Nov 15, 2007

USA : Recul de 20% de la croissance du revenu publicitaire de la presse quotidienne en ligne

La croissance du chiffre d'affaires publicitaire des sites de la presse quotidienne américaine a baissé de 20% pour la première moitié de l'année 2007, selon un rapport de la NAA (Newspaper Association of America). Des journaux habitués à une progression de 30% à 40% par an depuis quelques années.

L'explication qu'avancent certains analystes : les prix trop élevés de la publicité sur les sites des journaux face à une concurrence de plus en plus nombreuse et moins chère. Les petites annonces seraient particulièrement touchées avec la multiplication des sites gratuits. PA qui représentent en général 70% du revenu des sites de presse.

En même temps, le nombre de personnes ayant visité un site de presse quotidienne en juillet 2007 a augmenté de 9% par rapport à la même période en 2006. Soit 59,6 millions de visiteurs pour 2,8 milliards de pages vues. Mais c'est toujours moins que le record de mai 2004 qui était de 60.3 millions.

D'ailleurs, quand on y regarde de plus prêt, on se rend compte que l'audience de la très grande majorité des sites de la presse quotidienne baisse ou, au mieux, stagne. Seuls quelques-uns, comme par exemple le New York Times ou USA Today, sont en progression.

Le temps passé sur les sites de presse augment de 1%, passant à 43 minutes par mois. Soit environ 1,4 minutes par jour. Pour info, la moyenne de consultation d'une page serait de 45 secondes, selon les derniers chiffres de Nielsen. Un internaute en visiterait 1,500 par mois, en 34 sessions, sur 69 sites (aux USA).

Alan Mutter a décortiqué le rapport. Il nous apprend (ici) que le temps passé sur les dix sites les plus actifs de presse quotidienne aux USA n'a été que de 12 minutes par mois entre mars et août. Chiffres qu'il compare avec ceux des dix plus grands sites américains qui connaissent un temps de connexion moyen de 1 heure 14 minutes et 40 secondes. Soit presque le double.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?

Nov 13, 2007

Murdoch veut passer le Wall Street Journal en ligne gratuit

Murdoch veut multiplier par dix minimum le nombre d'abonnés au WJS.com, le site du Wall Street Journal. "We are studying it and we expect to make that free, and instead of having 1 million (subscribers) having at least 10-15 million in every corner of the earth" a-t-il déclaré lors d'une réunion d'actionnaires en Australie. Comment ? En passant le site gratuit.

WJS.com est l'un des derniers remparts du payant en ligne mais, sans doute, le plus symbolique. Si le deal se conclut à la fin du moi entre Murdoch et l'éditeur Dow Jones, le rempart devrait donc tomber. Une folie selon vous ?

Le site du New York Times s'ouvre aux contenus extérieurs


Ce n'est pas une première, mais c'est un pas de géant lorsqu'une institution comme le New York Times ouvre ses colonnes à des contenus extérieurs. C'est donc sur son site, dans ses nouvelles pages techno, que l'on peut trouver des liens vers des articles d'autres sites.

L'initiative est à saluer. USA Today et le Washington Post avaient ouvert la route à cette pratique. On espère que le NYT ne va pas s'arrêter là et ouvrir l'ensemble de ses rubriques à l'apport de contenus extérieurs.

On espère également que cette pratique va inspirer d'autres supports et permettre la mise en place d'idées du même genre pour améliorer le service rendu aux lecteurs. En voyez-vous d'autres que vous aimeriez avoir sur vos sites de presse préférés ?

Nov 12, 2007

France : économie en 1re ES ou l'illustration du bourrage de crâne

Histoire d'en rajouter une couche sur l'école et les programmes scolaires. Et j'arrêterai là, en tout cas pour cette semaine, pour revenir aux médias dans mon prochain post. J'ai passé huit heures, ce samedi, à aider ma fille à faire ses devoirs d'économie. Elle est en 1re ES (programme français). Oui, vous avez bien lu. Huit heures !

Elle était visiblement perdue. Je me suis donc plongé dans son cours et son livre d'économie. Je passe la dose de travail perso demandée. Ridicule. Là, je me rends compte qu'en quelques semaines et quelques heures de cours, l'Éducation nationale et ceux qui conçoivent les programmes scolaires – des profs – demandent à un enfant de 16 à 17 ans d'assimiler les choses suivantes : la notion de la monnaie ; ses implications politiques ; le fonctionnement du système monétaire ; le rôle d'une Banque centrale ; ce qu'est un banque commerciale ; l'inflation ; la mesure de la masse monétaire ; la monnaie fiduciaire ; la monnaie scripturale ; le crédit ; les taux d'intérêts ; les établissements de crédits ; les IFM ; la destruction ou/et la création monétaire ; le rôle des exportations dans la création monétaire. Ce qu'est une devise, un taux de change. Ce qu'est un actif et ce qu'est un passif. Si la monnaie est neutre ou pas et donc la théorie quantitativiste, la conception monétariste de Friedman et celle de Keynes... Et j'en oublie. On est dans le ridicule absolu.

Je ne vous parle pas des textes du livre. Pas un pour racheter l'autre. Une accumulation de mots et de notions incompréhensibles par un ado. Extrait : " La Banque centrale émet deux types de monnaies : les billets, pour lesquels elle a un monopole, et de la monnaie scripturale qui circule essentiellement entre les intermédiaires financiers. Tous les établissements de crédit, ainsi que le Trésor public dont la Banque de France gère les disponibilités, ont obligation de détenir un compte courant à la Banque de France qui leur permet de règler entre eux leurs dettes. (...) De plus la Banque centrale gère les réserves de change du pays : les banques s'adressent à elle pour acheter ou vendre des devises étrangères lorsqu'elles ne peuvent équilibrer ces opérations entre elles sur le marché des changes. Ce rôle de "banque des banques" donne à sa monnaie - la monnaie centrale - une importance capitale dans la réalisation de l'unité du système monétaire." etc, etc.

Les six ou sept documents à expliquer sont du même acabis. Sans mentionner les questions dont certaines sont clairement formulées pour mettre en difficulté l'élève. Je fais d'un cas une généralité ? Je vous invite à vous plonger dans les livres scolaires de vos enfants. C'est affolant, je vous assure. On se demande quand les auteurs de ces programmes, et des livres qui vont avec, ont travaillé avec un enfant pour la dernière fois.

Des études ont été réalisées aux États-Unis sur la lisibilité d'un texte. Ces études sont celles de Rudolf Flesch et de J. Peter Kincaid. Elles proposent des formules (ici) pour calculer le score de lisibilité. Word, par exemple, les utilise. Vous pouvez calculer ce score pour vos documents (fonctionne mieux en anglais). Le saviez-vous ? Quoi qu'il en soit, ces études n'ont pas dû arriver jusqu'à nos créateurs de programmes scolaires. On les utilise pourtant dans les écoles de journalisme françaises. Je les ai utilisées personnellement quand j'ai travaillé à la création des quotidiens pour enfants.

Je me demande si les médias n'ont pas un rôle à jouer ici, eux qui cherchent à toucher les jeunes générations. Je ne sais pas lequel. Mais, si j'étais eux, je me poserais la question. En éco, par exemple, il y a de quoi faire. Des idées ?

-------------------
"Dans la vie, il y a deux catégories d'individus:
ceux qui regardent le monde tel qu'il est et se demandent pourquoi.
Ceux qui imaginent le monde tel qu'il devrait être et qui se disent: pourquoi pas?"
George Bernard Shaw

Nov 10, 2007

L'école et les médias même combat ? Ou peut-on continuer à enseigner comme il y a 60 ans ?

Je dis souvent dans les salles de rédaction : êtes-vous certains que vous avez bien en tête les générations de l'écran. Je dis "les" car, elles sont maintenant multiples. Ce sont les - 35 ans. Ces générations qui consomment quasiment tous leurs médias sur écran : télé, ordinateur, ipod, consoles de jeux, téléphone portable et autres appareils électroniques sans fil.

Et, j'ai envie de dire la même chose aux profs quand je vois la façon dont la très grande majorité d'entre eux enseignent toujours. Avez-vous bien en tête les générations de "regardeurs" d'écran que vous avez en face de vous ?

La réponse, dans les deux cas (journalistes et profs) est NON. Un grand NON. J'ai toujours été passionné par l'éducation. Elle est le fondement de tout. Et elle a très peu changé depuis soixante ans.

Prenons un exemple simple. Pourquoi demande-t-on encore à nos enfants d'écrire avec un stylo sur une feuille ? Quel en est le sens ? Parce qu'un ordi c'est trop cher ? Que l'Éducation Nationale arrête d'acheter des livres aux éditeurs puis, dans l'enseignement secondaire, de demander aux parents de le faire. Qu'elle les pousse à mettre leurs contenus en ligne. Il serait ainsi facile de les mettre à jour toute l'année, d'ajouter des liens et d'autres contenus. Des contenus multimédias avec son son, vidéo, textes, images et moteur de recherches pour trouver l'ensemble. On pourrait mettre en place un système d'abonnement par élève pour rémunerer les éditeurs. Plus de livres, le coût serait moins élevé pour l'Etat. Mais aussi pour les parents. Ce serait plus écologique. Imaginez le coût d'impression de tous ces livres chaque année. Avec les millions d'euros économisés, l'Education nationale aurait les moyens d'acheter un ordi aux élèves. D'ailleurs, la rémunération aux éditeurs pourraient comprendre un ordinateur par élève.

Les élèves feraient leurs exercices sur Google doc ou autres logiciels partageables. Voire publieraient sous forme de blog leur travail. Car comme le dit l'éducateur et blogger Québecois Mario Asselin, et j'en suis moi aussi persuadé, quand on a un public, on est plus motivé.

Mais, ce n'est pas l'ordinateur qui va changer la face de nos méthodes d'enseignement. Ce sont les profs et ceux qui font les programmes. Inutile de dire que, là non plus, l'imagination n'est pas au pouvoir. Je ne remets pas en cause la dédication de biens des profs. Je remets en cause la façon dont on enseigne qui n'évolue pas et ce qu'on enseigne. Je remets aussi en cause la façon dont sont faits les livres scolaires. Le papier est, en plus et sans doute (de nos jours), l'un des plus mauvais supports pédagogiques.

Un enseignement qui n'est ni fait pour les élèves intelligents. Ni fait pour les élèves en difficulté. Un enseignement sans imagination (on peut être dédié à ce qu'on fait mais être d'un ennui terrifiant). C'est un enseignement pour ceux qui rentrent parfaitement dans le moule.

McKinsey vient de rendre public un rapport sur l'éducation. Son objectif : comprendre ce qui fait que des élèves ont de meilleurs résultats que d'autres. Pour cela, ils ont fait le tour du monde de l'enseignement. La réponse est simple. Est-ce le nombre d'élèves par classe ? Non. Est-ce les moyens financiers ? Non. Est-ce le salaire des profs ? Non. Ce sont les profs. Les meilleurs élèves sont ceux qui ont les meilleurs profs.

Il est aussi intéressant d'avoir en tête deux études qui en disent long et que j'ai découvertes sur cancres.com. Un excellent site, au passage, que tous parents devraient visiter.

La première, connue sous le nom de "Pygmalion", est celle menée par Rosenthal, un psychologue américain. "En début d’année scolaire, il renseignait les professeurs sur les résultats qu’avaient obtenus les élèves à des tests d’intelligence ; mais ces résultats étaient tout à fait fantaisistes : les scores avaient été choisis au hasard. Or en fin d’année, les enfants qui à leur insu avaient été notés comme étant doués avaient progressé, et à l’inverse ceux dont on avait dit qu’ils avaient un faible Q.I. avaient eu une année très moyenne, voire avaient régressé," raconte l'auteur du site cancres.com.

Et d'ajouter que cette expérience a été renouvellée sous une autre forme, avec les mêmes résultats : "Il ne s’agissait plus de donner aux enseignants de faux Q.I. mais de faux bulletins scolaires. Là encore, on a démontré que ce que pense le professeur de ses élèves influence son comportement à leur égard et se répercute sur leurs performances." Affligeant. Non ?

Posez-vous la question suivante : que voulez-vous que mon enfant soit ? Faites la liste de vos réponses. Et regardez en quoi l'école enseigne les éléments nécessaire à vos objectifs. Nous avons fait l'exercice à l'occasion d'un séminaire avec un éditeur pour enfant. Nous étions effondrés.

Prenons l'enseignement des langues. Une catastrophe dans bien des pays. Quand je vois le peu de temps passer à écouter des films dans la langue, à jouer dans la langue, à parler dans la langue. Et les heures à lire des textes de poétes ou d'écrivains du XVIIIe siècle dans un langage que PERSONNE ne parle plus, les bras m'en tombent. Ce n'est pourtant pas les supports pédagogiques qui manquent pour apprendre une langue. En particulier l'anglais.

L'école, comme les médias, a besoin d'être réformée de A à Z. D'apprendre à apprendre avant de faire du bourage de crâne inutile. De souvrir à l'extérieur. D'embrasser les nouvelles technologies, les jeux vidéos et autres supports dont le meilleur peut être tiré pour apprendre. Sortons des livres. Sortons des classes. Sortons des schémas vieux d'un siècle qui ne fonctionnent que pour une minorité. L'enseignement est partout.

Est-ce un hasard si les enfants qui réussissent le mieux à l'école sont des enfants de profs ? C'est pour quand l'école 2.0 ?

Nov 9, 2007

Médias, culture, jeux, éducation... à quoi vont-ils ressembler dans dix ans ?

Michel Dumais nous a demandé de lire dans une boule de cristal pour son émission "Citoyen numérique", sur CIBL, une radio de Montréal. A quoi vont ressembler les médias, les jeux vidéos, la culture, le marketing, l'école... dans dix ans.

Vous pouvez écouter les interventions des invités, dont votre serviteur, sur le site de l'émission à l'aide du player (photo ci-dessus ). Elles sont toutes sympas. J'ai beaucoup aimé l'intervention de Mario Asselin sur l'école. J'aurais aussi tellement à dire sur le sujet.

Nov 6, 2007

Google, en lançant son système d'exploitation pour mobile open source, renforce sa force de frappe publicitaire

Après des mois de rumeurs sur la création d'un téléphone portable Google, hier le géant californien a encore surpris en annonçant le lancement d'un système d'exploitation pour les mobiles. Son nom : Android. Il fonctionnera sur le modèle de l'open source. Autrement dit, les développeurs extérieurs à Google pourront y greffer de nouvelles applications.

Android sera ouvert aux développeurs la semaine prochaine. Les premiers téléphones utilisant cette plateforme devraient faire leur apparition au printemps 2008.

Google a mis en place un partenariat avec 33 entreprises du secteur de la téléphonie mobile dont T-Mobile, Motorola, Sprint... Objectif déclaré : étendre les capacités du téléphone portable et le faire rentrer dans l'univers du web 2.0: réseaux sociaux, jeux vidéos en ligne... C'est aussi l'occasion pour Google de placer simplement toutes ses applications dans l'univers du mobile.

Le business model ? La pub encore une fois. Les experts annoncent son apparition en force sur le marché du mobile dans les prochaines années. Il va sans dire que les capacités de géolocalisation ouvrent la porte à tout un marché publicitaire basé sur la proximité. Les opérateurs toucheront-ils une partie de ces recettes ? C'est ce qu'il semble être la stratégie.

Google est entrain d'étendre les capacités de son réseau publicitaire. En entrant sur le marché du mobile, il augmente ses capacités de geotargeting et donc sa capacité à grignoter les parts du marché publicitaire local. Marché dont Google connaît le volume et le potentiel financier. Welcome dans Media 3.0.