Jun 5, 2005

Faut-il payer ses sources? Un éditorialiste du New York Times dit : pourquoi pas.

"Show Him de Money" titre John Tierney, éditorialiste au New York Times, dans son article sur le cas "Mark Felt". M. Felt, l'officier du FBI, connu comme "Deep Throat", à l'origine des révélations (Watergate) qui ont fait tomber Richard Nixon. La famille de ce dernier vient d'essuyer un refus de People et Vanity Fair de passer à la caisse. Sur le principe : la presse ne paye pas pour des sources. Hypocrisie d'après l'éditorialiste du Times. Avec tout l'argent qui a été fait autour de cette affaire, il serait bien normal que les Felt aient leur part du gâteau.

L'occasion pour John Tierney de poser la question : les journalistes doivent-ils payer leurs sources? D'autant plus, rajoute-t-il, quand ces sources leur rapportent de l'argent. Et de rappeler que la bibliothèque de l'université du Texas a, par exemple, payé 5 millions de dollars US pour les papiers originaux de Bob Woodward et Carl Bernstein. Les deux journalistes qui révélèrent le Watergate.

Pourquoi pas défend-il? "Les journalistes sont supposés avoir le jugement nécessaire pour faire face à ce genre de problème, et l'argent pourrait les aider à mieux faire leur travail", explique-t-il. Et de reprendre : "Money would give them more leverage than they have now over their sources, because they could withhold some of the payment until the story comes out and is proven correct. They would have access to more sources than the ones they so often rely on now: people peddling stories to further a political or personal agenda."

Et de faire remarquer que la "vérité" ne s'achète pas… sous la forme d'un article… mais pas de problème à la payer sous la forme d'un livre.

Payer les sources, vous en dites quoi, vous? La fin d'une hypocrisie, car la presse paye déjà beaucoup de ses sources? Un juste retour pour ceux qui prennent des risques pour aider la vérité à sortir? Un scandale qui ouvrirait la porte aux pires abus? Lesquels d'ailleurs?

2 comments:

  1. Je ne suis pas Bob Woodward ou Carl Bernstein.

    Mais mes 30 ans de journaliste socio=politique dans une carrière de 45 ans comme journaliste professionnel m'ont appris que les gens qui font éclater la vérité, comme vous le dites, le font pour une raison spécifiquie.

    Comme ce Monsieuir Fleet le Deep Troat du Watergate. Directeur adjoint du FBI, il n'approuvait pas la conduite du clan Nixon. Et il regrettait, bien sûr, de ne pas avoir été nommé directeur du FBI à la mort de Hoover.

    Bref, il avait davantage besoin des médias que les médias avaient besoin de lui. Bien sûr, le Washington Post (et quelques autres dont le New York Times à un moindre degré) en ont profité. Mais dans le fond, s'ils ne l'avaient pas su et si le Waterwgate n'avait pas éclaté, les médias auraient trouvé autre chose.

    Cela aurait été malhoeureux (Nixon serait resté, d'après moi cet h omme malhonnête devait partir) mais journalistiquiement parlant, cela n'aurait pas été une tragédie.

    Bref, Monsieuir Fleet ne méritait pas d'argent, il n'en a d'ailleurs pas eu jusqu'à récemment.

    Au Québec, dernièrement, une vedette du spectacle ,. victime d'assaut sexuels répétés durant toute sa jeunesse de la part d'un impresario très cononuo, a sorti de l'anonuymat et dénoncé celui-ci.
    Pour se détraumatiser, dit=-elle.

    Que cette dame soit une victime, aucun doute. Qu'elle soit ainsi détraumataisé, il semble que cela soit vrai.

    Mais des victimes comme elle, il y en a des millioers en Amériquie et peut-être un million à travers le monde.

    Or un poste de télévision a payé $100 000 pour avoir les confidences de cette dame. Sauf le respect que je lui dois (car elle fut une victime de crimes crapuleux et se raconter lui fait sans doute du bien), le poste qui a payé n'a fait que satisfaire le voyeurisme des téléspectateurs.

    Y avait rien là du côté informatioin (et qu'on ne vienne pas me parler d'éducation...) C'est du voyeurisme. Point.

    Comme le récit des frasques de Monica-Bill Clinton. Une fois qu'on savait que le président avait eu des relations d'un goût douteux (c'est le moins qu'on 9puisse dire) avec une stagiaire de la Maison-Blanche, on n'a pas besoin des détails. Or les détails on les a eus. Même Clinton en parle odans ses mémoires, saw dame dans les siens et la Monica dans son 9propre livre.

    Moi j'aoppelle cela du voyeurisme. Et les gens (vous parlez souvent des gouts du public, cher Jefef. Bien le public,il raffole de tels potins. A nous d'avoir le courage de lui refuser) veulent du voyeurisme.

    Idem pour le procès de Michael Jackson. A-t-on besoin de tous les détails. Même CNN en parle à tous les jours. Même Radio-Canada français ici aui Québec nous présente tous les jours un reportage d'uen journaliste basée en Californie et nous faisant un reporetage de la journée en français.

    Vous appelez cela de l'information? Ce qu'on a besoin de savoir: Michael Jackson, chanteur populaire connu, est accusé de tels délits. Il sera (est) jugé par un jury à compter de telle date. Puis le verdict (quand il tombera). Ou bien Jackson sera déclaré coupable (et j,espère alors qu'on cessera de l'écouter et qu'on l'honira) ou il sera acquitté et on saura que les accusations n'étaienit que balivernes (à moiins qu'elles soient vraies mais non comoplètement prouvées, mais laissons le jury et le juge décider).

    Bref, on n'a non seulement pas à payer pour des sources semblableswe, mais même pas à les diffuser.

    Censeur le Vennat? Non. Journalimste responsable.

    Le malheur, mon cher Jeff, c'est que dans le monde d'aujourd'hui,ou le consommateur est roi, celui qui ne voudrait faire que du journalisme responsable risque la faillite.

    Triste constat.

    Pierre Vennat

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  2. Mouais... Il y a quelques années, j'ai essayer de monter à titre de pigiste
    un gros dossier en sciences - grosso modo l'histoire d'une découverte. Ce
    n'était pas facile car cela impliquait des déplacements et de gros frais,
    que le magazine à qui je destinais l'histoire ne voulait ni couvrir - pas
    les moyens - et que je pouvais faire faire commanditer par un transporteur
    aérien parce que c'était pas éthique de l'avis du rédac-chef. J'ai quand
    même persisté en me disait que je réussirais sans doute à revendre le gros
    reportage à l'étranger et à entrer dans mon argent quand même.

    Sauf que je me suis heurté à un mur. La source la plus cruciale, un
    chercheur à l'emploi d'une institution fédérale et payée à même les fonds
    publics, avait déjà vendu l'exclusivité de son histoire à un réseau de télé
    spécialisé qui avait mis, si j'ai bien compris, près d'un demi-million de
    dollars sur l'affaire sous forme de bourse de recherche. Autrement dit, la
    télé payait pour l'exclusivité sur des recherches qui n'auraient pas eu la
    même ampleur ou qui auraient peut-être eu lieu quelques années plus tard si
    autant de fonds n'avaient mis à la disposition du chercheur.

    Ce que je retiens de cette histoire:

    1. Le paiement des sources aide les gros médias concentrés à écraser les
    indépendants en rendant plus difficile l'accès à la nouvelle.

    2. En payant les sources, les médias peuvent passer du statut d'observateur
    de la nouvelle à celui d'acteur ou d'objet de la nouvelle (voyez par
    exemple comment TVA est devenu un acteur de la nouvelle dans l'histoire des
    100,000 dollars de Nathalie Simard)

    3. Il a a quelque chose de choquant à ce que l'accès à de la recherche
    faite par un employé fédéral me soit refusée, ou du moins, refusée pour un
    moment, parce qu'une firme privée s'en est réservée l'exclusivité.

    Philippe Gauthier

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