sur le sujet. Les images sont impressionnantes sans tomber, à mon goût, dans le voyeurisme. À vous de juger. En tout cas, le débat a commencé sur le site (ici). J'ai aussi beaucoup apprécié la qualité des commentaires audios. Un travail excellent comme on aimerait en voir plus souvent (réalisé avec Flash).

(source : latimes.com)

Podcast : 80 millions de dollars en revenu publicitaire prévus cette année

Qui connaissait le podcast il y a un an ? Personne ou presque. Gratuits dans la majorité des cas, ils commencent aujourd'hui à être commercialisés : ventes d'espaces publicitaires et abonnement. Selon un récent rapport de eMarketer, les dépenses publicitaires sur les podcasts seront d'environ 80 millions de dollars cette année. En 2010, elles devraient atteindre les 300 millions de dollars. Les venture capitalists de Sequoïa Capital n'hésitent pas à imaginer le marché à 2 milliards de dollars dans les cinq ans.

À en croire Bridge Research, il y aurait environ 9 millions d'auditeurs de podcasts à cette date aux USA. Un chiffre qui devrait, selon eux, atteindre les 12 millions d'ici à 2010.

Pour info, en mars dernier, le créateur du show télévisé britannique "The Office" a commencé à facturer 2 $ pour son podcast après généré 250 000 téléchargements par semaine sur le site iTunes d'Apple.

(source : Billboard)

Plus d'interactivité sur elle.fr mais pas de mise en avant du contenu de la communauté

De retour à New York, je découvre la nouvelle formule du site du magazine féminin Elle, grâce au blog de Peter Gabor (un blog de qualité). Contrairement à lui (ici), j'avoue que la mise en page "carrée" ne me déplaît pas. J'apprécie vraiment les nouveaux outils, comme la plate forme de blog, mis à la disposition des internautes. Je regrette, en revanche, le manque de promotion de cette nouvelle interactivité, tout au long du site. Rapide tour d'horizon en vrac :

Nous avons bien aimé
- La mise en place d'une plate forme de blog gratuite. C'est la grande innovation du site. On attend avec impatience de connaître les chiffres. Combien de blogs ? Combien de posts ? Combien de pages vues ?
- La possibilité de commenter les articles.
- Les forums… même si je trouve ces forums toujours très compliqués sur le plan de la navigation. Celui de Elle n'y échappe pas.
- La navigation par menu déroulant… sauf sur la page d'accueil.
- L'intégration d'éléments multimédias aux articles comme la vidéo (ici).
- Le moteur de recherche des recettes.
- Le vote pour le top 10 des filles les plus fashion (ici).


Nous regrettons
- Le manque de mise à jour quotidienne.
- Que la plate forme de blog ne soit pas mise en avant sur la page d'accueil.
- Qu'il n'y ait pas de fonctionnalités sur la page d'accueil et les autres pages, du type : les derniers blogs créés, les derniers commentaires, les blogs les plus lus, les articles les plus lus, les articles les plus bloggés sur les blogs de Elle, les articles les plus envoyés…
- Qu'il ne soit pas possible de voir les commentaires des articles directement. Il faut cliquer.
- Qu'il ne soit pas possible de commenter tous les articles comme (ici), ou de les envoyer à un ami, etc. À moins qu'il s'agisse d'une erreur. Bien possible.
- Que le moteur de recherche soit absent de la page d'accueil et qu'il soit caché en bas des pages à l'intérieur.
- Que la navigation sur la page d'accueil ne soit pas la même que sur le reste du site.
- Le manque de lisibilité, en général, des typos de couleur : jaune sur blanc, blanc sur jaune, rose sur blanc, vert anis sur blanc, noir sur kaki…
- La taille des typos par défaut est trop petite. Il faut une loupe pour lire.
- Une news par mois, dans chaque rubrique, comme par exemple : "Mode > News" ??? C'est un peu léger. Non ?
- La nave dans un article quand il a deux pages ne fonctionnent pas bien comme ici. Pourquoi cliquer ?
- Le système de vote ne fonctionne pas comme les autres fonctionnalités. On ne peut pas cliquer sur la phrase comme "article suivant" ou "Envoyez à un(e) ami(e)". Pas clair du tout.
- Quel nom bizarre que "fil AFP". Combien de lecteurs de Elle connaissent l'AFP (ex ici) ? En plus, AFP d'un côté et news de l'autre. Les news ce ne sont pas les articles de l'AFP. Compliqué tout ça.
- Dommage que la rubrique ciné ne fasse pas de lien avec les clips des films (même chose pour les DVD) et une billetterie pour acheter des billets (même chose pour les spectacles).
- Dommage aussi qu'il n'y ait pas un lien pour acheter les livres, les DVD, etc. La Fnac aurait tout intérêt à passer un accord avec Hachette et verser une commission à la transaction.
- Enfin, et sans doute le plus gros problème du site, une fois sur une page, on n'a aucune idée de ce qui se passe ailleurs sur le site. Apparemment, les concepteurs de elle.fr n'ont pas pris en compte un principe de base : beaucoup d'internautes arrivent par les moteurs de recherche, les références, les emails… Il serait bien de promouvoir à droite, dans une colonne, le reste du site. Non ?

Apr 4, 2006

Nouveau site du New York Times : plus lisible, plus multimédia, plus d'infos contextuelles… toujours pas d'interactivité


Je m'envole aujourd'hui pour Paris. Pas le temps de faire de longs posts. Le New York Times a réorganisé et redesigné son site web depuis hier. Je le trouve plutôt mieux qu'avant. J'apprécie particulièrement qu'ils aient supprimé tous les soulignés sous les textes.

J'ai plutôt aimé :
- My Time's (toujours en construction), il va permettre non seulement de personnaliser le contenu du NYT mais d'y ajouter le contenu d'autres médias. Excellent.
- Times Topic sorte d'encyclopédie du Times qui donne de l'info contextuelle sur les sujets.
- La mention des articles du NYT les plus "bloggés" (ici).
- Les mots clés les plus cherchés (ici).
- Les articles les plus envoyés par e-mail (ici).
- La mise en avant des contenus multimédias comme les videos.
- Les codes couleur.
- Le système de navigation… mais pas sur la page d'accueil car pas logique avec le reste.
- Today's paper qui donne le contenu du journal du jour.

Je regrette :
- Le manque d'interactivité avec le site. Toujours pas la possibilité de laisser des commentaires. De quoi a peur le NYT ? La grosse faiblesse du site.
- La nav qui change sur la page d'accueil. Elle est horizontale partout sauf sur la HP. Bizarre.
- Le manque de blogs de la rédac. Je n'en vois toujours que deux : "Diner's journal" et "The Pour".
- Et, à propos des blogs, c'est bien de nous dire quels sont les articles qui sont les plus commentés sur les blogs. Ce serait préférable de nous donner les liens pour aller jeter un œil. Comme le fait le Washington Post (exemple ici, en bas à droite). À la limite du ridicule cette histoire.

Jetez un œil et dites-nous ce que vous en pensez.

(Disclosure : nous avons des relations commerciales avec le NYT)

Apr 3, 2006

Libération de Jill Carroll : un intéressant package multimédia sur le site de son journal

Le quotidien américain, The Christian Science Monitor, célèbre la libération de sa journaliste Jill Carroll. Il nous propose, dans le même temps, un intéressant package multimédia. Au programme, les articles principaux en texte et en audio, différents diaporamas et le calendrier de sa captivité. Vous avez aussi la possibilité de regarder la vidéo réalisée par l'éditeur. Sans oublier de lire les messages qui ont été envoyés par les internautes. Et bien d'autres choses encore. Simple et efficace.

La vente de films téléchargeables en ligne démarre ce lundi

Dès aujourd'hui, environ 300 films devraient être disponibles à la vente sur le site Movielink. Et ce, en version numérique téléchargeable. Les nouveaux films vous seront facturés entre 20 $ et 30 $. Les titres plus anciens débuteront à 9 $. Ils seront disponibles le même jour que la sortie du DVD.

Voilà plusieurs années que les studios d'Hollywood parlaient d'ouvrir une telle boutique en ligne. Ils ont été définitivement convaincus par le succès de la vente d'émissions de télé sur le site d'Apple : iTunes.

(source : New York Times)