Mar 27, 2007

Baisse du lectorat de la presse papier gratuite à Toronto et de la presse quotidienne payante en Inde

Deux informations m'ont interpelées, l'une d'elle m'a vraiment surpris, hier matin :

1- Les quotidiens gratuits, Metro et 24 Hours, ont perdu des lecteurs à Toronto, en semaine. Metro recule de 11,7% en 2006. 24 Hours pert 1,1%. Au passage, à part The National Post (+3,5%), tous les autres quotidiens payants de Toronto perdent des lecteurs : Toronto Star (-0,3%) et The Toronto Sun (-6,6%). Toronto est l'un des plus gros marché canadien.
Source : Newspaper Audience Databank Inc.

2- Neuf des dix plus grands journaux indiens voient leur lectorat reculer. Et pas qu'un peu. Dans l'ordre du premier au dizième : Dainik Jagran (-6,4%), Dainik Bhaskar (-7,4%), Hindustan (-6,4%), Malayala Manorama (-3,31%), Daily Thanthi (-10,4%), Amar Ujala (-12,2%), Eenadu (-4,82%), Mathrubhumi (-6,48%), Lokmat (-10,61%). Seul le Rajasthan Patrika, en neuvième position, voit son lectorat augmenter. Et dire que l'Inde est présenté, par beaucoup, comme l'un des marchés où la presse quotidienne est en plein boum.

Le recul de la presse quotidienne gratuite à Toronto et de la presse quotidienne payante en Inde sont deux phénomènes inquiétants. Des phénomènes qui sont appeler à durer ou pas selon vous ?

Mar 25, 2007

BusinessWeek : les lecteurs corrigent les erreurs d'un journaliste, le journal ne bouge pas

Trop d'erreurs dans un article technologique sur Apple TV. Les lecteurs de BusinessWeek ne sont pas satisfaits. Ils le font savoir et corrigent, au passage, les erreurs du journaliste (ici). Le pire, c'est que malgré les remarques, l'article n'a pas été corrigé. Pourquoi ? Complexe de supériorité ? Manque de clairvoyance sur la façon de traiter pareille situation ? Vous en pensez quoi ?

Ce manque de sens commun de la rédaction de BusinessWeek est aussi symptomatique des craintes et des angoisses des rédactions et des journalistes face à l'ouverture de l'information à la conversation. Jusque là nous étions protégés par le monopole de publication. Ce monopole se termine. La barrière de protection vole en éclat. Faut-il pour autant se sentir menacer ? La menace est-elle réelle ?

J'ai tendance à penser que seul le mauvais journalisme est menacé. C'est tant pis pour ceux qui font du mauvais travail et ceux qui le publie. C'est tant mieux pour ceux qui font du bon travail et ceux qui le lisent. Le journalisme de qualité n'a pas grand chose à craindre. Bien au contraire. Il ne sera que mieux mis en valeur.

Ce qui est clair, c'est que les rédactions ne doivent pas être sur la défensive. L'intelligence collective n'est pas une menace à la qualité. La connaissance non plus. C'est un atout. Un atout pour un meilleur journalisme. Reste à savoir comment l'intégrer dans une rédaction et comment rémunérer ce travail, cet apport. La question est ouverte. Les réponses sont sans aucun doute multiples. Des idées ? Parlons-en.

En tout cas, bienvenue dans un monde plus transparent. Ça ne peut pas faire de mal.

Mar 22, 2007

Il y a bien longtemps que la PQR française fait dans le "journalisme citoyen"

Les esprits s'échauffent légérement sur l'excellent blog de Francis Pisaniil revient sur la notion de journalisme citoyen. Notion, dont vous savez, je ne suis pas un grand fan. Non parce qu'elle heurte ma sensibilité de journaliste. Non pas parce que je suis contre l'idée de média ouvert. Bien au contraire, j'en suis l'un des grands défenseurs. Mais, tout simplement, parce que je la pense fausse.

"C’est gonflant cette histoire de “journalisme citoyen” ! Arrêtez un peu avec ça", s'énerve Jean-Claude Cordier que l'on sent un peu sur la défensive. Et qui ajoute, à juste titre : "Un journaliste, ce n’est pas un témoin. Il ne suffit pas d’assister à un événement et de le photographier, de le filmer ou de le raconter, pour devenir un journaliste." Idée que reprend Nicolas, dans son commentaire : "Et être journaliste ce n’est pas juste “faire un journa”l (ou un blog). C’est analyser, décortiquer, replacer dans un contexte, expliquer, mettre en balance, comprendre etc… Ce n’est pas seulement commenter ce qu’on voit à sa fenêtre en prenant une photo crapoteuse qu’on met sur son bloc ou sur YouTube."

Voici le commentaire que j'ai laissé à mon tour :

La presse quotidienne régionale française utilise ce qu’on appelle aujourd’hui “du journalisme citoyen” (à tord où à raison, je vous laisse trancher) depuis des années. Leur nom : les correspondants de presse. La différence, c’est qu’aujourd’hui tout le monde peut être, en théorie, un correspondant de presse. On peut le voir comme une menace. Ou, au contraire, on peut le voir comme un atout. Perso, je suis plutôt dans la seconde logique. Les correspondants, c’est un avantage de la presse régionale française. Et, ce n’est en rien, une menace pour les journalistes et le journalisme. La PQR a su organiser ces réseaux. Il va sans dire que le réseau s’agrandit. À nous de nous poser les bonnes questions, et nous trouverons sans doute et je l’espère les bonnes réponses à : comment intégrer, utiliser, organiser toute cette bonne volonté, cette connaissance et cette intelligence collective qui, soudain, est à notre disposition (dans des conditions à déterminer), nous journalistes.

Alors, sans doute que l’expression, “journaliste-citoyen”, ne correspond pas à la réalité. Le qualificatif de "correspondant de presse" me va très bien.

Il est en tout cas important de remettre dans son contexte l’expression “journaliste-citoyen”. Elle nous vient des USA. Un pays où les correspondants de presse amateurs n’existent pas. D’où cette enthousiasme qui s’est développé autour de l’idée d’avoir des citoyens ordinaires qui puissent participer aux médias. Sur ce point, la France, avec la PQR, possède une longueur d’avance. La presse étrangère ferait bien de venir faire un tour du côté de chez nous. Il y a beaucoup à apprendre de ses réseaux. Dans le même temps, nous devrions, nous journalistes français, être les derniers à avoir peur de cette idée participative dans les médias.

Quoi qu'il en soit, la notion de participation est une des clés d'un média en ligne. Fermer la porte à cette participation, c'est condamner sa marque à une mort certaine. Pour faire une analogie, ce serait comme posséder un téléphone où il serait possible de parler mais où on ne pourrait pas entendre les réponses de son interlocuteur.

Internet ce n'est pas seulement une histoire de contenu. C'est une zone, un espace de dialogue. C'est une alchimie à trouver entre le contenu, la participation, la mise en place d'espace pour des tribus (si on n'aime pas le mot communauté), la fourniture d'outils pratiques pour le lecteur comme l'annonceur, comme d'outils de création, etc. C'est une alchimie où le journalisme de qualité a plus que jamais sa place et sa nécessité. Mais un journalisme à l'écoute, un journalisme ouvert, un journalisme débarrassé de son côté supérieur.

Mar 18, 2007

Très bonne campagne de promo du Guardian


Je découvre sur le blog de l'ami Juan Guinner la nouvelle campagne de promotion du quotidien anglais, The Guardian. C'est vraiment très bon. Allez jeter un oeil. J'aime particuliérement l'affiche que je publie au-dessus. Et vous ?

Mar 15, 2007

Quelcandidat.com : plus de 2,3 millions de pages vues en un mois

Le site sur les élections françaises, Quelcandidat.com, que nous avons réalisé pour et avec l'équipe du Dauphiné Libéré, sous la conduite de Benoît Raphaël, a passé lundi soir dernier la barre des 2,3 millions de pages vues et des 250 000 visiteurs uniques (chiffres Xiti).

Il propulse ainsi le Dauphiné Libéré dans les premières places du web français pour les sites de la presse quotidienne régionale.

"Les premiers chiffres du média participatif sur la présidentielle du Dauphiné Libéré dépassent toutes nos espérances", écrit Benoît sur son blog. En 15 jours, le premier million de pages vues a été franchi et une semaine après, un autre million est venu s'ajouter.

"Le pari était pourtant osé : lancer une nouvelle marque sur le marché national, sans campagne de publicité, à deux mois des élections, et dans un paysage web complètement saturé", insiste Benoît.

A ce succès de pages vues, s'ajoute celui de la participation citoyenne : commentaires, articles, recommandations de liens par centaines. Et alors que la politique pousse à aborder des sujets sensibles, les dérapages sont presque inexistants. "On est intervenu sur une petite dizaine d'articles ou commentaires, explique Jean-Paul Fritz, responsable du site. Chaque fois nous avons mis une note de la rédaction expliquant pourquoi nous avions modifié (ou supprimé) tel ou tel commentaire. Et cela semble bien passer."

Rappelons que l'ensemble du contenu peut recevoir des commentaires et que tout un chacun peut poster des articles et recommander des liens. Comme le conclut l'article de Techcrunch, c'est "une bonne nouvelle pour le journalisme citoyen". C'est aussi une bonne nouvelle pour les journaux qui, dans leur majorité, sont encore inquiets à l'idée d'ouvrir leurs contenus aux commentaires.

C'est enfin la démonstration qu'un vrai travail de réflexion stratégique, mené avec méthodologie et des équipes ouvertes à l'expérience, peut déboucher sur des résultats concrets et plutôt rapides. Qui aurait parié qu'un quotidien régional français pouvait s'aventurer à lancer un site en dehors de sa marque… et, en plus, en visant une audience nationale ?

En tout cas, des améliorations sont en cours sur Quelcandidat. Plusieurs nouveaux tests de match seront proposés sous peu aux internautes. Et la réflexion sur l'après élection est bien entendu en cours.

PS : pas le temps de finir cet article que nous sommes entrain de passer les trois millions de pages vues.

La vidéo compterait déjà pour 60% du trafic sur le net

Les clips de YouTube, les animations, les shows TV et autres joies vidéos compteraient déjà pour plus de 60% du trafic internet. C'est ce que nous apprend une étude de CacheLogic, une entreprise britannique, évoquée par l'excellent magazine du MIT, Technology Review, dans un article intitulé "Peering into video's future" (ici en anglais).

Un chiffre qui devrait atteindre les 98% d'ici à deux ans, si l'on en croit Hui Zian, un scientifique de l'université américaine de Carnegie Mellon, cité par l'article. Un trafic que le réseau des réseaux ne pourrait pas supporter dans l'état actuel.

J'ai écrit, il y a un peu moins de deux ans, que la vidéo serait le grand phénomène du web après les médias sociaux collaboratifs. Mais je ne pensais pas que le phénomène prendrait une telle ampleur aussi vite.

Alors, nous dirigeons-nous vraiment vers des médias en ligne dominés par la vidéo ? Les marques vont-elles, peu à peu, créer leur propre télévision web à l'image, la semaine dernière, de l'hebdo français d'info géné : le Nouvel Obs ? Si oui, comment voyez-vous les rédactions papiers prendre le virage de la vidéo ? Et pensez-vous que les écoles de journalisme proposent des formations adpatées à la révolution que traversent les médias ?

Mar 13, 2007

Pologne: Les médias entrent dans une période de turbulences



Les médias en Pologne entrent, petit a petit, dans une période de turbulences*. La presse papier, prise en sandwitch entre les gratuits et internet, comme partout, perd ses lecteurs. Les médias audivisuels commencent à chercher, encore timidement, une nouvelle voie pour marier son, image et internet.

Plus personne ne résiste a l'appel du net mais de la à y gagner de l'argent il y a une frontière que personne n'a encore véritablement franchie.

En toile de fond: un climat politique très tendu et un conflit ouvert entre le pouvoir et la plupart des médias.

La presse quotidienne

Il existe aujourd'hui en Pologne 39 quotidiens, dont 26 régionaux. Sur le marché très concentré de la presse quotidienne polonaise, 4 groupes de presse tiennent le haut du pavé.
  • Le polonais Agora, éditeur de Gazeta Wyborcza et les Allemands d'Axel Springer dominent dans la presse quotidienne nationale.
  • Les Allemands de PolskaPresse, qui avaient repris l'empire local polonais de Hersant, et, depuis quelques mois, les Britanniques de Mecom, qui viennent de racheter une dizaine de titres regionaux aux Norvegiens de Orkla, se sont partagés la presse quotidienne régionale.
Il y a encore trois ans, il semblait que les jeux étaient faits. Trois titres dominaient sans partage au niveau national:
  1. Gazeta Wyborcza (Agora), le prestigieux quotidien de l'intellectuel Adam Michnik, ancien conseiller de Lech Walesa.
  2. Super Express, le premier tabloid polonais, chouchou des chauffeurs de taxi. Les Suédois de Bonnier y detenaient 50% du capital, le reste appartenant a un partenaire polonais.
  3. Rzeczpospolita (Le Financial Times polonais), dont 49% du capital appartenait a l'Etat et 51% aux Norvegiens de Orkla qui l'avaient racheté a Hersant.
Mais l'Allemand Axel Springer a, une fois encore, mis le baton dans la fourmillère, et cela, deux fois de suite en espace de deux ans. D'abord, en 2003, il a lancé un quotidien populaire, Fakt, copie conforme de Bild, le plus grand quotiden d'Europe. Ce fut un Blitzkrieg. Le nouveau tabloide a fait un tabac, en devenant rapidement le numéro un de la presse nationale. Un succès qui ne s'est pas dementi jusqu'à aujourd'hui.

Deuxieme surprise: en 2006, c'est au tour d'un nouveau quotidien d'opinion, Dziennik, de s'attaquer au marché. Mais là, la barre était placée trop haut. Dziennik n'a pas réussi a devenir un vrai "quality newpaper" et à ébranler la position de Gazeta Wyborcza qui a confirmé, au fil des ans, qu'elle était une véritable institution. Elle s'était trop bien retranchée pour repousser l'attaque et a réussi à garder la deuxième place, apres Fakt qui s'affirme ouvertement comme un véritable journal de caniveau.

Voici les cinq premiers quotidiens nationaux en Pologne:
  1. Fakt, diffusion payée: 513.000 ex.
  2. Gazeta Wyborcza, 428.000 ex.
  3. Dziennik, 216.000 ex.
  4. Rzeczpospolita, 199.000 ex.
  5. Super Express, 150.000 ex.
La troisième surprise est venue, récemment, de PolskaPresse, un groupe dirigé pendant plusieurs annees par un Francais, Mathieu Cosson, aujourd'hui au Figaro. La nouvelle direction a decidé de lancer fin 2007 un nouveau quotidien national sur la base de ses titres regionaux. Les spécialistes restent sceptiques quant à ce projet où les quotidiens régionaux risquent d'etre réduits à un supplément local.

En queue du peleton national traîne Nasz Dziennik, un petit quotidien ultraconservateur, lié a la très nationaliste et poujadiste Radio Maryja ainsi que Trybuna, l'ancien organe du PC polonais, qui appartient aux socio-democrates du SLD.

En trois ans, 6 quotidiens ont disparu:
  • deux nationaux: Zycie, une sorte de Quotidien de Paris polonais, et Nowy Dzien, un quotidien qui a voulu jouer au magazine et que Agora a fermé au bout de trois mois.
  • quatre regionaux: Orkla et PolskaPresse ont fait le ménage chez eux, avec, comme objectif, d'importants réductions de couts. Ils y sont parvenu mais en perdant des lecteurs et des annonceurs.

Quant aux Suédois de Bonnier, ils ont vendu à la va-vite les parts qu'ils detenaient à Super Express et se sont concentrés sur un petit quotidien economique, Puls Biznesu.

Un fait à retenir; seul le quotidien Parkiet a noté une hausse de la diffusion payante en 2006 par rapport à 2005, selon ZKDP (L'OJD polonais).

La presse gratuite

La presse gratuite, elle, commence seulement à se développer. La croissance des revenus publicitaires dans ce segment est comparable à celle sur internet - environ 40%. Mais les gratuits ne réprésentent que 8% du total des revenu publicitaires. Et c'est là que le bat blesse.

Désespères par une nouvelle année dans le rouge, les Suédois ont fermé leur Metropol (qui dans le monde parait sous le titre de Metro mais se l'était fait souffler ici par Agora) au début de l'année. C'est un deuxième grand titre gratutit qui disparaît en une année, apres un bi-hebdomadaire publié par un autre groupe suédois.

Outre plusieurs dizaines de petits titres gratuits locaux sont distribues en province, deux adversaires restent donc dans le ring des gratuits nationaux:
  • Metro de Agora, 550.000 ex.
  • Echo Miasta de PolskaPresse, 420.000 ex.
La presse magazine

La presse magazine polonaise n'a ni le nombre ni l'argent de la presse magazine en France. Cinq grands groupes de presse, dont 4 Allemands, se sont partagés le marché:
  • les Polonais de Agora,
  • les Allemands d'Axel Springer,
  • les Allemands de Bauer
  • les Allemands de Gruner+Jahr,
  • les Suisses d'Edipresse.

C'est Bauer qui a fait une razzia dans le segment des hedbomadaires avec ses télé-magazines et ses titres populaires au raz de caniveau, souvent des clones de ses magazines allemands. Le premier hedbomadaire polonais s'appelle Tele-Tydzien.

Quatre hebdomadaires d'opinion se font la guerre depuis des années: Polityka (appartenant a la dernière coopérative des journalistes en Pologne), Newsweek (Axel Springer), Wprost (Le Spiegel polonais) et Przekroj (Edipresse), un titre qui a du mal à retrouver ses heures de gloire de l'époque d'avant la chute du Mur de Berlin.

Dans les mensuels, ce sont les féminins qui font la loi, avec en tête sur la liste de ventes Claudia (Gruner+Jahr).

Le grope Hachette n'a pas reussi à se faire ici une place au soleil. Apres une série d'échecs, dont une tentative de reprise de Ruch, les NMPP polonaises, et quelques timides essais sur le marché de collections, il a fusionné l'an dernier avec un groupe de presse allemand, Burda, tout aussi malchanceux. A eux deux, ils publient 8 titres, dont Elle et Elle Decoration.

La télévision

Le journal télévisé de 20 heures n'existera plus dans quelques années - les chaînes de télévisions polonaises commencent seulement à en prendre conscience, effarayés par le pouvoir d'internet qui commence à grignoter leur audience.

Dans le paysage audiovisuel polonais cohabitent trois acteurs: l'Etat polonais avec ses trois chaînes baties sur le même modele que les chaînes francaises d'avant la privatisation de TV1, et deux grandes chaînes privées, Polsat et TVN.

En tête de l'audimat polonais caracole TVP1 (TVP), suivie par deux chaînes privées: TVN (groupe ITI) et Polsat.

C'est le groupe ITI qui se développe le plus rapidement. Il possède entre autres, outre TVN:
  • une chaîne tout info TVN24
  • et une kyrielle des chaînes thematiques, dont une consacrée à l'automobile (TVN Turbo) et une autre pour les femmes (TVN Style). ITI est le seul a avoir bien negocie le virage internet: il vient de racheter le premier portail internet polonais, Onet.pl, et prévoit de s'engager à fond dans le développement du WiFI, une technologie d'accès a internet sans fil. Dans le plus grand secret, ITI mijote maintenant une WAT a la polonaise.
Quatre chaînes de télévision ont été crées en 2006:
  • Telewizja N (ITI)
  • Kuchnia.tv (Canal+)
  • TVP Sport (TVP)
  • Superstacja
Les médias audiovisuels pensaientt il y a encore quelques mois que leurs principaux défis demeuraient la television haute-definition et internet. Mais en rachetant récemment aux pères dominicains une petite chaîne catholique TV4, le magnat australien Rupert Murdoch a mis tout le monde aux abois et prouvé que l'audiovisuel polonais valait bien une nouvelle messe.


Radio

Lorsque, au début des années 90, Fun Radio décidait de s'investir dans l'aventure polonaise, elle ne soupconnait pas que son enfant, la RMF FM de Cracovie, allait régner dans les ondes polonaises une quinzaine d'années plus tard.

21% du marche pour RMF FM, 18% pour son concurrent Radio Zet (qui appartient en partie à Lagardère) et 14% pour Program 1 de la Radio Polonaise - ce sont les trois leaders sur le marché de la radio. Et cela depuis des années. Donc, un marche sans surprises. Jusqu'à l'année derniere où Bauer décidait de rentrer dans la danse en rachetant RMF FM.

Que va-t-il en faire? Que peut en faire un éditeur de la presse papier sans aucune experience en radio? Il est sans doute le seul a le savoir.

Internet

Pas de surprises, les "pure players" sont les rois d'internet polonais. Un seul groupe de presse traditionnelle arrive a leut tenir tête, c'est Agora, très en avant sur le terrain du multimedia.

Onet.pl est le portail d'information préferé des Polonais avec plus de 5 millions d'utilisateurs uniques (reals users) par mois, suivi de WirtualnaPolska.pl et Gazeta.pl, le vaisseu amiral de Agora sur le net. Viennent ensuite Interia.pl (2 millions) et la chaine publique de television, TVP.

Les 5 premiers services d'information sur internet (real users)
  1. Onet.pl - 5,56 mln
  2. WirtualnaPolska.pl - 3,39 mln
  3. Gazeta.pl - 2,23 mln
  4. Interia.pl - 2,06 mln
  5. TVP.pl (chaine publique de television) - 1,84 mln
Gazeta.pl est aussi le seul service d'un média traditionnel à se frayer une place dans le top ten du net polonais. Il se situe en neuvième position, loin derrière Google, Onet et WirtualnaPolska.

Outre Gazeta.pl, Agora a crée aussi trois services web 2.0:
  • Blox.pl, une platforme de blogs, un clone de Blogger.com
  • Wykop.pl, un clone de Digg.com (ou Scoopeo en France),
  • Dwukropek.pl, un clone de Craiglist.org, le plus grand service d'annonces gratuites dans le monde.

Parmi les média traditionnels, seuls PolskaPresse et les hebdomadaires Polityka et Wprost semblent avoir un début de strategie basée sur une synergie du print et du online. Alors que Polityka se différencie par un service d'excellents blogs de la rédaction, Wprost, lui, vient de lancer un service d'informations 24/7.

Le groupe PolskaPresse a crée l'an dernier Wiadomosci24,pl, un service basé sur le journalisme citoyen, l'équivalent de Agoravox. Ce site vient de complèter deux autres sites:
  • Gratka.pl (petites annonces) et
  • MojeMiasto.pl, copie de MaVille de Ouest-France.
Les média polonais, comme les médias francais, doivent faire à la concurrence d'internet qui attire de plus en plus des lecteurs et des annonceurs. C'est le plus grand défi des années a venir.

Les journalistes polonais

Il existe en Pologne entre 10.000 et 25.000 journalistes (définition de journaliste floue). Même une personne ayant publié un seul article dans la presse est considéré comme journaliste.

Il n'y a pas d'organisme unique délivrant une carte de presse unifiée. Chaque média imprime la sienne, selon la règle du "chacun pour soi et Dieu pour tous".

Le droit de la presse date de 1984. Il est entré en vigueur a l'époque communiste, juste après l'état de siège introduit par le général Jaruzelski. Il prévoit notamment une "autorisation" des textes obligatoire auprès de tous les interlocuteurs des journalistes.

Sur le plan politique, les relations sont trèe tendues entre le pouvoir et les journalistes. Les jumeaux Lech et Jaroslaw Kaczynski, respectivement président et premier ministre, veulent ouvertement serrer la vis aux journalistes:
  • Fin fevrier 2007, les députes de la coalition gouvernementale à la Diète ont mis en place un comité qui doit modifier le droit de la presse (rectificatifs encore plus obligatoires, peines financières lourdes pour publication de "diffamation explicite"...). Les journalistes n'ont pas été invités dans ce comité.
  • En février 2007 une nouvelle loi sur la "lustration" est entrée en vigueur qui concerne également les journalistes. Il s'agit d'un processus de décomunisation tardive (vérification d’une collaboration éventuelle de personnes nées apres 1972 ans avec l’appareil de répression du régime communiste dans les années 1944-1989).
Les journalistes sont politisés à outrance, divisés selon les lignes de fractures politiques. Des guéguerres éclatent entre certains journaux et journalistes aui règlent leurs comptes à coups de violentes diatribes (Adam Michnik, redacteur en chef de Gazeta Wyborcza, ancien conseiller de Walesa est l'une des cibles préférées).

* C'est un exposé que j'ai présenté le 8 mars 2007 aux Assies Internationales du Journalisme qui se sont tenues à Lille et à Arras.

Mar 12, 2007

Le patron du magazine Forbes met un coup au mythe de la cannibalisation du papier par le web

"Voilà dix ans, depuis le lancement, que nous avons la totalité du contenu de notre magazine en ligne. Pendant cette période le lectorat de notre magazine n'a pas arrêté d'augmenter", a déclaré James Spanfeller, président et P-DG de Forbes.com. C'était vendredi dernier, à Londres au forum pour le futur organisé par la Online Publishers Association (OPA). Précision, le contenu est gratuit en ligne.

Seize millions de visiteurs uniques surfent le site du magazine économique américain chaque mois. Selon Spanfeller, le succès de sa marque n'a pas grand chose à voir avec la plateforme qui délivre l'info. "The manner by which people find our content is less important than having a brand that stands out and that people recognise", insiste-t-il.

Forbes a été, par exemple, un des premiers magazines à se lancer dans la production de vidéos exclusives en ligne. Aujourd'hui, il en réalise une soixante par semaine dans ses deux studios de prog new-yorkais.

Forbes expérimente. Il en reçoit les fruits.

Car, la recette, elle est là : E-X-P-É-R-I-M-E-N-T-E-R.
Autrement dit :
1- Trouver, attirer et garder les talents,
2- Organiser une équipe de R & D,
3- Avancer selon une méthodologie claire de développement pour définir la vision de l'entreprise, ses objectifs business, la stratégie ou les stratégies pour remplir ces objectifs et, au final, les produits à mettre en place,
4- Définir des mesures de succès,
5- Mettre en place un plan de communication pour informer l'ensemble des salariés.

Voilà les clés pour expérimenter. C'est d'entrepreneurs, d'idées et de méthode dont a besoin la presse aujourd'hui pour avancer et trouver les nouveaux business models qui soutiendront un journalisme de qualité que nous aimons et dont nous avons tous besoin.

Mar 9, 2007

France : le Nouvel Observateur lance Canal Obs, sa télé sur le web


Canal Obs, la télé de l'hebdo français le Nouvel Observateur, a été lancée hier. C'est sur le web. Et c'est pas mal du tout. Le design et l'ergonomie mis à part.

On peut commenter les vidéos, les envoyer, les bloguer et en télécharger le son. On peut aussi les regarder en plein écran et la qualité tient la route.

Le Nouvel Obs fait vraiment du bon travail sur le web. Juste un petit effort sur le design et la navigabilité.

Mar 8, 2007

USA : les deux quotidiens de Detroit mettent en place le "click-to-call"

Le Detroit News et le Detroit Free Press ont mis en place, hier, sur leur site, un nouvel outil : le "click-to-call". J'avais parlé, il y a environ un an, de cette technique que Google commençait à proposer aux annonceurs. Suggérant alors que la presse devrait, sans doute, offrir pareil outil.

De quoi s'agit-il ? Le lecteur clique, par exemple, sur un petit logo représentant un téléphone. Rentre son numéro de tél. Dans les quelques secondes qui suivent, son téléphone sonne et le voilà en contact avec l'annonceur. Annonceur qui paye l'appel.

La solution utilisée est proposée par Software Innovations Inc.

Qu'en dites-vous ?

Mar 7, 2007

USA Today.com refond sa formule et se met à l'heure web 2.0


Le site de USA Today vient d'opérer un changement radical de design, d'organisation et... d'esprit. Le voilà sous le signe du web 2.0 et des médias sociaux. Tous les ingrédients sont là, ou presque.

USA Today voulait de la conversation. Il en a. Le changement n'a pas l'air de faire que des heureux. 95% des 347 commentaires sur le sujet, que je viens de parcourir ici, sont négatifs. Et agressivement négatifs. Vous me direz : 347 commentaires sur des millions de visiteurs, il faut sans doute relativiser.

Je serais assez d'accord avec eux pour dire que la navigation/hergonomie du site n'est pas ce qu'on a vu de mieux. Par exemple, il n'est jamais très bon que le système de navigation change d'une page sur l'autre. Pas "user friendly" comme on dit ici. Je ne suis pas non plus très convaincu de ces pages comme coupées en deux dans le sens de la hauteur. L'oeil a du mal à faire un choix.

Mais ceci dit, le nouveau site met à la disposition des internautes toute une panoplie pour participer à la conversation de l'info et créer une communauté autour de la marque. Comme par exemple :

1- Création d'un espace communautaire gratuit. S'enregistrer vous permet de :
- Créer votre profile
- Commenter et retrouver les commentaires que vous avez fait sur le site
- Créer votre blog
- Rentrer en contact avec d'autres membres de la communauté
- Créer votre album photo
- Créer votre communauté d'amis façon My SpacePour ce faire, ils ont utilisé la solution que propose Pluck.

2- Possibiliter d'aggréger sur votre page les actus qui viennent d'autres sources extérieures à USA Today. L'espace s'appelle : Across the web. Il va sans dire que cette ouverture aux autres est une révolution. Nous l'avons défendue à plusieurs reprises sur ce blog. L'avenir nous dira si cette ouverture paye. Et si c'est trop compliqué ou pas pour l'internaute moyen.

3- Possibiliter de commenter, tagger et recommander (digg-like) l'ensemble des articles.

Le tournant est radical pour un quotidien. Comme tout changement, il fait des grincheux et des mécontents. Mais, certains le trouveront sans doute encore trop timide. En tout cas, ce site va nous permettre d'observer les réactions des internautes face à un média traditionnel qui se lance dans le média social. On croise les doigts pour USA Today.

Aquitaine numérique consacre un dossier à la révolution web dans les médias

"Les médias d'information bousculés par internet", c'est le titre du nouveau dossier de L'Aquitaine Numérique que m'a fait parvenir, hier soir, son auteur Éric Culnaërt, responsable de la veille Aquitaine Europe Communication. Vous pouvez le lire et le téléchargé ici.

Je viens dans finir la lecture à l'instant. Le dossier est complet. Il a, entre autre, le mérite de réunir des éléments, des réflexions et des chiffres que vous trouvez dispersés sur les blogs de ceux qui suivent les média, comme votre serviteur.

Il a aussi le mérite d'apporter des perspectives et des éléments régionaux.

Je me rends compte que Benoît Raphaël en a fait un bon résumé sur son blog (ici). Je ne m'attarde donc pas plus longtemps.

La loi sur la délinquance menace-t-elle les bloggers et le "journalisme citoyen" ?

Un blogger ou un simple citoyen qui filme ou photographie un acte de violence, comme par exemple, le tabassage par la police de Los Angeles de Rodney King en 1991, puis en publie (ou pas d'ailleurs) le résultat sur un site privé, est-il devenu un délinquant en France ?

C'est ce que semble dire l'article 26 bis A de la loi dite "Sarkozy" sur la délinquance. Loi qui a été approuvée, le 3 mars dernier, par le Conseil constitutionnelle. Un article qui fait parler de lui dans la presse et sur le web anglo-saxon (ici, ici ou encore ici et ici). Que dit-il ?

« Art. 222-43-2.Est constitutif d’un acte de complicité des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne prévues par les articles 222-1 à 222-14-1 et 222-23 à 222-31 et est puni des peines prévues par ces articles le fait d’enregistrer sciemment par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission de ces infractions.

« Le fait de diffuser l’enregistrement de telles images est puni de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

« Le présent article n’est pas applicable lorsque l’enregistrement ou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice. »

Pour info, vous pouvez accèder (ici) au détail des articles du code pénal cités plus haut. Il s'agit des actes de torture et de barbarie, des violences et des agressions sexuelles.

Il ne semble donc pas que cet article 26 bis A ait été supprimé (corrigez-moi si je me trompe). Article qui, rédigé ainsi, donne à la presse le monopole de l'information sur les faits violents. Et de fait, criminalise les bloggers et autres "journalistes citoyens" qui couvriraient ce genre de sujets.

Est-ce que je n'ai rien pigé ? Ou est-ce que vous comprenez la même chose que moi ? Qu'en dites-vous ?

Mar 6, 2007

USA : Première arrête son édition papier

Selon un article du quotidien populaire américain, le New York Post, le magazine Première va arrêter son édition américaine. Le titre, du groupe Hachette-Filipacchi Media, devrait publier son dernier numéro en avril et continuer en ligne... seulement.

Reste à savoir combien de temps la version web va résister. Le site étant d'une grande pauvreté de contenu avec comme seul outil communautaire, son forum.

En tout cas, le web n'a pas sauvé la marque papier. Et, la marque papier n'a pas permis de lancer un site web leader sur sa niche. Une démonstration de plus qu'il ne suffit pas d'avoir du contenu et une marque pour faire un bon site et attirer de l'audience.

(source : NY Post via Paidcontent)