Jan 25, 2007

USA: La baisse de la consommation générale d'actualité, nous pousse à nous poser la question de sa valeur

Est-ce que l'actualité intéresse toujours autant les gens qu'auparavant ? Il y a longtemps que je me pose la question sans jamais vraiment avoir trouvé un début de réponse. Dans notre profession on assume que les gens ont besoin d'actu. Qu'ils en ont besoin de façon développée, régulière, etc. Mais que nous disent les chiffres sur la consommation d'actualité ?

Les seuls éléments que j'ai trouvés sont américains (USA). Ils se trouvent dans une étude réalisée par Robert G. Picard*, le spécialiste mondial du business des médias, pour Harvard. Ils montrent que la consommation d'actualité/info est, aujourd'hui, à son plus bas niveau depuis les 50 dernières années.

Quelques chiffres*

Télévision :
- 2004 : 28,8 millions de télespectateurs en moyenne pour les journaux du soir sur les grandes chaînes de télévision américaine.
- Ils étaient 52,1 millions en 1980
- Durant cette période la population a augmenté de plus de 70 millions de personnes.
- On est donc passé de 229 télespectateurs par 1000 habitants en 1980, à 97 par 1000 en 2004, soit une baisse de 58%.

Magazines d'info :
- La diffusion des trois plus grands magazines d'actualité aux USA -- Newsweek, Time et U.S. News & World Report -- a reculé de 9,9% entre 1988 et 2003.
- On est là aussi passé de 42 lecteurs par million d'habitants en 1988 à 31 lecteurs par million d'habitants en 2003, soit une baisse de 26%.

Quotidiens :
- La diffusion de la presse quotidienne a augmenté, si on s'en tient aux chiffres de la diffusion : de 53 829 000 exemplaires en 1950 à 54 626 138 en 2004 (exemplaires payants et gratuits sont additionnés).
- Mais si l'on considère la croissance de la population, on se rend compte que la pénétration a reculé de 48 % : de 353 exemplaires pour 1000 habitants en 1950 à 183 exemplaires pour 1000 en 2004.

Où sont passés ces consommateurs potentiels se demande Robert G. Picard*, l'auteur de cette étude ?

Un peu sur la télévision câblée :
- Les trois chaînes de télé d'info ne sont regardées quotidiennement que par 2% des foyers américains.
- Les chaînes d'info locale sont, dans une étude, en tête des sources d'info pour 50% des personnes interrogées (soit le double que les grands réseaux de télévision). Mais la moitié d'entre-eux ne vont pas jusqu'au bout du journal. Et 60% ne sont pas loyaux à une chaîne en particulier.

Un peu sur Internet :
- 23 millions de visiteurs uniques au quotidien pour MSNBC, 21 millions de VU quotidiens sur CNN, 6 millions de VU quotidens sur FoxNews.com. Mais on n'est pas encore capable de dire combien de ses utilisateurs naviguent sur un, deux ou trois de ces sites.
- Le premier des quotidiens en ligne est le New York Times avec 1,9 millions de VU quotidiens. Mais ils ne regardent en moyenne qu'une page à chaque visite.
- Yahoo ! News, le premier site d'info au monde, ne touche mensuellement que 17% des usagers du net, AOL News autour de 10% et Google News environ 6%.

Au regard de ces chiffres, la question de fond qui se pose aux entreprises médias, accès sur la production de news, c'est celle de la valeur de l'info. Il semble que les consommateurs lui en attribuent moins. Et que cela se traduit par une baisse de la consommation générale de l'actualité. En tout cas aux USA.

Stratégiquement, il s'agit donc de travailler à améliorer, aux yeux des individus, des annonceurs, des investisseurs et de ceux qui font les médias (ne les oublions pas), la valeur de l'information. Sans oublier, et c'est un point crucial, que cette valeur est attribuée par le consommateur et non par le producteur.

Se poser la valeur de l'information, économique, sociale, individuelle…, est une idée nouvelle pour les entreprises de presse, insiste Picard. Mais, une interrogation nécessaire. Vous en dites quoi ? Des chiffres en Europe ?


* [sources : Journalism, Value Creation and the Future of News Organizations, par Robert G. Picard, Shorenstein Fellow (Harvard), printemps 2006, Directeur du Media Management and Transformation Center Jönköping International Business School Jönköping, Suède]

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