Oct 13, 2005

Nouvelle formule du Figaro : on prend les mêmes, on met du bleu et on recommence


Je viens de jeter un œil à plusieurs exemplaires de la nouvelle formule du Figaro. Déception. La forme s'améliore légérement. Le fond reste le même, malgré quelques changements dans l'organisation du journal.

Rien n'a vraiment été remis en question. On s'est contenté de faire dans le cosmétique. Le Figaro a changé son aspect… pas son produit. Le journal reste fondamentalement le même.

Même type de contenu. Même domination du genre journalistique le plus plat : compte rendu. Même pages grises, avec des textes d'une longueur sans fin. Même pauvreté dans l'illustration, sauf pour la Une. On saluera, quand même, l'effort fait sur la taille de la police de caractère du corps des textes. Plus besoin d'une loupe pour le lire.

La nouvelle formule du Figaro manque profondément d'imagination. Pas une seule nouveauté dans le traitement journalistique de l'information. Le journal reste sur une seule dimention : le texte, encore le texte et toujours le texte.

Et, à la question de fond : qu'apporte Le Figaro à l'information quotidienne ? On n'est bien ennuyé pour répondre. Ou, plutôt, on aurait envie de dire : pas grand chose.

Le quotidien conservateur français a râté une occasion de taille. Celle de devenir le quotidien de référence. Le quotidien qui explique. Le quotidien qui donne l'information contextuelle, qui la met en perspective. Le quotidien éducatif.

Rien, ou presque, de ce que l'on trouve dans le premier cahier n'est différent de ce que l'on obtient gratuitement sur internet… et dans les autres quotidiens. Internet qui semble également avoir été absent de la réflexion. Rien ne renvoie, en tout cas de façon apparente, au site. Comme si le figaro.fr n'existait pas (voir ici mon post sur la "nouvelle formule" du site).

Le Monde a donc place nette pour être ce grand quotidien éducatif/explicatif. Pour être celui qui va donner l'information que l'on ne trouve nulle part. Cette information contextuelle qui fait tant défaut à la presse quotidienne en générale. On espère qu'il aura plus d'imagination avec sa nouvelle formule à venir. Et, surtout, qu'il aura le courage de tourner le dos à un journalisme inadapté à la nouvelle donne des médias.

Pour ce qui est du Figaro, passé l'effet de surprise et la nouveauté, on verra bien si les lecteurs seront aux rendez-vous. On le lui souhaite. Ou si ce sera encore une nouvelle formule dont la presse quotidienne française -- mais pas seulement elle -- à le secret depuis quelques années : un joli emballage pour accompagner la chute du lectorat.

Combien de temps les directeurs de journaux accepteront d'investir de l'argent dans des nouvelles formules qui ne rapportent pas un lecteur ? Combien d'échecs faudra-t-il à la presse quotidienne pour comprendre que le produit ne fonctionne plus ? Qu'il est à réinventer. Pas à redécorer !

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