Dec 21, 2007

Atelier des médias sur RFI : la bataille des médias sur le net en Pologne


Krzysztof Urbanowicz,
patron de 5W Mignon-Media en Europe de l'Est, a été interrogé dans le cadre de l'émission française "l'Atelier des médias", de Philippe Couve, sur RFI. Objectif : "Commenter la bataille qui est engagée en Pologne notamment pour conquérir le public le plus jeune. Une bataille dans laquelle les médias se sont lancés avec les sites communautaires."

Vous pouvez écouter l'intégralité de l'interview (12 mn, en français) ici
.

Dec 20, 2007

France : le net en chiffres en septembre 2007

Voici quelques chiffres sur le net en France selon Interactive Advertising Bureau en France :
  • 28,6 millions d'internautes (+ 5 points sur les 35-49 ans et les + de 65 ans)
  • 86,9% des internautes à domicile ont un accès internet haut débit (vs 83% au 1er semestre 2006)
  • 51 minutes de temps de connection, en moyenne, au quotidien (en augmentation)
  • 85% des internautes ont des écrans avec une définition de 1024 x 768 et +
  • 2,433 annonceurs en ligne (vs 1,534 au 1er semestre 2006, soit +58%)
  • + 40% pour les investissements en ligne au 1er semestre 2007 par rapport au 1er semestre 2006

Petites Annonces : de 150 millions à 25 millions annuels pour le Figaro

La petite annonce payante est entrain de s'écrouler. Pas à la même vitesse partout. Certains marchés font encore beaucoup d'argent avec les PA/classifieds. Mais la tendance générale est à la baisse. Voir à la chute vertigineuse.

Le Monde, ce matin, évoque les résultats financiers du Figaro. Et Francis Morel, directeur général, nous apprend que "Les petites annonces représentaient 150 millions d'euros en 1995, la meilleure ; elles ne pèsent plus que 25 millions cette année."

Et vous que constatez-vous sur votre marché ?

Dec 19, 2007

Nous développons les prémisses d'une rédaction virtuelle participative avec Drupal

Proposer une série de modules Drupal qui permettraient à des journalistes, free-lances, correspondants et amateurs de contribuer au contenu d'un média numérique. Voilà l'un des projets qui occupe pas mal de notre temps aux US depuis peu. Et si j'en parle, c'est parce qu'il s'agit d'un projet qui devrait être proposé en open source.

Son nom : the virtual newsroom (la rédaction virtuelle). C'est pour l'instant une expérience pour des écoles de journalistes américaines. L'idée : mettre au point, avec Drupal, un espace de travail participatif et collaboratif. L'outil permettra, en autre, à un membre d'avoir des niveaux de participation différents :
- écrire un article
- contribuer au contenu d'un article
- proposer des corrections et des changements à un article (avant et après publication)
- commenter un article
- etc.

Il lui permettra également de rejoindre un groupe ou de créer un groupe. A priori, les groupes seront organisés par zone géographique : continent, pays, état/région, county/département, ville, quartier, code postal/zip code. Et par thème et sous-thème prédéterminé, comme par exemple : sport/foot, culture/livre, politique/nationale, etc. On pourra donc adhérer au groupe : Chigago/Sport/Baseball. Ou, on pourra créer, s'il n'existe pas, le groupe : New York/Chelsea/animaux/chien.

Chaque groupe aura un outil pour connaître : l'agenda, les commandes et leur statut, qui fait quoi, etc. Ils auront aussi un espace de discussion, une sorte de wiki et de forum, où les membres du groupe pourront parler des sujets en cours ou à venir.

De nombres autres fonctionnalités sont prévues. Elles seront mis en oeuvre par phase. Nous sommes entrain de finaliser les spécifications techniques. Mais l'idée est d'avoir, si tout va bien, une beta (phase 1) dans les trois prochains mois. Beta qui sera testée par les écoles de journaliste américaines participant à l'expérience.

Vous l'aurez compris, l'intérêt de cette initiative c'est avant tout le côté open source de la plateforme et, bien sur, d'avoir un outil de travail collaboratif à niveau d'autorisations multiple. Stay tuned.

PS: l'équipe de 5W Mignon-Média travail, en autre, avec Joomla, Drupal, Wordpress, Javascript, Ajax, PHP et Actionscript/Flash.

Dec 17, 2007

USA : les pure play domineraient le marché de la pub locale en ligne cette année

Les pure play devraient récolter 43,7% des $8,5 milliards de pub locale dépensée en ligne, aux États-Unis, selon un rapport de Borrell Associates. Ils dépasseraient, pour la première fois, la presse locale quotidienne, les pages jaunes et les télé locales réunies.

Et ce, alors que les dépenses de pub locale en ligne ont encore augmenté cette année et devraient croître de 48% en 2008, pour atteindre $12,6 milliards. Les deux segments qui connaissent les meilleurs résultats sont la vidéo et le "paid search".

Si cette analyse se confirme, elle marque le changement majeur qu'est entrain de connaître le marché de la pub locale en ligne aux États-Unis. Marché que contrôlaient, il y a trois ans encore, les quotidiens locaux à 44,3%. Ils sont, aujourd'hui, à 33,4%. Car, toujours selon Borrell, les deux perdants principaux sont les quotidiens et les pages jaunes.

Et les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là. Borrell explique que quasiment tous les journaux qui pratiquent la stratégie du bundle -- vente de pub en package pour le print et le web -- ont vu la croissance de leurs revenus publicitaires en ligne se ralentir en 2007.

Ce changement ne va-t-il affecter que le marché américain ? La réponse est non. Il affecte déjà bien des marchés européens où la presse locale se demande encore, dans certains pays en tout cas, s'il faut mettre gratuitement en ligne son contenu ou pas.

Les pure play sont entrain de capter une partie des annonceurs locaux traditionnels mais, aussi, de nouveaux annonceurs. Annonceurs pour qui les médias locaux sont trop chers et/ou inadaptés à leurs cibles. Alors que les journaux, par exemple, se focalisent sur leurs annonceurs habituels et ont du mal à développer de nouvelles stratégies et donc de nouveaux produits et services pour des annonceurs avec des budgets publicitaires moins élevés.

Cette bataille sur les coûts est sans aucun doute, avec la technologie, le coeur de la problématique. Les pure play ont des coûts fixes de moins à beaucoup moins élevés que les médias traditionnels.

Le défit est donc quadruple pour la presse locale :
- fabriquer un contenu et des services qui attirent la population en ligne et qui a majoritairement moins de 35 ans
- offrir des tarifs compétitifs pour augmenter la pénétration de son marché publicitaire locale
- proposer une solution technique qui permet aux annonceurs de commander, payer, créer, modifier et cibler facilement leurs campagnes pub en ligne
- et réduire les coûts de production de ses contenus et de ses services

La presse locale a pris, majoritairement le train en retard et en marche. Ce ne sont pas deux ou trois gadgets web 2.0 à la mode qui vont la sortir de la situation dans laquelle elle s'est mise. C'est une réinvention majeure qu'elle a, dans son ensemble, besoin de mettre en route. C'est une ouverture sans précédent qu'elle a besoin d'opérer. Mais aura-t-elle la force de balayer les conservatismes nécessaire à cette révolution ? Réponse au cours des prochaines années.

Dec 13, 2007

Skyrock, a major French radio station, is now making more money with its online operation than with the radio

It is big news. The leading French radio station for teens and young adults, Skyrock, is making more money online than on the air. Just five years after they launched their site. The radio is expecting 15 million in annual revenue. The online revenue will surpass it.

In 2002, Skyrock launched a blog platform: Skyblog. The service quickly picked up. Today, they claim 12.4 million active blogs and 20.4 million registered users. The radio station has 3.7 million daily listeners. Remember that France has 60 million inhabitants. It makes it even more impressive.

Their blog platform, alone, is valued at $450 million.

The lesson is BIG. It shows that certain traditional media can, if they make the right moves and invest now for the future, make more money online than with their traditional business. Of course, it is not going to be true for everybody. But, Skyrock is demonstrating to the numerous skeptics that it is possible.

Dec 11, 2007

Poland: Media Regionalne websites passed the 1 million unique monthly visitors



Congratulations to Media Regionalne websites team, they have passed the 1 million monthly unique visitors. In a little bit more than one year, they have tripled their traffic. They are now ranked among the fourteen largest news websites in Poland.

Media Regionalne are publishing twelve websites. They are covering local news and are the online arms of their print publications. NTO.pl is one of them.

5W Mignon-Media
is happy to have helped the Media Regionalne websites team on the rethinking of their websites in 2006.

Dec 10, 2007

Newyorktimes.com gratuit : 7,5 millions de nouveaux visiteurs uniques en trois mois

Les chiffres viennent de tomber. Et ils sont spectaculaires : +64% sur trois mois. Depuis que le New York Times offre gratuitement une grande partie de ses archives et a supprimé le mur payant pour accéder à ses chroniqueurs, l'audience grimpe à une vitesse vertigineuse. Techcrunch rapporte ici les chiffres de comScore (en anglais).

On est passé de 11,8 millions de visiteurs uniques en août 2007, à 19,4 millions en octobre dernier. Soit : + 7,5 millions de nouveaux visiteurs uniques en trois mois. Pour mettre en perspective, le site de Businessweek a totalisé, en octobre, un total de 4,4 millions de VU et celui du Wall Street Journal, 3,5 millions.

Eric Baillargeon, spécialiste en rayonnement web et notre spécialiste du référencement à 5W Mignon-Média, a testé le site du New York Times. Il pense que le nombre de visiteurs uniques devrait approcher les 40 millions d'ici à mars 2008. La moitié moins que son pronostic de départ. Pour info, j'ai parié 26 millions de VU.

Rapide interview :

Eric, 40 millions c'est en dessous de ton premier pronostic. Un problème avec la qualité du référencement?
"La recherche des archives est classique. C'est du "plein texte". Donc, pas dès plus efficace. Qui plus est, ils ont conservé l'ordre de la balise Title : Catégorie - Sous-catégorie - Titre de l'article..."

Qu'est-ce qu'ils auraient dû faire avec la balise Title ?
"Ils auraient dû organiser de la façon suivante : titre de l'article - sous catégorie - catégorie. Le rapport de proximité entre la sous-catégorie et les mots-clés du titre est plus importante qu'avec une mot-clé plus vaste comme la catégorie."

Et pour le "plein texte" ?
"Ils devraient rajouter des champs "keywords" invisibles mais qui permettrait au moteur de recherche qui scannent les archives d'avoir des résultats beaucoup plus pertinants. Autrement dit, attacher des mots clés "cachés" au contenu. Ces mots clés peuvent être générés par des scripts assez simples. Le New York Times dort sur un énorme gisement d'informations mais le tuyau de forage est trop petit."

La presse écrite, et la presse quotidienne en particulier, est assise sur un gisement. Nous répétons, à qui veut bien l'entendre et depuis plusieurs années, que la mise en ligne gratuite des archives devrait être une des premières décisions stratégiques. Les chiffres nous donnent encore une fois raison.

Dec 4, 2007

Busy, busy... working

I do have to apologize for not writing in a while. The end of this year has been really crazy... but a good crazy. We are working on a lot of different projects in North America and Europe and, also, moving ahead with our business venture itsmynews.

This is the occasion to send a big thanks to the wonderful and dedicated international 5W Mignon-Media team. They are doing a great job helping our clients to launch new print, online and multimedia projects and to rethink business strategies.

Thanks for continuing to read my blog. I'll be back and writing very soon. If you have any suggestions, please tell me. I'll be more than happy to hear from you.

Nov 15, 2007

USA : Recul de 20% de la croissance du revenu publicitaire de la presse quotidienne en ligne

La croissance du chiffre d'affaires publicitaire des sites de la presse quotidienne américaine a baissé de 20% pour la première moitié de l'année 2007, selon un rapport de la NAA (Newspaper Association of America). Des journaux habitués à une progression de 30% à 40% par an depuis quelques années.

L'explication qu'avancent certains analystes : les prix trop élevés de la publicité sur les sites des journaux face à une concurrence de plus en plus nombreuse et moins chère. Les petites annonces seraient particulièrement touchées avec la multiplication des sites gratuits. PA qui représentent en général 70% du revenu des sites de presse.

En même temps, le nombre de personnes ayant visité un site de presse quotidienne en juillet 2007 a augmenté de 9% par rapport à la même période en 2006. Soit 59,6 millions de visiteurs pour 2,8 milliards de pages vues. Mais c'est toujours moins que le record de mai 2004 qui était de 60.3 millions.

D'ailleurs, quand on y regarde de plus prêt, on se rend compte que l'audience de la très grande majorité des sites de la presse quotidienne baisse ou, au mieux, stagne. Seuls quelques-uns, comme par exemple le New York Times ou USA Today, sont en progression.

Le temps passé sur les sites de presse augment de 1%, passant à 43 minutes par mois. Soit environ 1,4 minutes par jour. Pour info, la moyenne de consultation d'une page serait de 45 secondes, selon les derniers chiffres de Nielsen. Un internaute en visiterait 1,500 par mois, en 34 sessions, sur 69 sites (aux USA).

Alan Mutter a décortiqué le rapport. Il nous apprend (ici) que le temps passé sur les dix sites les plus actifs de presse quotidienne aux USA n'a été que de 12 minutes par mois entre mars et août. Chiffres qu'il compare avec ceux des dix plus grands sites américains qui connaissent un temps de connexion moyen de 1 heure 14 minutes et 40 secondes. Soit presque le double.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?

Nov 13, 2007

Murdoch veut passer le Wall Street Journal en ligne gratuit

Murdoch veut multiplier par dix minimum le nombre d'abonnés au WJS.com, le site du Wall Street Journal. "We are studying it and we expect to make that free, and instead of having 1 million (subscribers) having at least 10-15 million in every corner of the earth" a-t-il déclaré lors d'une réunion d'actionnaires en Australie. Comment ? En passant le site gratuit.

WJS.com est l'un des derniers remparts du payant en ligne mais, sans doute, le plus symbolique. Si le deal se conclut à la fin du moi entre Murdoch et l'éditeur Dow Jones, le rempart devrait donc tomber. Une folie selon vous ?

Le site du New York Times s'ouvre aux contenus extérieurs


Ce n'est pas une première, mais c'est un pas de géant lorsqu'une institution comme le New York Times ouvre ses colonnes à des contenus extérieurs. C'est donc sur son site, dans ses nouvelles pages techno, que l'on peut trouver des liens vers des articles d'autres sites.

L'initiative est à saluer. USA Today et le Washington Post avaient ouvert la route à cette pratique. On espère que le NYT ne va pas s'arrêter là et ouvrir l'ensemble de ses rubriques à l'apport de contenus extérieurs.

On espère également que cette pratique va inspirer d'autres supports et permettre la mise en place d'idées du même genre pour améliorer le service rendu aux lecteurs. En voyez-vous d'autres que vous aimeriez avoir sur vos sites de presse préférés ?

Nov 12, 2007

France : économie en 1re ES ou l'illustration du bourrage de crâne

Histoire d'en rajouter une couche sur l'école et les programmes scolaires. Et j'arrêterai là, en tout cas pour cette semaine, pour revenir aux médias dans mon prochain post. J'ai passé huit heures, ce samedi, à aider ma fille à faire ses devoirs d'économie. Elle est en 1re ES (programme français). Oui, vous avez bien lu. Huit heures !

Elle était visiblement perdue. Je me suis donc plongé dans son cours et son livre d'économie. Je passe la dose de travail perso demandée. Ridicule. Là, je me rends compte qu'en quelques semaines et quelques heures de cours, l'Éducation nationale et ceux qui conçoivent les programmes scolaires – des profs – demandent à un enfant de 16 à 17 ans d'assimiler les choses suivantes : la notion de la monnaie ; ses implications politiques ; le fonctionnement du système monétaire ; le rôle d'une Banque centrale ; ce qu'est un banque commerciale ; l'inflation ; la mesure de la masse monétaire ; la monnaie fiduciaire ; la monnaie scripturale ; le crédit ; les taux d'intérêts ; les établissements de crédits ; les IFM ; la destruction ou/et la création monétaire ; le rôle des exportations dans la création monétaire. Ce qu'est une devise, un taux de change. Ce qu'est un actif et ce qu'est un passif. Si la monnaie est neutre ou pas et donc la théorie quantitativiste, la conception monétariste de Friedman et celle de Keynes... Et j'en oublie. On est dans le ridicule absolu.

Je ne vous parle pas des textes du livre. Pas un pour racheter l'autre. Une accumulation de mots et de notions incompréhensibles par un ado. Extrait : " La Banque centrale émet deux types de monnaies : les billets, pour lesquels elle a un monopole, et de la monnaie scripturale qui circule essentiellement entre les intermédiaires financiers. Tous les établissements de crédit, ainsi que le Trésor public dont la Banque de France gère les disponibilités, ont obligation de détenir un compte courant à la Banque de France qui leur permet de règler entre eux leurs dettes. (...) De plus la Banque centrale gère les réserves de change du pays : les banques s'adressent à elle pour acheter ou vendre des devises étrangères lorsqu'elles ne peuvent équilibrer ces opérations entre elles sur le marché des changes. Ce rôle de "banque des banques" donne à sa monnaie - la monnaie centrale - une importance capitale dans la réalisation de l'unité du système monétaire." etc, etc.

Les six ou sept documents à expliquer sont du même acabis. Sans mentionner les questions dont certaines sont clairement formulées pour mettre en difficulté l'élève. Je fais d'un cas une généralité ? Je vous invite à vous plonger dans les livres scolaires de vos enfants. C'est affolant, je vous assure. On se demande quand les auteurs de ces programmes, et des livres qui vont avec, ont travaillé avec un enfant pour la dernière fois.

Des études ont été réalisées aux États-Unis sur la lisibilité d'un texte. Ces études sont celles de Rudolf Flesch et de J. Peter Kincaid. Elles proposent des formules (ici) pour calculer le score de lisibilité. Word, par exemple, les utilise. Vous pouvez calculer ce score pour vos documents (fonctionne mieux en anglais). Le saviez-vous ? Quoi qu'il en soit, ces études n'ont pas dû arriver jusqu'à nos créateurs de programmes scolaires. On les utilise pourtant dans les écoles de journalisme françaises. Je les ai utilisées personnellement quand j'ai travaillé à la création des quotidiens pour enfants.

Je me demande si les médias n'ont pas un rôle à jouer ici, eux qui cherchent à toucher les jeunes générations. Je ne sais pas lequel. Mais, si j'étais eux, je me poserais la question. En éco, par exemple, il y a de quoi faire. Des idées ?

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"Dans la vie, il y a deux catégories d'individus:
ceux qui regardent le monde tel qu'il est et se demandent pourquoi.
Ceux qui imaginent le monde tel qu'il devrait être et qui se disent: pourquoi pas?"
George Bernard Shaw

Nov 10, 2007

L'école et les médias même combat ? Ou peut-on continuer à enseigner comme il y a 60 ans ?

Je dis souvent dans les salles de rédaction : êtes-vous certains que vous avez bien en tête les générations de l'écran. Je dis "les" car, elles sont maintenant multiples. Ce sont les - 35 ans. Ces générations qui consomment quasiment tous leurs médias sur écran : télé, ordinateur, ipod, consoles de jeux, téléphone portable et autres appareils électroniques sans fil.

Et, j'ai envie de dire la même chose aux profs quand je vois la façon dont la très grande majorité d'entre eux enseignent toujours. Avez-vous bien en tête les générations de "regardeurs" d'écran que vous avez en face de vous ?

La réponse, dans les deux cas (journalistes et profs) est NON. Un grand NON. J'ai toujours été passionné par l'éducation. Elle est le fondement de tout. Et elle a très peu changé depuis soixante ans.

Prenons un exemple simple. Pourquoi demande-t-on encore à nos enfants d'écrire avec un stylo sur une feuille ? Quel en est le sens ? Parce qu'un ordi c'est trop cher ? Que l'Éducation Nationale arrête d'acheter des livres aux éditeurs puis, dans l'enseignement secondaire, de demander aux parents de le faire. Qu'elle les pousse à mettre leurs contenus en ligne. Il serait ainsi facile de les mettre à jour toute l'année, d'ajouter des liens et d'autres contenus. Des contenus multimédias avec son son, vidéo, textes, images et moteur de recherches pour trouver l'ensemble. On pourrait mettre en place un système d'abonnement par élève pour rémunerer les éditeurs. Plus de livres, le coût serait moins élevé pour l'Etat. Mais aussi pour les parents. Ce serait plus écologique. Imaginez le coût d'impression de tous ces livres chaque année. Avec les millions d'euros économisés, l'Education nationale aurait les moyens d'acheter un ordi aux élèves. D'ailleurs, la rémunération aux éditeurs pourraient comprendre un ordinateur par élève.

Les élèves feraient leurs exercices sur Google doc ou autres logiciels partageables. Voire publieraient sous forme de blog leur travail. Car comme le dit l'éducateur et blogger Québecois Mario Asselin, et j'en suis moi aussi persuadé, quand on a un public, on est plus motivé.

Mais, ce n'est pas l'ordinateur qui va changer la face de nos méthodes d'enseignement. Ce sont les profs et ceux qui font les programmes. Inutile de dire que, là non plus, l'imagination n'est pas au pouvoir. Je ne remets pas en cause la dédication de biens des profs. Je remets en cause la façon dont on enseigne qui n'évolue pas et ce qu'on enseigne. Je remets aussi en cause la façon dont sont faits les livres scolaires. Le papier est, en plus et sans doute (de nos jours), l'un des plus mauvais supports pédagogiques.

Un enseignement qui n'est ni fait pour les élèves intelligents. Ni fait pour les élèves en difficulté. Un enseignement sans imagination (on peut être dédié à ce qu'on fait mais être d'un ennui terrifiant). C'est un enseignement pour ceux qui rentrent parfaitement dans le moule.

McKinsey vient de rendre public un rapport sur l'éducation. Son objectif : comprendre ce qui fait que des élèves ont de meilleurs résultats que d'autres. Pour cela, ils ont fait le tour du monde de l'enseignement. La réponse est simple. Est-ce le nombre d'élèves par classe ? Non. Est-ce les moyens financiers ? Non. Est-ce le salaire des profs ? Non. Ce sont les profs. Les meilleurs élèves sont ceux qui ont les meilleurs profs.

Il est aussi intéressant d'avoir en tête deux études qui en disent long et que j'ai découvertes sur cancres.com. Un excellent site, au passage, que tous parents devraient visiter.

La première, connue sous le nom de "Pygmalion", est celle menée par Rosenthal, un psychologue américain. "En début d’année scolaire, il renseignait les professeurs sur les résultats qu’avaient obtenus les élèves à des tests d’intelligence ; mais ces résultats étaient tout à fait fantaisistes : les scores avaient été choisis au hasard. Or en fin d’année, les enfants qui à leur insu avaient été notés comme étant doués avaient progressé, et à l’inverse ceux dont on avait dit qu’ils avaient un faible Q.I. avaient eu une année très moyenne, voire avaient régressé," raconte l'auteur du site cancres.com.

Et d'ajouter que cette expérience a été renouvellée sous une autre forme, avec les mêmes résultats : "Il ne s’agissait plus de donner aux enseignants de faux Q.I. mais de faux bulletins scolaires. Là encore, on a démontré que ce que pense le professeur de ses élèves influence son comportement à leur égard et se répercute sur leurs performances." Affligeant. Non ?

Posez-vous la question suivante : que voulez-vous que mon enfant soit ? Faites la liste de vos réponses. Et regardez en quoi l'école enseigne les éléments nécessaire à vos objectifs. Nous avons fait l'exercice à l'occasion d'un séminaire avec un éditeur pour enfant. Nous étions effondrés.

Prenons l'enseignement des langues. Une catastrophe dans bien des pays. Quand je vois le peu de temps passer à écouter des films dans la langue, à jouer dans la langue, à parler dans la langue. Et les heures à lire des textes de poétes ou d'écrivains du XVIIIe siècle dans un langage que PERSONNE ne parle plus, les bras m'en tombent. Ce n'est pourtant pas les supports pédagogiques qui manquent pour apprendre une langue. En particulier l'anglais.

L'école, comme les médias, a besoin d'être réformée de A à Z. D'apprendre à apprendre avant de faire du bourage de crâne inutile. De souvrir à l'extérieur. D'embrasser les nouvelles technologies, les jeux vidéos et autres supports dont le meilleur peut être tiré pour apprendre. Sortons des livres. Sortons des classes. Sortons des schémas vieux d'un siècle qui ne fonctionnent que pour une minorité. L'enseignement est partout.

Est-ce un hasard si les enfants qui réussissent le mieux à l'école sont des enfants de profs ? C'est pour quand l'école 2.0 ?

Nov 9, 2007

Médias, culture, jeux, éducation... à quoi vont-ils ressembler dans dix ans ?

Michel Dumais nous a demandé de lire dans une boule de cristal pour son émission "Citoyen numérique", sur CIBL, une radio de Montréal. A quoi vont ressembler les médias, les jeux vidéos, la culture, le marketing, l'école... dans dix ans.

Vous pouvez écouter les interventions des invités, dont votre serviteur, sur le site de l'émission à l'aide du player (photo ci-dessus ). Elles sont toutes sympas. J'ai beaucoup aimé l'intervention de Mario Asselin sur l'école. J'aurais aussi tellement à dire sur le sujet.

Nov 6, 2007

Google, en lançant son système d'exploitation pour mobile open source, renforce sa force de frappe publicitaire

Après des mois de rumeurs sur la création d'un téléphone portable Google, hier le géant californien a encore surpris en annonçant le lancement d'un système d'exploitation pour les mobiles. Son nom : Android. Il fonctionnera sur le modèle de l'open source. Autrement dit, les développeurs extérieurs à Google pourront y greffer de nouvelles applications.

Android sera ouvert aux développeurs la semaine prochaine. Les premiers téléphones utilisant cette plateforme devraient faire leur apparition au printemps 2008.

Google a mis en place un partenariat avec 33 entreprises du secteur de la téléphonie mobile dont T-Mobile, Motorola, Sprint... Objectif déclaré : étendre les capacités du téléphone portable et le faire rentrer dans l'univers du web 2.0: réseaux sociaux, jeux vidéos en ligne... C'est aussi l'occasion pour Google de placer simplement toutes ses applications dans l'univers du mobile.

Le business model ? La pub encore une fois. Les experts annoncent son apparition en force sur le marché du mobile dans les prochaines années. Il va sans dire que les capacités de géolocalisation ouvrent la porte à tout un marché publicitaire basé sur la proximité. Les opérateurs toucheront-ils une partie de ces recettes ? C'est ce qu'il semble être la stratégie.

Google est entrain d'étendre les capacités de son réseau publicitaire. En entrant sur le marché du mobile, il augmente ses capacités de geotargeting et donc sa capacité à grignoter les parts du marché publicitaire local. Marché dont Google connaît le volume et le potentiel financier. Welcome dans Media 3.0.

Oct 29, 2007

Allemagne : nouveau portail d'info locale très web 2.0

Le groupe allemand WAZ lance aujourd'hui un nouveau portail d'information régionale : Der Westen (l'Ouest).

Selon les rumeurs, le site devrait être un modèle de web 2.0 dans un environnement média. L'une des innovations serait l'utilisation du geotagging pour les infos locales. Il y aurait, en autre, une plateforme de blog mais aussi un outil pour construire des communautés.

Le lancement se fait sous une nouvelle marque. Le groupe a choisi de ne pas utiliser une de ses marques print. Une stratégie qui tourne le dos au traditionnel : un site = une marque papier.

Le contenu viendra, en majorité, de ses cinq journaux régionaux. Les journalistes ont d'ailleurs été entraînés à cette fin, selon Press Gazette. Le site devrait tourner avec une équipe d'une vingtaine de personnes.

L'avenir nous dira si le choix de renoncer à lancer sous une marque existante est judicieux. Québecor, au Canada, avec son portail Canoë a lui tranché de plus longtemps. C'est un succès économique.

J'ai déjà parlé sur ce blog de la problématique de la marque papier. Si elle est un garantie non négligeable pour les annonceurs, elle ne l'est pas forcément pour les internautes. Internautes dont la grande majorité consomme peut la presse locale papier payante. Rappelons que la moitié des internautes au moins de 35 ans.

Quand il lance un site, un journal local ne peut pas ne pas se poser la question de la marque. La population en ligne ressemble peu au lecteur du papier. Sa marque est-elle alors un avantage ou un inconvénient ? Repousse-t-elle ou rassure-t-elle ? Et le contenu ? Vous en dites quoi ?


Canada : Branchez-vous lance MON Branchez-vous avec la technologie de itsmynews


C'est à 6h aujourd'hui (heure de Montréal - 11h en Europe) que sera lancée la page d'accueil personnalisée du site québécois branchez-vous.com. Son nom: mon.branchez-vous.com.

Pour ce faire, le site canadien a choisi d'utiliser, en marque blanche, la technologie (Ajax + Php) développée par itsmynews.

L'occasion pour l'équipe de itsmynews.com, de traduire l'interface du site en français. Aussi les utilisateurs qui préfèrent leur interface en langue française peuvent effectuer le changement dans "settings".

Il a été aussi ajouté une fonctionnalité -- pour l'instant unique -- de filtre par langue et/ou par pays. Par exemple, quand vous choisissez d' "ajouter du contenu" sur votre page, vous pouvez ne sélectionner (en bas) que les contenus en "français" et du "Canada".

Trois cent sources en langue française ont été ajoutées pour le lancement. Ce sont des médias du Québec, de France, de Belgique et de Suisse. Plus de six cent autres sont à venir d'ici à mercredi. La base contient déjà plus de 35 000 RSS d'info et d'actualité en langue anglaise.

Branchez-vous ! a décidé de donner accès à toute la base des sources à ses utilisateurs, en plus de ses contenus propres. Le service est entièrement gratuit.

Branchez-vous ! est le premier portail indépendant au Québec. Particulièrement consacré aux nouvelles, affaires et technologies, il touche principalement des adultes actifs travaillant dans et/ou intéressés par les technologies, avec une portée de plus de 500 000 usagers chaque mois. Son contenu technologique est repris par les portails Sympatico MSN et AOL Canada.

Branchez-vous ! possède le plus grand réseau publicitaire Internet au Québec, fort d’une cinquantaine de sites sur lesquels il vend de la publicité. Le réseau touche environ trois millions de Canadiens francophones chaque mois et inclut notamment les sites LeDevoir.com, JeuxVideo.com et la version française de Canada411.

De son côté, itsmynews est en pourparlers avec plusieurs groupes de presse en Amérique du Nord et en Europe pour la mise en place de nouvelles pages personnalisées sous la marque de différents journaux.

Si votre groupe ou journal est intéressé, contactez-moi à : jfm(at)itsmynews.com.

Oct 27, 2007

Créer sa pub pour les journaux avec Google Ad creation tool

Dans le post précédent, je vous parle du réseau : Google's Print Ad program. Réseau qui a été rejoint par plus de 600 journaux américains.

En cherchant un peu, je suis tombé sur cette page: AdWords Help Center. Elle vous explique comment créer votre pub pour un journal. Beaucoup de bons conseils. Et, surtout, elle vous envoie sur le logiciel mis au point par Google pour la designer : Ad creation tool.

Vous pouvez voir ici une variation de pubs sur le même sujet.

Une fois encore, Google est entrain de prendre une avance importante en mettant en place un outil simple et flexible pour les annonceurs. Non ?

Oct 23, 2007

Pub : s'associer à Google ou pas

Les éditions de Los Angeles et de Chicago du quotidien gratuit américain hispanique, Hoy, ont décidé de rejoindre le Ad Program de Google. Ce programme est une extension de AdWords. Il permet aux annonceurs d'acheter de la publicité dans les journaux membres à partir d'une interface web.

Plus de six cents journaux, de langue anglaise, utilisent déjà l'outil de Google, dont des grands quotidiens américains comme le Chicago Tribune et le Los Angeles Time.

Cette stratégie pose une question de fond. Les journaux doivent-ils utiliser l'outil de Google et ainsi, sans doute, contribuer à renforcer sa présence sur le marché publicitaire ? Ou feraient-ils mieux de lancer leur propre infrastructure en ligne ?

De mon côté, il me semble important que la presse contruise son propre "guichet publicitaire en ligne". J'ai bien conscience qu'il s'agit d'un investissement lourd. Un investissement qui doit se faire à plusieurs. Mais c'est un investissement indispensable au financement de la presse à moyen terme. Dépendre de Google, aussi sur cet aspect, me paraît dangereux. Qu'en dites-vous ?

Oct 22, 2007

L'actu, le quotidien français pour les ados, revoit sa formule graphique

(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le quotidien pour ados, l'actu, vient de refaire sa formule graphique. L'ancienne avait déjà dix ans. L'actu est l'un des trois quotidiens publiés par le groupe français Play Bac.

Le journal a mis en place une typographie plus moderne pour la titraille : Flama. Une fonte designée par le typographe portugais, Mario Feliciano. Il a également choisi une typographie beaucoup plus lisible pour le texte courant. Il s'agit de la Millerdaily One, de l'excellent Font Bureau. Une police que le groupe Play Bac utilise aussi pour son quotidien pour les 10-14 ans, Mon Quotidien, depuis la refonte de formule en avril dernier.

La palette de couleur a été également revue. Elle s'éloigne des couleurs primaires de la première formule et tire vers des couleurs dites "progressives". Cette palette s'applique aussi à l'ensemble des dessins de presse qui parcourent le journal ainsi qu'aux infographies. Infographies dont le style a été revu.

Cette refonte de formule a été réalisée par l'équipe de 5W Mignon-Média. Elle avait aussi revu la formule graphique de Mon Quotidien, début 2007.

Oct 19, 2007

+10% de visiteurs uniques pour le site du New York Times

Un mois à peine après l'abandon du payant, et la mise en ligne gratuite de 20 ans d'archives, le site internet du New York Times voit son nombre de visiteurs uniques augmenté d'un peu plus 10% par rapport à la même période. Ils passent de 3,4 millions de VU à 3,8 millions.

(source: the editors weblog)

Une autre vidéo sur la révolution de l'info

Je découvre, chez l'ami Michel Leblanc, une autre de ces petites vidéos sur la révolution de l'info que nous sommes entrain de vivre. A regarder.

Oct 15, 2007

Media 3.0 ou la vraie révolution pour les médias

Je parlais la semaine dernière à un groupe de journalistes français des nouvelles possibilités que la technologie offrait à nous. Et, alors que je leur décris tout ça avec la plus grande énergie, l'un d'eux m'arrête et me lance : "Jeff, c'est passionnant de t'écouter... mais tu me donnes le tournis". Les autres approuvant en coeur d'un mouvement de tête. À ce moment là, je me dis : "Ils ont raison. Il y a de quoi attraper le tournis cent fois. Mais tout ça n'est qu'un début. It is not going to get better."

En effet ! Et si on n'avait rien vu ? Et si finalement, on s'était focalisé à tord sur cette histoire de web 2.0 ? Ne serait-il pas plus approprié de parler de Media 2.0, et bientôt de Media 3.0 ? C'est le sentiment du camarade Alan Mutter, consultant, dans son exposé "Beyond Web 2.0". Et, c'est également le mien.

Je le dis souvent dans mes interventions, internet n'est qu'un tube. Un tube qui nous permet de diffuser de nouvelles formes (pas toujours d'ailleurs) de médias. Tout comme le téléphone portable.

La révolution, selon moi, elle est dans la convergence de quatre phénomènes :
- la numérisation des contenus (éditoriaux et commerciaux) et des services
- la mise en réseau rapide et sans fil des individus, des foyers et l'interconnection des objets.
- la démocratisation (prix et technologie) des outils de création de contenu et de services
- la mise en place d'outils de recherche, de tri et de personnalisation

Le Media 1.0 est la forme d'origine. Elle domine encore très largement. C'est celle du "one-to-many". Un nombre restreint d'entreprises de presse qui s'adressent à un marché de masse. Des sociétés commerciales, qui ont besoin de ces supports pour vendre leurs produits aux plus grands nombres et qui achètent des espaces publicitaires. Le choix est limité. Pas de personnalisation. Monologue des marques. Le consommateur prend ou laisse. C'est le modèle que suivra une partie des médias traditionnels sur le web.

Le Media 2.0 a pour principal acteur le web. Le web 1.o puis le web 2.0. C'est l'information gratuite. C'est la fragmentation des contenus et de la personnalisation. C'est le passage du monologue à la conversation. Cette période se caractérise aussi, fait remarquer Alan, par la mise à la disposition du public d'un montant de contenu et de services énorme, jamais égalé et dont le flux ne semble jamais s'arrêter.

Mais, alors que la grande majorité des groupes médias ont à peine eu le temps de reprendre leur souffle et d'entrer dans le monde des Medias 2.0, une troisième période est entrain d'entrouvrir ses portes, c'est celle des Medias 3.0.

Ce qui marque l'entrée dans cette nouvelle aire, c'est d'abord tous les outils de filtrage pour :
- trouver (Google, Yahoo! et autres moteurs de recherche),
- agréger, trier, organiser (les netvibes, itsmynews, iGoogle, newsvine...),
- diffuser (RSS, widgets, réseaux sociaux...),
- commenter et recommander (Digg, Wikio...),
des contenus dans un objectif de personnalisation totale. Et pas seulement des contenus éditoriaux mais aussi des contenus commerciaux et des services. Outils qui vont de plus en plus s'appuyer sur de l'intelligence artificielle.

C'est aussi, le développement du UGC (user generated content). Et c'est enfin la généralisation du web sémantique.

"Media 3.0 will be characterized by intuitive “smart” technologies that acquire, organize and uniquely present information in the precise time, format and medium chosen by individuals", explique Alan Mutter. Et d'ajouter : "Media 3.0 will evolve as the result of significant future technology developments in such areas as artificial-intelligence software, database systems, media-compression algorithms, network architecture, mobile platforms and nanotechnologies capable of delivering vast computing power to more diverse and tiny platforms than we can imagine today."

Le danger, pour les médias analogues, c'est cette puissance de personnalisation. Pourquoi ? Parce qu'elle met à rude épreuve le monde de la publicité, leur première source de revenu. Comment ? De deux façons. En remettant en cause la logique mass-market et en offrant la possibilité d'un ciblage quasi individuel. Ce qu'Alan appelle le "many-to-one". En développant des outils pour calculer le retour sur investissement d'une campagne plus fiables, plus complets bien qu'au tout début de leur développement.

"Mass-market advertising, which already is in the process of being supplanted by targeted and verifiable keyword advertising, will migrate to contextual systems that deliver precisely tuned messages to individuals on the verge of ordering a pizza, buying a car or booking a vacation", prévoit Alan.

Et d'en conclure : "As the mass media lose favor among most marketers, the volume and rates for advertising in the least common denominator media will decline to the extent they may imperil profitability."

Je disais à un de mes clients, il y a quinze jours, que les groupes de presse n'avaient pas d'autre choix que de créer un système de guichets virtuels publicitaires, souple et ou l'annonceur peut tout contrôler de la forme de l'annonce, au budget et à la diffusion du message, façon Adwords. Et cela "to marry targeted commercial messages with content wherever and whenever it is consumed". Et pour, au plus vite, faire remonter les tarifs publicitaires ridiculement bas sur le net.

Alors vous aussi ça vous donne le tournis ?

Oct 12, 2007

Se concentrer sur les plus de 50 ans avec le print pour la presse quotidienne locale payante -- 2e partie

Me voilà de retour sur le sol américain, après une dizaine de jours en Europe. L'occasion de me remettre à mon blog et de continuer la conversation sur cette idée -- plutôt mauvaise si j'en crois vos commentaires -- de se concentrer sur les + de 50 ans pour la presse quotidienne locale payante. À mon tour donc de vous répondre.


1- Clarification
Se concentrer sur les + de 50 ans avec le papier, ça ne veut pas dire abandonner les autres. Ca veut dire satisfaire -- d'abord -- son coeur de cible (et ceux à la frange) avant tous les autres. Ca veut dire aussi, essayer d'augmenter sa pénétration sur des lecteurs qui ressemblent à ceux que l'on a déjà, au lieu d'essayer d'aller chercher des lecteurs où la pénétration est beaucoup plus faible. C'est, il me semble, une règle marketing de base. Je me trompe ?
Ca veut aussi dire, mettre en place une stratégie multimédia pour toucher ceux qui aiment moins le papier mais qui ont besoin d'information et de services locaux.
Donc, Kacem, on est loin de la stratégie du tout ou rien. Au contraire. On est juste dans une logique de diversification des canaux de distribution. Et d'une clarification de leur coeur de cible.
Je rappelle deux expériences :
- Celle du Star Tribune (aux US) qui a parié sur la cible jeune avec le papier payant, a réalisé un travail formidable, mais qui connaît une baisse de lectorat de -4,8% quand la moyenne est de -2,1% (détails ici).
- Celle du Lawrence Journal qui s'est tourné vers les plus jeunes sur internet. Alors que le papier stagne avec une diffusion de 20 000 exemplaires, le site du journal a fait 10 millions de pages vues en octobre 2005. Le site sport étant monté jusqu'à 13 millions de pages vues. Rappelons que la population est de 79 000 habitants dont 25 000 étudiants (détails ici). Il y a même un site dédié spécifiquement aux moins de 30 ans, lawrence.com.

2- À propos du renouvellement du lectorat
En effet, Emmanuel, rien ne nous indique que les trentenaires d'aujourd'hui vont lire le papier demain. Comme je l'ai écrit plusieurs fois sur ce blog, et comme l'explique l'étude que nous indique Kacem, plus on vieillit moins on a tendance à lire. Quand on rajoute là-dessus que les trentenaires sont la génération dont certains ont découvert l'ordi à la maison, une majorité travaille sur ordi et a vu l'internet se propager... on se rend compte combien le challenge se complique pour la PQL.
Je ne pense pas que le papier va disparaître du jour au lendemain. Mais je crois que ses jours sont comptés. Je doute que dans vingt ans l'offre d'information locale se fasse de la façon que l'on connaît. Il n'y a qu'à regarder les changements fulgurants de ces dix dernières années pour s'en convaincre.
En revanche, je crois clairement qu'il y aura toujours de solides entreprises médias d'information et services locaux. De mon point de vue, la survie des groupes de presse locaux passe -- entre autre -- par une stratégie multiplateforme et des accords entre marques. Le problème c'est que dans les faits, les investissements sur le numérique ne sont pas, en général, à la hauteur de l'enjeux. Loin de là. Et sans investissements pas de solutions.

3- L'offre pub
Il me semble qu'une majorité d'annonceurs aiment les CSP+. La bonne nouvelle c'est que les + de 45 ans représentent une bonne part de ce gâteau.
En France, par exemple, selon les chiffres de l'Insee, les Français avec le niveau de vie le plus élevé sont les 55 à 64 ans. Viennent ensuite les 45 à 54 ans. Pour les revenus moyens par ménage, se sont les 45 à 54 ans qui sont en tête devant les 55 à 64 ans (chiffres ici).
Clarifier la cible d'un support m'a toujours semblé être un avantage auprès des annonceurs, pas un inconvénient. D'autant plus si l'entreprise propose d'autres supports pour toucher d'autres cibles. Rappelons que l'annonceur cherche à vendre. Pas à faire le beau.

4- Reconquérir les habitudes de lecture
Pourquoi reconquérir au lieu de s'adapter ? Nos sociétés évoluent. On peut résister au changement ou on peut analyser le changement pour adapter nos entreprises. L'industrie de la musique est un bon exemple. Les majors, engagées dans une résistance aux changements, sont entrain d'exploser en vol. Les ventes baissent. Les artistes commencent à partir en solo comme par exemple Radiohead.

5- Image et stratégie éditoriale
Comme le dit très justement Christophe, les + de 50 ans n'aiment pas forcément qu'on leur rappelle leur âge. Mais, une fois encore, satisfaire cette cible ne veut pas dire faire un journal de "vieux". Il s'agit de se concentrer sur des besoins, des centres d'intérêt, des mode de vie liés à l'âge mais aussi au pouvoir d'achat, à la situation familiale, etc.
Définir les besoins spécifiques de chaque audience que l'on cherche à toucher, c'est réaliser la deuxième étape d'une stratégie éditoriale. La première étant de définir les audiences en question. Je ferais prochainement un poste pour parler de méthode pour revoir sa stratégie éditoriale.

6- Proximité
Il est clair que, comme le dit "anonymous", mais aussi Christophe, la PQL doit se concentrer sur l'info locale mais aussi les services locaux. C'est sa richesse et sa force. Mais une fois que l'on a dit ça, on ne peut pas éviter la question de la cible.
Info locale et proximité ne veulent pas dire la même chose pour tout le monde. Si l'espace géographique est un élément de proximité, il n'est pas le seul. Les centres d'intérêts varient selon les âges, le niveau culturel, le niveau de revenus, etc. Il y a des sujets transversaux certes. Mais ils ne suffisent pas.
Tout l'enjeu est là. Peut-on avoir un journal local qui satisfait, par exemple, les actifs urbains, célibataires, ayant un diplôme supérieur, de 25-35 ans ; et en même temps, les ménagères de plus de 50 ans vivant en couple, avec deux enfants adultes, dans une zone non urbaine ? Quelle industrie, ayant du succès, s'adressent à ces deux cibles avec le même produit ?

7- Et les 18-40 ans
L'idée n'est pas de les laisser tomber. L'idée est de s'adapter à leurs besoins et de s'adresser à eux sur le support qu'ils privilègient. Au passage, ils ne représentent pas un groupe homogène. Pourquoi vouloir encore essayer de leur vendre de l'info sur vinyl quand ils ont clairement choisi le numérique ?

8- En résumé
Être tout pour tout le monde est une illusion qui va de paire avec celle qui consisterait à croire que l'on peut changer les habitudes qui se mettent en place chez les consommateurs. Au lieu de résister, la PQL doit s'adapter et revoir son business model. Elle a besoin de se demander maintenant à quoi elle ressemblera dans dix ans, histoire d'investir au bon endroit.

À vous lire.

Sep 26, 2007

Est-ce, pour la presse quotidienne locale papier, une erreur ou une stratégie de se concentrer sur les + de 50 ans

Mon cheval de bataille, c'est de pousser les quotidiens locaux, avec leur version papier, à se concentrer sur les + de 5o ans. Je ne crois plus au journal qui est tout pour tout le monde. Qui multiplie les rubriques ou/et les suppléments pour satisfaire des audiences variées.

Une stratégie qui, selon moi (mais je suis peut-être un des seuls à le penser), a pour résultat de "créer un peu de contenu voulu par quelques uns, et beaucoup de contenu non désiré par le plus grand nombre", insiste Robert Picard, professeur spécialisé dans le business des médias (bio). Picard qui ajoute très justement à propos d'articles et/ou de rubriques sur les loisirs, la déco, la mode... produit par les quotidiens : " (...) today many news organizations are acting more like entertainment and diversion firms than news firms and providing much material for which their expertise is lower than other media firms". Certaines, d'ailleurs, font appel à des prestataires spécialisés.

Ma proposition a fait réagir Dominique. Je publie ici sa réaction, pour ceux d'entre vous qui ne lisent pas les commentaires.
"Vouloir concentrer la presse locale quotidienne sur la cible des plus de 50 ans ce serait abandonner une bonne moitié de ses lecteurs actuels qui ont moins de 50 ans!
Tout en acceptant l'idée qu'elle ne peut plus s'adresser à tous les âges - selon une typologie de média vertical - il lui reste néanmoins à relever le défi d'intéresser des "jeunes" de moins de 50 ans d'une part, et si elle y parvient de les emmener vers cet âge senior dont la durée ne cesse de s'allonger...
Et puis, certains quotidiens régionaux ont même vu venir vers eux des lecteurs qui avaient abandonné leur lecture en quittant leurs parents... et qui une fois quinquagénaire se remettent à lire le journal de leur enfance..."
Je précise, en passant, que les études réalisées aux USA démontrent que, contrairement aux idées reçues, plus on vieillit et moins on lit.

Alors vous dites quoi : la presse quotidienne locale doit-elle encore viser tout le monde où se concentrer sur les +50 ans pour sa version papier ?

Futur des médias : mon entretien vidéo avec l'hebdo les Affaires

Voilà un entretien vidéo que j'ai donné aux Affaires.tv, le site de l'hebdo du business québecois (dont nous avons refait la formule de la version papier et le design de la version électronique). Je précise que cet entretien a été réalisé avant que le site du NYT ne devienne gratuit. Je ne raconte pas grand chose de nouveau pour les lecteurs régulier de ce blog.

Sep 23, 2007

Réflexion sur la gratuité pour la presse locale : précisions

Au regard de vos réactions, sur ce blog ou directement par email, je voulais préciser certaines choses sur mon questionnement d'une possible gratuité de certains titres de presse locale (pas seulement les quotidiens).

1- Je ne pense pas que ce soit le miracle pour la presse locale ni une solution universelle, mais un sujet à étudier chiffres en main, et au cas par cas. Combien de journaux ne savent pas exactement combien leur coûtent 1000 euros de pub versus 1000 euros de revenu lecteurs ?

2- Pour autant, peut-on imaginer une presse locale papier entièrement gratuite ? Le marché canadien nous apporte un début de réponse. Là-bas, la presse hebdo locale papier est quasi entièrement gratuite. Elle est plus profitable qu'en France où elle est payante. Un exemple... pas une vérité absolue, bien entendu.

3- Il est clair que, côté dépenses publicitaires, la part du gâteau se réduit pour la presse locale papier dans les pays occidentaux. Au passage, les dépenses pub des distributeurs, en France, ont explosé au 1er semestre 2007 (+32,5% pour Carrefour, +40% pour Système U, +200% pour IKEA -- source TNS Média Intelligence, sept. 2007).
On peut tirer plusieurs hypothèses de cette réduction de part de marché, dont :
- les annonceurs et les agences considèrent le véhicule de la presse locale papier moins efficace qu'avant (à tord ou à raison)
- les annonceurs et les agences trouvent ce véhicule trop cher pour le retour sur investissement
- les annonceurs et les agences trouvent que ce véhicule ne touche pas (ou pas assez) les cibles qu'ils visent

J'ai toujours pensé que :
1- La presse locale devait clarifier sa cible, en particulier les quotidiens. Elle n'est pas tout pour tout le monde. Elle ferait mieux de se concentrer, avec le papier, sur les plus de 50 ans.

2- Avoir une cible n'empêche pas d'imaginer des produits dérivés qui touchent d'autres cibles et attirent d'autres types d'annonceurs. Elle le fait déjà, en partie. Elle a, avec le numérique, un champ d'expérimentation et d'investigation jamais égalé. Mais pour cela, elle doit investir sur les nouvelles technologies -- elle dépense bien des millions dans des nouvelles presses -- et mettre en place les méthodes et les équipes capablent de mener ces expérimentations. On a rien sans rien.

3- La publicité est souvent trop chère sur les supports papiers. Et les outils de mesure des retours sur investissement sont nuls ou rares. Les prix sont peu adaptés au marché des petits business, pourtant le coeur de bien des économies occidentales. Elle se coupe ainsi de milliers d'annonceurs qui n'ont pas les moyens de se payer de l'espace. Et ce, à l'heure où la concurrence du numérique fait de plus en plus de ravage en offrant, en plus, des outils pour calculer le ROI.

4- Mille fois d'accord que, si le volume est important, ce qui compte aussi c'est la qualification de l'audience. Ce que veut un annonceur, c'est s'adresser à la bonne cible, c-a-d à celle qui va acheter ses produits ou services. Mais, une fois encore, le paiement du support par la cible ne me semble pas être une garantie de résultat. Heureusement pour nos amis de la télé et la radio. En revanche, les nouvelles technologies de l'information s'accompagnent d'outils de calcule du ROI qui, sans être parfaits, sont beaucoup plus performants que ceux proposés jusqu'à présent par les médias traditionnels.

Mais une fois encore, je pose la question et n'affirme pas que c'est LA solution universelle.

Sep 19, 2007

Revenu : se concentrer sur la marge plus que sur le chiffre d'affaires

Sympathique petit déjeuner Ifra avec un groupe de Français en voyage d'étude aux USA. Merci, encore une fois, pour l'invitation.

Lors de notre conversation, nous avons abordé la question de la gratuité pour certains supports de presse écrite, suite à mon post ci-dessous sur le sujet.

Olivier Clech, rédac en chef du quotidien local français Le Télégramme, m'a très justement fait remarquer qu'on ne pouvait pas se passer comme ça de 50% de son revenu. Bien entendu. Aussi, je me suis rendu compte qu'il était indispensable d'essayer de clarifier ma pensée sur le sujet.

C'est sur les marges que je porte mon attention. Pas sur le revenu. 1 000 euros de CA/pub ne rapportent pas la même chose que 1 000 euros de CA/lecteurs (kioque et abonnement). Donc, quand je parle de se poser la question de la gratuité, je sous-entends regarder ses marges.

Autrement dit, quel est le coût pour l'entreprise de 1 000 euros de revenu pub versus 1 000 euros de revenu lecteurs ? Ce serait intéressant de faire l'exercice et d'avoir vos réponses. On comprend qu'elles soient anonymes.

S'il est moins cher de générer du revenu publicitaire que de réaliser de la vente lecteur, ce qui devrait être le cas en général, il semble logique de s'intéresser d'abord à augmenter le chiffre d'affaires publicitaire. La marge d'abord. Non ?

Répondre à cette question est donc clé pour la stratégie d'un journal. D'un côté, on cherche à faire un maximum de volume (pour la pub). De l'autre, on veut un maximum d'abonnés.

Certains me diront, un lecteur "payant" n'a pas la même valeur pour un annonceur qu'un lecteur "gratuit". Perso, je pense que c'est du baratin. Les auditeurs et les télespectateurs ne payent pas leur info. Ont-ils pour autant moins de valeur pour la pub ? Ce qui compte, pour un annonceur, c'est de parler à la bonne cible. Pas que le lecteur ait acheté ou pas son support d'info

Comment tester la gratuité ? J'ai évoqué deux pistes à explorer pour un quotidien lors de notre petit déj. Voici les éléments principaux de l'une d'elles :

1- Prenez votre plus mauvais jour de la semaine en terme de ventes kiosques.
2- Déterminez la zone (quartier, ensemble de quartiers, ville...) avec la concentration de population le plus susceptible d'intéresser vos annonceurs et, où votre pénétration est faible. Si vous êtes en zone de concurrence, c'est encore mieux.
3- Calculez le coût "d'un tout ménage" (distribution gratuite dans tous les foyers) sur cette zone. Plus que les coûts, c'est la logistique le vrai challenge.
4- Estimez votre revenu potentiel publicitaire sur la base d'une augmentation de la diffusion de x%
5- Faites une offre à vos meilleurs annonceurs pour qu'ils vous suivent dans l'expérience avec comme objectif, pour vous, d'amortir vos coûts.

Vous avez déjà essayé ? Racontez-nous !

Print : Faut-il encore se battre sur le terrain du payant ?

Vous ne m'en voudrez pas pour la question un peu provocatrice. Mais la presse écrite, dernier bastion de l'information payante, doit-elle encore se battre sur le terrain du payant ? Je me pose souvent la question et la fin de la partie payante du site du New York Times, la fait remonter à la surface.

Dans beaucoup de pays, la presse écrite est déjà quasiment gratuite. Aux USA, par exemple, la pub représente plus de 85% en moyenne du chiffre d'affaires d'un quotidien local. C'est environ 50% en France.

Gagner un nouvel acheteur ou un nouvel abonné coûte de plus en plus cher et, est de plus en plus difficile. Beaucoup de titres se battent d'abord pour freiner la baisse. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Est-ce qu'un journal gratuit, avec une meilleure diffusion et un tirage plus élevé ne serait pas au fond un meilleur pari ? On n'évitera pas la question.

Et, en parlant de pari, qui sera le premier à le faire et quand ? Vous dites quoi ?

Sep 18, 2007

New York Times revient au gratuit et ouvre une partie de ses archives

C'est officiel, à partir de ce soir minuit, TimesSelect sera accessible gratuitement. Le New York Times abandonne donc le payant. Mais, il ne s'arrête pas là. Une partie de ses archives va aussi devenir gratuite.

Le quotidien New-yorkais a donc décidé de parier sur le trafic et le revenu publicitaire, et non plus sur l'abonnement.

Théoriquement, TimesSelect représente un peu plus de $11 million de revenu annuel (230 000 abonnés payants x $49.95). Si on fait un peu de math (corrigez moi si je me trompe), on est entrain, par exemple, de parler de 48 millions de pages vues/mois, à un CPM de $20 (soit $960 000 x 12 = $11.5 million) pour arriver au même revenu annuel avec la pub.

NYT a déjà 13 millions de visiteurs uniques par mois. Cette réouverture, d'une des parties de son site qui était la plus lue avant le mur payant, devrait faire bondir son trafic.

D'autant plus que le payant tombe aussi du côté des archives. Elles seront en libre accès depuis 1987. Cette mise en ligne gratuite des archives des journaux est un des grands leitmotiv de 5W. Le revenu généré par la majorité des sites les vendant est très faible. Parier sur trafic, et donc le revenu publicitaire, semble une meilleure stratégie. D'autant plus pour un quotidien qui est une véritable machine à créer de l'archive.

Je donne toujours l'exemple du travail réalisé par Éric Baillargeon (consultant SEO indépendant qui travaille aussi pour nous) pour un de ses clients canadiens. Il les a convaincu d'ouvrir leurs archives gratuitement. Résultat, le trafic venant de Google est passé de 4 000 visiteurs uniques/mois à 600 000 VU/mois.

Une fois encore, il est clair que la mise en ligne gratuite des archives d'un journal, réalisée de façon appropriée pour être bien référencée (on oublie les PDF), peut être une source de profits simple à mettre en place.

Éric qui note au passage, dans son post sur ce changement de stratégie du NYT, la phrase incroyable de Vivia Schiller, general manager du site : "What wasn’t anticipated was the explosion in how much of our traffic would be generated by Google, by Yahoo and some others.”

Cela montre combien le rôle de Google et des autres outils de recherche et d'agrégation de contenu sont encore mal appréciés ou mal connus, même dans les grands médias. Quand ils ne sont pas considérés comme l'ennemi (voir l'action juridique contre Google en Belgique). Ils sont pourtant nos nouveaux outils de diffusion, nos kiosques numériques. Des véhicules par lesquels la presse va aussi augmenter ses revenus.

Le Wall Street Journal sera-t-il le prochain site à passer au gratuit ? Sans doute. La question est quand.

Sep 9, 2007

Industrie de la musique : "Columbia is stuck in the dark ages."

Rick Rubin, le nouveau co-président du géant américain de l'industrie disque, Columbia Records, ne mâche pas ses mots à propos de l'entreprise qui l'a embauché en mai dernier et du business de la musique en général. " The world has changed. And the industry has not," lance-t-il dans le New York Times du 2 septembre dernier (ici en anglais).

Pour lui le business model est à repenser : "That old way of doing things is obsolete, but luckily, fear is making the record companies less arrogant".

Et sa nouvelle boîte ? "Columbia is stuck in the dark ages. I have great confidence that we will have the best record company in the industry, but the reality is, in today's world, we might have the best dinosaur." Puis d'ajouter : "Until a new model is agreed upon and rolling, we can be the best at the existing paradigm, but until the paradigm shifts, it's going to be a declining business. This model is done."

Rubin, lui croit à un business model autour de l'abonnement. Et, l'une de ses premières décisions a été de créer un département "bouche à oreille". Smart

(source New York Times, via Michel Dumais dans Branchez-vous!)

Sep 7, 2007

Presse quotidienne américaine : la chute des revenus continue alors que le trafic des sites stagnent dans la majorité des cas depuis deux ans

Les mauvaises nouvelles continuent de tomber pour la presse quotidienne américaine locale et payante. Le 31 août dernier, la Newspaper Association of America annonçait que les revenus publicitaires des deux premiers trimestres 2007 n'avaient pas été aussi bas depuis dix ans. Un recul de 8,6% par rapport à la même période 2006. Et ce, malgré une hausse des revenus de la pub sur internet de 19% (796 millions). Et une économie américaine qui reste en très bonne forme.

À ce rythme, ce sont environ 3,5 milliards de revenus que devraient perdre les quotidiens cette année. La plus grosse baisse semble être du côté des petites annonces. Les trois catégories -- auto, immobilier et emplois -- reculent de 14,8% sur cette moitié de l'année 2007 (6,8 milliards de dollars versus 8 milliards en 2006 sur la même période).

Alan Mutter attire notre attention (ici en anglais) sur le fait que les six premiers mois représentent en moyenne 47% des revenus de l'année. Aussi, il prévoit que le revenu de la presse quotidienne reculera de 8% en 2007. Après avoir reculé de 3,7% en 2006. Rappelons que ce résultat 2006 n'a pas empêché des profits net moyens (avant impôt) de 20%. Il reste donc de la marge. Mais ce qui impressionne c'est la vitesse à laquelle la chute a lieu.

D'autant plus que les news arrivant du net ne semblent pas très réjouissantes non plus. Une étude du Joan Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy, de l'université d'Harvard, (PDF ici en anglais) nous apprend que le trafic de la majorité des sites de quotidiens n'a pas bougé depuis un an, voir reculé.

“... The websites of most other newspapers — whether in large, medium-sized, or small cities —have lost audience and their sites on average have substantially fewer visitors now than a year ago,"
affirme l'étude. Elle prend ainsi le contre pied de l'annonce (ici en anglais) de la NAA qui, depuis, a reconnu que le trafic des sites des quotidiens américains n'a pas, dans la majorité des cas, progressé depuis deux ans.

160 quotidiens ont été étudiés par le Joan Shorenstein Center. La progression annoncée vient, en réalité, des augmentations du trafic des sites du New York Times, du Washington Post et de USA Today. En général, les sites des petites et moyennes villes sont en recul, même si quelques uns progressent.

Rappelons qu'environ la moitié de la population en ligne à moins de 35 ans dans les pays occidentaux. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises sur ce blog, il va falloir faire mieux que du copier/coller du print sur le web pour attirer ces jeunes. Selon moi, le print doit se focaliser sur les 50 ans et plus, et le web sur les moins de 40 ans. Ce qui veut dire développer des contenus et des services adaptés au web. Ce qui veut dire, surtout et encore une fois, attirer et savoir garder des entrepreneurs créatifs. Les médias ont besoin de plus que de bons gestionnaires. Non ?

Sep 3, 2007

Quelle(s) valeur(s) possèdent la presse ?

Tout à une valeur. Y compris la presse. Une valeur financière. Une valeur informative, etc. Une valeur intrinsèque comme une valeur subjective. Réfléchir à cette valeur. Essayer de comprendre et de trouver les éléments qui la constituent, au-delà de l'offre éditoriale, est aujourd'hui indispensable pour essayer de trouver une solution à la baisse de la consommation des médias d'information. J'y consacrerai donc plusieurs posts.

C'est l'excellent Robert Picard, qui pose la question de cette valeur de la presse dans "Journalism, Value Creation and the Future of News Organization" (Joan Shorenstein Center
on the Press, Politics and Public Policy -- Harvard).

Il fait d'abord deux constats dont j'ai déjà parlé ici :
  1. La consommation des médias d'actualité est la plus basse de ces 50 dernières années, aux États-Unis (lieu de sa recherche).

  2. La presse, pour fonctionner, a besoin de fournir de la valeur à cinq entités : la société, ses consommateurs, ses annonceurs, ses actionnaires et ses journalistes.

Quels sont les éléments qui peuvent constituer cette valeur, selon lui ?
  1. Valeur sociale et valeur intrinsèque :
    • Vérité
    • Honnéteté
    • Identité
    • Communauté
    • Détermination/Indépendance

  2. Valeur sociale et valeur instrumentale :
    • Comprendre
    • Interaction sociale
    • Engagement politique
    • Participation à la vie démocratique
    • Correction de l'erreur
    • Solution de conflits

  3. Valeur individuelle et valeur intréque :
    • Connaissance et compréhension
    • Appartenance
    • Sécurité
    • Aide à l'épanouissement personnel (self determination -- si vous avez une meilleure traduction, n'hésitez pas)

  4. Valeur individuelle et valeur instrumentale :
    • Être au courant
    • Apprendre
    • Aider à prendre des décisions
    • Connaître les dangers
    • Améliorer sa vie
    • S'exprimer
    • Faciliter
    • Satisfaire ses besoins émotionnels
Qu'en pensez-vous ? Voyez-vous d'autres valeurs à ajouter ?

Aug 29, 2007

Canada: new formula for Les Affaires, the Quebecois business newspaper

The new formula for Les Affaires, the weekly business newspaper of Quebec was launched tonight. New design, but more over, new content. For Stéphane Lavallée, the new publisher, and his team, the goal is to increase analysis and prospective content.

"Our readers need to know what is going to happen tomorrow. They need sound, timely input to make decisions for the future of their businesses. It is what we are going to offer them with the new Les Affaires," explains Stéphane.

5w Mignon-Media has been very excited to help Stéphane's team in changing the editorial strategy and the design of this 80-year-old business newspaper. The newsroom organization has also been revisited to ensure more efficient work flow and better reporting. For example, a new key position has been created: Director of Visual Journalism.

The first phase of a new version of the website will be launched in September. 5w has been in charge of the redesign.

Les Affaires is a publication of Transcontinental Media.

Aug 23, 2007

Je découvre les fromages du Québec

J'alterne vacances et travail au Québec, d'où mon silence de quelques jours. L'occasion de tester quelques bons restaurants à Québec, la ville.

Ce qui m'étonne le plus, dans ma découverte gastronomique des produits du Québec, c'est la qualité des fromages. J'ai particulièrement apprécié le Pied-de-Vent (lait cru vache - Iles de la Madeleine), le D'Iberville (lait cru vache) et Le Petit Normand (lait de vache - type camembert). Ils ont aussi de bons chèvres. J'ai testé et aimé : Le Sabot de Blanchette et le Bastidou.

Si vous passez par Québec (la ville), je vous conseille donc de faire un arrêt dans les nombreux bons restaurants comme Toast, Initiale et l'Utopie. Vous pouvez prendre une chambre au Dominion ou Soixante et Onze, deux hôtels (style design) vraiment top avec wi-fi gratuit dans les chambres.

On reparle des médias dès la semaine prochaine. En espérant que vous avez, vous aussi, passé de bonnes vacances.

Aug 14, 2007

USA: YouTube/CNN se lancent ensemble dans le débat politique participatif


Quand nous avions créé Quelcandidat.com avec Benoît Raphaël et l'équipe du Dauphiné Libéré, nous avions essayé de pousser les internautes à poser leurs questions en vidéo, aux candidats à la présidentielle française. L'idée était ensuite de réaliser une interview vidéo de chaque candidat en leur présentant les questions des internautes. Hélas ! la sauce n'a pas prise. Sans doute faute de marketing et de temps. Peut-être aurions-nous dû passer une accord avec Dailymotion ?

Cet accord entre un média classique et un site de vidéos a été réalisé, aux États-Unis, par CNN et YouTube. L'occasion, ce sont les élections présidentielles américaines. Les internautes posent leurs questions en vidéo et les soumettent sur YouTube, comme par exemple ici pour le débat entre Républicains qui aura lieu le 28 novembre.

L'initiative est un succès. Des milliers de questions sont posées aux candidats. L'équipe de CNN en choisit ensuite une série. Les vidéos sélectionnées sont diffusées en direct aux candidats lors d'un débat télévisé organisé par CNN et conduit par l'un de ses journalistes vedettes. Vous pouvez voir le résultat pour celui entre démocrates, soit ici sur CNN, soit ici sur YouTube.

Vous me direz, pas très original que des "anonymes" posent des questions à des hommes politiques. En France, on les fait se déplacer sur les plateaux. Ce qui est intéressant, c'est la simplicité du principe. Sans en faire un show à la CNN, on peut partir du concept pour créer des débats vidéos entre simples citoyens et politiques ou responsables/acteurs de la société civile. Une sorte d'interview participatif réalisée par l'audience.

C'est un moyen simple d'animer un site d'information locale, un site de magazine et d'essayer de créer du trafic. A vous d'essayer maintenant. Non ? Et si vous l'avez déjà fait, envoyez-nous le lien.

Aug 13, 2007

Douze conseils pour gérer les commentaires sur un site participatif

Le Knight Citizen News Network publie sur son site une série de douze recommandations pour manager les commentaires sur un site. Je n'ai pas le temps de les traduire. Mais je vous conseille d'y jeter un oeil.

PS: si quelqu'un ce sent la force de traduire n'hésitez pas à donner le lien de votre traduction dans les commentaires où à me l'envoyer par email (je la posterai ici).

Aug 10, 2007

Sony améliore encore la technologie e-paper mais la question de l'utilité d'un lecteur exclusive de journaux reste posée



Le e-paper s'améliore de jour en jour. Cette vidéo nous le prouve. Où allons-nous avec cette technologie ? J'avoue, je crois de moins en moins au lecteur donc l'utilité serait de lire des journaux et des docments PDF. Comme celui que propose, par exemple, les Echos.

Je ne dis pas que ce lecteur ne va pas exister pour quelque temps. Et qu'il ne peut pas faire sens économiquement. Mais, il ne me semble être qu'un outil de transition, de très court terme. Même pas de moyen terme. Un outil qui va permettre à une certaine catégorie de personne de passer du papier à l'écran.

Je m'explique. Trois choses m'ennuie dans la logique du e-paper comme lecteur de journal. D'abord le fait que ce soit, pour le moment, un lecteur a utilité unique : lire le contenu d'un journal et de différent type de documents. Ensuite, que la mise en page soit la réplique -- ou presque -- d'un journal papier, avec des fonctionnalités spécifiques. Enfin, qu'il est une interactivité très réduite. On reste essentiellement dans la logique du monologue.

Quand à avoir un lecteur avec soi, autant qu'il soit utile à plusieurs choses. À mon sens, on ne va pas se promener avec un téléphone portable, un palm, un ipod, un ordinateur portable, un lecteur de journaux, etc. D'autant plus si les groupes ne s'entendent pas sur un lecteur unique ou, en tout cas, capable d'aspirer le contenu d'autres groupes. Vous voyez vous avec le lecteur d'Hachette, celui des Echos, celui du New York Times, etc ?

L'e-paper va-t-il servir à fabriquer une palette PC ultra légère qui sera en fait, en plus de lire n'importe quel format de fichier (video, audio, texte...), un ordinateur portable, doté d'une connexion wi-fi et d'une technologie "touch screen" à la iPhone? Sans jouer les madames Soleil, le sens commun nous pousse à penser que oui. Pas vous ?

Quand au format, pourquoi essayer de singer un design papier ? La lecture écran ne correspond pas à la lecture papier. L'interactivité possible sur un ordinateur -- ou un lecteur -- change l'expérience utilisateur. Un utilisateur qui est déjà habitué à manipuler les sites internet sur écran. Pourquoi ne pas lui offrir tout simplement un site avec tous les outils d'interactivité et de personnalisation ?

Non vraiment, plus j'y pense, plus je crois que le e-paper sera un outil de transition. Et une transition sans doute très courte. Et vous ?

Aug 8, 2007

USA : moins de temps avec les médias mais plus avec internet... et la pub suit

En 2006, un Américain moyen a consacré 3500 heures/an aux médias (9h 58mn/jour). Énorme ? Sans aucun doute. Mais, c'est la première fois que l'on assiste à un recul: -0,5% par rapport à 2005. C'est ce que nous apprend la 21e édition du rapport de Veronis Suhler Stevenson's Communications Industry Forecast. La raison ? L'adoption des nouvelles technologies rendrait plus efficace notre temps avec les médias.

Le temps passé avec les médias papiers est également en recul : 11,9%
du total en 2006 (13,1% en 2001). Pour la première fois également, la presse écrite est à égalité avec les "pure play". Elle devrait être en-dessous en 2007.

D'ailleurs, selon le rapport de VSS, d'ici 2011, internet devrait passer devant la
presse quotidienne et hebdomadaire comme support publicitaire : $62 milliards versus $60 milliards de revenus.

David W. Kenny, chef exécutif de Digitas, l'unité interactive de Publicis, déclarait il y a deux jours au New York Times que la révolution publicitaire ne fait que commencer. Vous en dites quoi ?

À lire : It's an Ad, Ad, Ad, Ad World (NYT)

Le New York Times va-t-il arrêter son espace payant ?

La rumeur selon laquelle le New York Times va arrêter son espace payant en ligne -- TimesSelect -- devient de plus en plus précise. Cette fois, c'est un autre journal de New York qui en parle : le New York Post (à lire ici en anglais).

TimesSelect a un peu plus de 220 000 abonnés. Le coût de l'abonnement est de $50 par an. Un nombre d'abonnés qui a très vite stagné. Depuis le départ, je m'interroge sur l'intérêt de cet espace payant. Sachant qu'il s'est fait sur les pages qui attiraient le plus de trafic. Combien de revenu publicitaire perdu ? On ne le sera sans doute jamais.

Je crois et écris depuis longtemps que c'est peine perdue d'essayer de vendre, dans la très grande majorité des cas, du contenu d'information en ligne. Si le New York Times arrête, il viendra le confirmer.

Car comme l'écrit aujourd'hui Scot Prat de Publishing 2.0, à propos de cette rumeur : "The new economics of media make charging for content nearly impossible because there is always someone else producing similar content for free -- even if the free content isn't 'as good as' the paid content by some meaningful metric, it doesn't matter because there's so much content of at least proximate quality that the paid content provider has virtually no pricing power. As smart, talented, and insightful as the New York Times columnists behind the paid wall are, the are too many other smart, talented, insightful commentators publishing their thoughts on the Web for free."

Aug 7, 2007

Donner du sens local à une information internationale

Comment parler de l'information internationale dans la presse quotidienne autrement qu'en rapportant simplement les faits et alors que l'on n'a pas de correspondants internationaux ? Pourquoi autrement qu'en rapportant les faits ? Parce que les faits ont dans la majorité des cas déjà été exposés à la télé, la radio et sur le net.

Un de nos grands dadas c'est d'essayer de donner du sens local à une information internationale. Non seulement expliquer au lieu de juste rapporter (compte rendu plat). Mais, en plus rajouter de la proximité géographique et émotionnelle.

L'effondrement d'un pont aux États-Unis, à Minneapolis est l'occasion de donner un exemple. Un quotidien local peut attaquer le sujet sous l'angle suivant : est-ce que ça peut arriver chez nous ? Combien avons-nous de ponts ? De quand datent-ils ? Qui est responsable de vérifier nos infrastructures ? Tous les combiens ? Quels sont les procédés de vérification ? Quand nos ponts ont-ils été vérifiés pour la dernière fois ? Quels sont les résultats de ces vérifications ? Sont-ils publics ? Si oui quels sont-ils ? Si non, pourquoi ne sont-ils pas publics ? Qui finance le maintient des ponts dans une région ? Quel budget ? Combien ? Par qui ? etc.

Le sujet a déjà une proximité émotionnelle. Qui ne s'est jamais posé la question de la solidité des ponts sur lesquels nous passons ? Lui donner un angle locale c'est rajouter la proximité géographique et aussi augmenter l'impact émotionnel. C'est aussi montrer la volonté du journal à être le "chien de garde" de la communauté (ou des communautés) qu'il couvre.

J'ai fait rapidement le tour de la presse locale en France (via internet). Je n'ai pas vu le sujet traiter de cette sorte. Mais bien entendu, je n'ai pas tout vu. Est-ce que cela a été fait à votre connaissance ? Que pensez-vous de cette façon de traiter certaines infos internationales ? C'est parfois fait, mais que dites-vous d'un traitement plus systématique quand c'est possible ?

Les sites des plus grands quotidiens britanniques ont une audience plus américaine qu'anglaise

Nous le répétons sans arrêt à nos clients, sur le net c'est la langue qui crée essentiellement la barrière. Autrement dit, quand vous publiez en français, tous les gens qui comprennent sont potentiellement des consommateurs. Et, c'est forcément une question stratégique à se poser.

Pourquoi, je ressors ma litanie ? Parce que je tombe sur ces chiffres de Nielsen//NetRatings qui nous apprennent que The Guardian Unlimited et TimesOnline ont plus de lecteurs Américains que Britanniques en ligne. Rappelons, qu'ils sont les deux plus importants "quality newspapers" en Grande-Bretagne.

De son côté The Independent a deux fois plus de lecteurs aux US. Et Le Daily Mail, plus de trois fois.

Hôtel avec wi-fi gratuit... sinon rien

Suis-je le seul maniaque à choisir son hôtel selon l'accès internet ? Je suis sur la route entre New York et Montréal, après trois jours à Washington. Et ma seule obsession est de trouver un hôtel avec une connexion internet. Mais pas n'importe laquelle. C'est le wi-fi dans la chambre sinon rien. Et gratuit bien entendu.

Partout où je me déplace, c'est ma seule condition : le wi-fi gratuit dans la chambre. A Montréal, par exemple, j'ai fait quatre hôtels avant de trouver le bon. Au passage, il s'agit de l'hôtel Le Germain. Je vous le conseille si vous séjournez ici. Pour l'anecdote, j'y ai croisé Thierry Lhermitte, il y a quatre semaines.

Je me demande si les hôteliers ont ça en tête, cette histoire de wi-fi. Bon, je comprends bien que tout le monde ne se déplace pas avec son portable sous le bras. Mais quand même. Et pour vous, est-ce une condition indispensable ce wi-fi gratuit dans votre chambre d'hôtel ?

Aug 5, 2007

La presse quotidienne locale papier et payante a-t-elle encore une chance d'attirer les jeunes lecteurs ?

La presse quotidienne locale payante peut-elle encore attirer les jeunes adultes (18-35 ans) avec son support papier ? C'est une question dont la réponse semble de plus en plus s'orienter clairement vers la négative au regard de l'échec de la très intéressante nouvelle formule qu'avait réalisée le Star Tribune, il y a moins de deux ans.

En 2005, le journal américain de Minneapolis, lançait une refonte majeure. Pourquoi majeure? Parce que l'objectif était d'attirer les jeunes adultes : Reinventing the newspaper for young adults.

Parce que le journal local avait mis tous les moyens de son côté. Équipe, recherches, temps, etc. Il s'était d'ailleurs en partie appuyé sur le "Readership Institute", de l'excellente Northwestern University. Vous pouvez télécharger ici une série d'études en PDF relatives à la refonte.

Le travail effectué a été remarquable. Je ne connais personnellement pas un journal locale qui ait engagé une réflexion aussi approfondie. Je le dis d'autant plus facilement que je n'ai pas participé -- malheureusement -- à cette expérience. Pourtant, le résultat est un flop.

Non seulement les jeunes lecteurs ne sont pas au rendez-vous mais la diffusion continue de baisser... et encore plus vite qu'avant. En mai 2007, le quotidien annonçait un recul de 4,8% de sa diffusion pour son édition de la semaine et 5,1% pour celle du dimanche. Ce, pour les six derniers mois. Soit, deux fois plus que la baisse moyenne des quotidiens américains (2,1%).

Au premier trimestre 2007, le revenu des petits annonces étaient en baisse de 23%, par rapport au premier trimestre 2006. En trois ans, le journal a vu son revenu cumulé (pub et diffusion) reculer de 64 millions de dollars.

En mai, trois mois après le rachat, son résultat d'exploitation a été 20% en-dessous de celui prévu par son propriétaire Avista. Le journal a annoncé un plan pour se séparer de 145 employés, dont 50 journalistes. Et son éditeur Par Ridder, depuis au milieu d'un scandale, d'expliquer que le journal allait perdre de l'argent d'ici 12 à 18 mois.

Acheté en 1998 par McClatchy, 1,2 milliards de dollars, le deuxième groupe américain de presse quotidienne l'avait revendu en février dernier à Avista Capital Partners pour un peu moins de la moitié ($ 530 millions). En 8 ans, le journal a perdu 56% de sa valeur. Ce qui ne l'a pas empêché de dégager un bénéfice d'environ 50 millions de dollars, l'année dernière.

La nouvelle formule n'aura donc pas apporté de solution. C'est une très mauvaise nouvelle. Malheureusement, cet échec n'a pas, en tout à ma connaissance, été commenté par la profession.

Depuis plusieurs années, nous recommandons à nos clients de se concentrer sur les + de 55 ans avec leur édition papier. Une cible où ils peuvent sans doute encore augmenter leur pénétration.

L'échec du Star Tribune confirme, plus que jamais, que la presse quotidienne papier locale ne peut pas être tout pour tout le monde. Et qu'elle prend un risque énorme à vouloir s'aventurer sur un terrain qui lui est clairement défavorable. Le risque de ne toujours pas satisfaire les jeunes adultes. Et celui, de perdre des lecteurs dans son coeur de cible.

C'est l'arrêt d'une autre expérience visant les jeunes adultes qui m'a poussé à regarder les chiffres du Star Tribune. Expérience de ASAP menée par The Associated Press depuis août 2005 et à laquelle l'agence de presse américaine vient de mettre fin faute de résultats financiers satisfaisants.

ASAP était un service multimédia donc l'objectif était d'aider les quotidiens papier à attirer une audience jeune en ligne. Nous y avions participée (très peu sur la stratégie éditoriale). Son échec montre combien la presse traditionnelle a du mal à comprendre ce public auquel elle ne s'est jamais vraiment intéressé.

Et, je connais bien la question puisque pendant des années (depuis 1997), j'ai essayé, avec François Dufour le patron de Play Bac éditeur de trois quotidiens pour enfants en France, de convaincre les groupes de presse américains (en particulier mais pas exclusivement) de développer des médias à destination de lecteurs encore plus jeunes.

Larry Atkins, du Christian Science Monitor, se réveille, me semble-t-il, un peu tard avec son article : "Hungry for younger readers, newspapers should embrace their voices". Une de ses solutions principales : ouvrir les pages tribunes libres aux jeunes. Avec des stratégies comme ça, la presse quotidienne est sauvée !

Alors, selon vous la bataille du papier est-elle perdue pour les jeunes adultes ?