Jun 29, 2005

Servir la communauté : le New York Times vend des tickets pour les shows de Broadway

J'expliquais récemment dans un post que la presse écrite, en particulier les journaux, est le seul medium qui concentre son business modèle autour de l'information, contrairement à la télévision et à la radio. Je défendais aussi l'idée qu'internet est l'occasion pour les journaux d'expérimenter de nouvelles pistes business et de nouveaux modèles qui tournent autour de : servir la communauté des lecteurs.

Une logique que le New York Times semble partager. Dorénavant, il est possible d'acheter des tickets pour les shows de Broadway sur son site. Bientôt, il sera également possible de visionner des extraits video des performances artistiques, de lire les réactions des lecteurs, d'accèder à des forums sur les shows…

New York Times propose déjà un service email gratuit : "TicketWatch". Ce service offre des rabais sur différents spectacles. Il est envoyé régulièrement à 350 000 abonnés qui ont signé pour le recevoir. L'email inclut un code promotionnel à utiliser pour une commande par téléphone ou en ligne.

"Cela ne semble pas être un moyen d'attirer de nouveaux lecteurs, juste une façon d'augmenter ses revenus", explique John Burke dans editorsweblog, le blog de la WAN (World Association of Newspapers). Rien de mal à augmenter ses revenus. Non ? Quand aux nouveaux lecteurs, ils viendront si autour du service est construit une offre éditoriale multimedia. C'est justement ce que va faire le New York Times avec forum, video clips…

Imaginons que Libération, en France, se mette à proposer un système d'alerte email gratuit pour des concerts de musique en tout genre (hip hop, rock, classique…). Que cet email propose des réductions sur les tickets ou des avant-premières. Qu'autour de ce service, soit construit une offre éditoriale multimédia, incluant des forums ou blogs de discussion, des votes de lecteurs sur la qualité des concerts, des extraits video ou sonores à voir en ligne et aussi à downloader sur téléphone portable, des articles et reportages de la rédaction de Libé… Ne pensez-vous pas que les lecteurs seront au rendez-vous ? Et qui plus est, les jeunes lecteurs tant rêvés par la presse quotidienne. Il en va de même pour la presse régionale.

John s'interroge également si pareil service n'est pas dommageable pour la marque. Je suis depuis longtemps un défenseur de l'idée que la valeur de la marque d'un journal c'est le service rendu. Ce service est, d'après moi, plus large que l'information journalistique. Loin de nuire à l'image du journal, tout service complémentaire apporté à la communauté renforce la marque.

1 comment:

  1. Pierre, je ne dis pas que "le service rendu par un journal est plus important que le service journalistique". Je dis que le lecteur juge la qualité d'un journal sur le service qu'il lui rend.
    Mais j'ajoute que l'information journalistique n'est pas le seul service que rend un journal.
    Et, je précise que je crois qu'il devrait étendre les services qu'il rend à un lecteur.

    Les journalistes doivent arrêter de croire que seul ce qu'ils écrivent est digne d'intérêt.

    Quand à la crédibilité, je crois qu'elle ne souffre pas de services -- même commerciaux -- que pourraient rendre un journal à son audience.

    Il y a bien longtemps que les journaux vivent essentiellement grâce à la pub. Il y a bien longtemps que la pression économique existe.

    Avoir une billeterie sur son site n'empêche pas le New York Times d'écrire ce qu'il veut sur les shows de Broadway. Vérifiez par vous même.

    Pierre les journaux, les radios et les télévisions sont avant tout des véhicules publicitaires. Je ne dis pas que j'aime ça, ou pas d'ailleurs, je regarde la réalité en face. Cela ne les empêche pas, dans la majorité des cas, de proposer un journalisme indépendant.

    C'est un équilibre fragile. Mais sans la pub pas de question d'équilibre à se poser car la majorité des supports n'existeraient pas. Que voulez-vous, le consommateur n'est pas prêt à payer n'importe quel prix.

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