"Similarly, newspapers and their audiences would be best served concentrating on what they do best: local, local, local." explique Jeff Jarvis dans son blog Buzzmachine.
Personne n'est meilleur sur l'info locale, que la presse… locale. N'est-ce pas Pierre? En tout cas, pour le moment. En France, Ouest-France le démontre depuis des années (d'autres aussi bien entendu). Les lecteurs sont au rendez-vous. "If they gave us the local news that no one else could gather and report, they'd be worth more to us." ajoute Jeff Jarvis.
Hélas, quand on jette un œil global à la presse locale en France et aux USA (celles que je connais le mieux), on se rend compte que le nombre d'infos locales va en se réduisant. Doucement… mais surement.
Pourquoi le local recule-t-il? Coût de l'info locale? Paresse journalistique? Rêve de grandeur des uns et des autres? Manque de clarté dans la mission du journal?
Vous en dites quoi?
Je suppose que Pierre c'est moi.
ReplyDeleteAlors je tente une réponse. Pour le Québec et la presse écrite que je connais mieux.
Lorsque je suis entré à La Presse de Montréal en 1959, elle appartenait à la famille Berthiaume. Le Soleil de Québec (appartenait à la famille Gilbert), Le Droit (Ottawa) appartenait à la communauté catolique des pères Oblats, La Tribune (Sherbrooke) à la famille du sénateur Desruisseaux et le Nouvelliste a la famille du sénateur Nicholls et enfin La Voix de l'Est (Granby) à la famille Gratton. Quant au Quotidien (Saguenay), il n'existait pas mais son prédécesseur (Le Progrès du Saguenay) appartenait au clergé local si je ne m'abuse.
Maintenant, ces sept quotidiens francophones apparatiennent tous à un seul propriétaire, Power Corporation, via sa filiale Gesca.
Qui fait de La Presse (de plus en plus) son navire amiral et les quotidiens régionaux de simples bureaux qui publient de plus en plus les textes des journalistes du bureau amiral. Les deux seuls autres quotidiens francophones du Québec (Journal de Montréal et Journal de Québec) apparatiennent à Quebecor, qui possède en plus le réseau de télévision TVA et une foule de magazines et d'hebdos et tout ce beau monde fait de la convergence au maximum à partir encore là de Montréal.
A la télévision, c'est la même chose chose. Finies les stations indépendantes. Il y a deux grands réseaux (TVA et Radio-Canada). Radio-Canada a fermé plusieurs stations locales (ou régionales) pour ne conserver que des correspondants locaux qui "couvrent les grosses affaires" et le bulletin, plus souvent qu'autarement, est celui de Montréal même en province.
Idem pour la radio. Les consortiums (Corus, Astral) achètent de plus en plus de stations et l'information, dans les faits (à part quelques petits bulletins fait par des équipes parsemées) est montréalaise.
Vrai que Ouest-France (Paris-Normandie aussi) font une belle job (et Nice Matin), je connais pas mal la France.
Mais vrai aussi que Le Monde, le Figaro, Libération etc., se présentent comme des "quotidiens nationaux" (comme le Washington Post, New York Times, aux USA) mais dans le fond, sont des quotidiens newyorkais ou de Washington.
Le complexe de la grande ville. Le nombril du monde.
Pire. On couvre souvent que la ville principale (le Montréal centre-ville) et peu ou pas ou mal les banlieues. Alors si on couvre peu ou mal les banlieues, on couvre encore plus mal les régions...
Et cela nous ramène à ce que j'ai déjà dit: le monde des médias, maintenant, est devenue une grosse business, entre les mains d'intérêts ultra-puissants.
En 1959 (diable que cela semble loin), les sept quotidiens dont j,ai parlé étaient des pme (petites et moyennes entreprises) florissantes pour la plupart, mais des "peanuts" quand on les compare aux empires actuels.
Et Gesca avec ses sept quotidiens n,est qu'une bien petite partie du vaste empire de Power Corporation.
Je ne serai spas surpris qu'il en soit ainsi aux USA et ailleurs, mais je connais mal le journalisme ailleurs, en ce qui concerne sa propriété.
Pour tout dire, on a créé des monstres, des machines à ramassr du fric, pour qui la mission d'informer est bien secondaire, en autant que les actionnaires soient satisfaits.
Pierre Vennat