Une fois encore, je rejoins Jeff Jarvis dans ses propositions pour réorganiser les rédactions. Elles recoupent des propositions que vous aurez déjà lues sous ma plume ou sous celle de l'équipe de 5W si vous fréquentez ce blog ou celui de 5W Mignon-Media, en anglais. Les voici donc. Dites-nous ce que vous en pensez. Réjoignez la conversation.
(Traduit du blog de Jeff Jarvis)
1- Les rédactions ont besoin de redéfinir l'information et la façon dont elles récoltent cette information. Elles doivent être ouvertes à de nouvelles sources d'info, incluant les reportages des gens qu'elles ont l'habitude de considérer comme leur audience. Oui! même les bloggers. (…) Les rédactions doivent se voir comme des agrégateurs, des investigateurs -- et parfois comme des packageurs, parfois non -- des informations créées par leur communauté.
Elles doivent aussi arrêter de perdre leur temps, leur talent et leur argent avec l'info géné de base, cette info que nous connaissons déjà, cette info que l'on pourrait écrire nous-même juste en regardant CSpan ou CNN. Si vous pouvez faire un lien sur cette info, si vos lecteurs sont déjà informés, pourquoi dépenser des ressources pourtant précieuses à refaire ce qui est déjà fait?
A la place, c'est beaucoup mieux de se concentrer sur les vrais valeurs ajoutées d'une rédaction : la capacité des journalistes à poser les questions que les gens au pouvoir n'ont pas envie d'entendre, d'être l'avocat de la communauté, de lancer les discussions de fond, de mettre en perspective et d'être local. Les journalistes ne sont pas les seuls à pouvoir faire ça mais cela reste leur principale qualité.
2- Nous l'avons dit des millions de fois: les gens n'attendent plus pour les infos -- pour le journal d'être entre leurs mains ou pour le journal télé de commencer. Ce sont les infos qui attendent les gens (ndlr : voir notre blog en anglais sur la notion de time-shifting) -- quand nous le voulons, où nous le voulons et comme nous le voulons. (…)
3- (…) L'info est une conversation et cette conversation est en train de se dérouler avec nous ou sans nous. Nous avions l'habitude de penser que l'info s'arrêtait, était "cuite", était finie quand et seulement quand le journal était paru. Mais, en fait, c'est à ce moment là que l'info commence. Quand les lecteurs -- qui, comme le répète Dan Gilmor sans arrêt, en savent plus que nous -- ajoutent leurs questions, leurs faits et leurs perspectives. L'info ne nous appartient pas. Nous la trouvons et nous la communiquons dans un monde qui déteste les intermédiaires. Nous devons faciliter la conversation ou "passer notre chemin".
Voici quelques idées qu'il propose pour faire avancer les choses :
1- Rémunérer les rédac chef sur la base de l'audience qu'ils génèrent, en particulier sur les nouveaux media.
2- Que le reporter mette en ligne les infos le plus vite possible, à travers un système de blog, afin que les lecteurs réagissent, posent leurs questions, apportent leur connaissance du sujet et, une fois cet échange fait, que l'article final soit publié.
3- Juger la qualité non sur la façon d'écrire mais sur la capacité à apporter le maximum d'éléments sur un sujet, venant d'un maximum de sources.
4- Partager le savoir faire des journalistes avec les "apprentis journalistes citoyens" afin d'augmenter la couverture de l'info. Partager les infos, partager la confiance… partager le revenu.
5- Partir à la rencontre des lecteurs au quotidien.
6- Transparence, transparence. Ouvrir les rédactions sur l'extérieur.
7- Avoir des journalistes multimédia et les former ainsi.
8- Une seule rédaction pour l'ensemble des media d'une entreprise de presse. Supprimer les frontières artificielles papier et internet. Un journaliste travaille pour une organisation, pas pour un support.
9- Réformer l'organisation hiérarchique des rédactions. Laisser la place à la créativité individuelle.
10- Et sans doute le plus gros problème : ne pas se laisser avoir par la traditionnelle résistance au changement que les rédactions ont érigées en religion.
Tout un programme. Mais un programme que personne ne pourra éviter trop longtemps. Non?
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