Jan 1, 2007

Presse écrite : avancer dans la tempête du numérique

Quelle soit mensuelle, hebdomadaire ou quotidienne, la presse écrite payante traverse la tempête très agitée du numérique. La télé et la radio ne sont pas épargnées. Loin de là. 2006 a été l'année d'une prise de conscience généralisée : le business model des médias est profondément remis en cause. La presse écrite a besoin de changer. Plus ou moins vite selon les cas et les lieux. Comment ? C'est la question que se pose tout le monde. Pas de solution miracle. Le début de l'année est une bonne occasion d'essayer de remettre rapidement à plat certains éléments.

Quelles sont les tendances de fond et de base ?
1- La presse payante évolue vers le business model des gratuits. En ligne, elle n'arrive pas à vendre son contenu aux lecteurs, en revanche elle attire de nouveaux revenus publicitaires. Ca ne veut pas dire que tous les journaux payants seront gratuits un jour. Ca veut dire que la part du revenu générée par la publicité dans le chiffre d'affaires de la presse payante est en progression constante, au contraire du revenu généré par les ventes aux lecteurs. Ce, en tout cas dans les pays occidentaux.

2- Le multimédia s'impose aux entreprises de presse. Le multisupport va remplacer peu à peu l'unisupport. Les nouvelles technologies, liées à ces multisupports, envahissent les entreprises et changent -- ou vont changer -- les façons de travailler. Tant au niveau des organisations que des individus.

3- Avec le numérique, les rédactions découvrent leurs consommateurs. Ils discutent, ils approuvent, ils contestent, ils créent leur propre média… La conversation est en route. Elle est entrain de changer profondément la façon de faire du journalisme… mais pas ses principes. Au contraire, elle les renforce en donnant la possibilité de demander des comptes aux médias. Des comptes immédiats.

4- Avec le numérique, le monde de la publicité (agences, commerciaux, clients…) s'installe définitivement dans la logique du retour sur investissement. Les nouvelles technologies offrent les outils les plus puissants et les plus performants aux annonceurs, aux agences et aux médias.

5- La part du marché publicitaire de la presse écrite est en recul dans l'ensemble des pays occidentaux. Dans une grande majorité, et toujours dans ces pays, le lectorat est aussi en recul régulier depuis plusieurs années. La tendande s'accélère depuis deux ans aux USA. Mais, la très large majorité du revenu d'une entreprise de presse écrite vient des revenus des supports papiers. Le web est loin, très loin, de pouvoir couvrir les dépenses des entreprises de presse existantes même si l'audience est en croissance permanente (sauf pour ceux qui sont passés au tout payant).


Est-ce que ces tendances vont changer ?
Impossible de prévoir le futur. Je ne m'y aventurerai donc pas. Mais, on peut dire que rien n'indique un revirement de ces tendances dans les prochaines années. Tout indique plutôt un renforcement.

Quelles pistes pour avancer ?
Sur ce blog, et sur bien d'autres, nous discutons sans arrêt des éventuelles pistes à emprunter, à expérimenter. Pas de solution miracle à l'horizon. Mais quelques grandes lignes semblent se dégager.

1- La presse doit expérimenter. Pas d'autres choix. C'est le lot de toutes les industries. Elle a besoin d'explorer de nouveaux horizons. Pour cela elle doit investir dans la recherche et le développement, ainsi que dans de la méthode de développement business. La presse manque cruellement de méthode business et de managers expérimentés dans ce domaine.
Si elle n'a pas les moyens d'investir, elle doit procéder en réduisant ses coûts de fonctionnement. Économiser d'un côté, pour investir de l'autre. Ils nous semblent réaliste -- et sans danger pour le support papier -- de proposer un transfert des efforts financiers d'environ 5% par an sur un petit département R & D.

2- Le CPM sur le net est beaucoup plus bas que celui du print. Rien ne pousse donc le "monde publicitaire" à s'investir sur le net. C'est pourtant là, où il faut porter l'effort. Le business model pub devenant de plus en plus dominant dans les médias. C'est le premier challenge à relever pour les groupes de presse : motiver et former ses équipes de vente au numérique.
Le prix de la pub sur le net est anormalement bas. Mieux comprendre les avantages et les forces du net/numérique, les outils multimédia et les promouvoir auprès des clients vont permettre aux équipes de vente de faire remonter les CPM du net. Même si, on n'approchera sans doute jamais des CPM du papier. Mais aussi d'attirer tout une série de nouveaux annonceurs jusque là absents des médias pour des raisons de coût. Google nous le prouve chaque jour.

3- Il faut aussi porter l'effort sur la formation des équipes aux outils multimédia (la vidéo est une priorité) et à la logique multi-support. La formation est plus que jamais une des clés du succès vers une entreprise média multiplateforme. Formation pour faire un meilleur journalisme, pour être plus prêt des lecteurs/consommateurs… et pour réduire les coûts de production.

4- Attirer les compétences techniques indispensables à la transformation des entreprises de presse. Les médias représentent "un terrain de jeux" fabuleux pour les développeurs et ingénieurs de tout poil.

Encore une fois, bonne année à tous ! Pleines d'expériences, d'enseignements et, espérons, de business fructueux.

1 comment:

  1. Anonymous7:00 PM

    toutes bonnes réflexions ! je crois aussi qu'il y a énormément de choses à oser. Le retour sur investissements dans être calculer autrement qu'à court terme et autrement que manière strictement quantitative. Il faudra certes que les transformations génèrent de nouveaux revenus, mais bien au-delà, c'est la confiance entre le consommateur d'infos et ses producteurs qui doit être si pas restaurée, au moins renforcée et apprécieée à sa juste valeur par les différents acteurs.

    Bonne année 2007 à toi,

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