"Les lecteurs veulent plus d'options et d'opinions, sur des enjeux beaucoup mieux définis. Si nous (les journaux) ne leur donnons pas la possibilité d'approfondir des sujets comme la santé, la scolarité des enfants, la sécurité, les finances personnelles ou les loisirs, Google le fera. Si nous n'offrons pas la plus grande variété de voitures à acheter et les outils pour choisir la voiture idéale, on se passera de nous." explique Jim Chilsholm dans son article "Newspaper as middleman: avoiding disintermediation".
De plus en plus d'annonceurs sont en train de se passer des journaux. Ils prennent en main leur propre communication. Et parlent directement au consommateur, utilisant le web. C'est le cas, par exemple, des agents immobiliers, de l'industrie du tourisme, des offres d'emplois, etc. "Acheteurs" et "vendeurs" se contactent directement, évitant les intermédiaires. Car les intermédiaires coûtent chers… inutilement aujourd'hui. Et le journal en est un.
Je rappelle, que la part de marché publicitaire détenue par les journaux a chuté de 30% en 2004, d'après le dernier rapport de la WAN (World Association of Newspapers).
Les dernières victimes de cette tendance, ce sont les entreprises de télécoms. Des services de VOIP (téléphone sur internet) comme skype.com encouragent les consommateurs à se passer de leur téléphone traditionnel. Et ça marche! Et, je vous assure que vous divisez la note de téléphone par au moins 10. Je suis un utilisateur de la première heure et mon entreprise fonctionne essentiellement avec skype.
Pour Jim les journaux n'ont pas d'autres choix que de repenser leur rôle tant sur le plan journalistique, que sur celui de véhicule publicitaire. Et de dire: "Dans le cas du journalisme, nous avons besoin de redéfinir quel est le service que nous proposons à nos lecteurs. Notre rôle de chien de garde et de révélateur de la vérité sera toujours un rôle central. Mais nous devons accepter qu'il y a un intérêt grandissant à lire le point de vue des bloggers et autres contributeurs, même s'ils n'ont pas eu la moindre journée de formation journalistique. (…) Concernant la publicité, nous devons avoir en tête que l'étalon d'or ne sera plus le nombre, la taille, la fréquence ou le prix de la pub, mais le nombre de transactions que nous aurons générées."
Et de conclure que le journalisme et la publicité sont toujours en vie et bien en vie. Mais, la tendance ne se retournera pas. Les journaux n'ont pas d'autres choix que de se remettre en question et de s'adapter à la nouvelle économie.
Plus encore, voilà que la plus grosse entreprise Média au monde, en termes de capitalisation boursière, n'est pas un conglomérat, mais plutôt un aggrégateur de contenus, qui n'en produit pas... Google.
ReplyDelete* $80bn Google takes top media spot *
Ubiquitous search engine Google overtakes Time Warner to become the
world's biggest media company by stock market value.
http://news.bbc.co.uk/go/em/-/1/hi/business/4072772.stm
Jean-François Parent
C'est évident que tous les commentaires de Jeff sont fort pertinents.
ReplyDeleteMais je m'interroge sur l'effet psychologique sur les journalistes de tous ces rappels à l'effet que la presse (surtout la presse écrite) doit se transformer, être plus ouverte aux bloggers, que le changement de formule typographique (ou l'octroi d'impression à des ateliers plus modernes, comme ce fut le cas du quotidien La Presse à Montréal, qui a fermé ses vieilles presses, mis à la retraite tous ses pressiers (en leur offrant une indemnité de cinq ans de salaire, un montant énorme) et confié son impression à un imprimeur ultramoderne (Transcontinental),ou que le passage du grand format au tabloid ne constituait pas une formule idéale.
De même que tous les articles sur la presse écrite dont le tirage baisse, dont les lecteurs baissent etc.
Parce que dans le fond (sauf dans le cas des cadres de rédaction) le pouvoir des journalistes (en tout cas au Québec) est bien mince. En fait, il n'a jamais été aussi bas devant les gros empires de la presse écrite québécoise (divisée entre Québecor, qui possède également le réseau de Télé TVA et un tas de magazines, d'où convergence poussée à l'extrême) et GEsca qui possède pas moins de sept des dix quotidiens francophones du Québec.
En un mot, je crains qu'à force de lire tous ces propos alarmants, les journalistes se dépriment davantage.
Pourquoi?
Parce que la plupart des suggestions que Jeff et ses associés font s'adressent aux GESTIONNAIRES DE JOURNAUX (ce sont d'ailleurs, eux, ai=je compris qui aux USA (et en France je crois, mais je ne crois pas encore au Québec) font appel à la firme de Mignon (ou à des firmes semblables).
Et que même si je suis d'accord avec bien des suggestions de Jeff (ou d'autres reproduites par lui), je ne vois pas nos gestionnaires bouger bien fort.
Et je vois mal comment les journalistes (syndiqués ou non) peuvent les faire bouger, surtout comme (par exemple dans le cas de Gesca, qui contrôle sept quotidiens mais n'est qu'une peanut dans le vaste empire financier de Power Corporation qui contrôle Gesca) les médias sont propriétés de gens qui ne sont pas de l'industrie des médias, et qui les concoivent uniquement comme machines à sous à court terme et n'entrevoient pas le long terme.
Bref, ces commentaires risquent d'accentuer la déprime des journalsites qui se disent:
-ca va mal dans le moment;
-or à lire Jeff, ça risque d'aller encore plus mal parce qu'il faudrait un tas de réformes et nos patrons ne les font pas. Pire, souvent, ils réduisent les budgets des salles de rédaction.
Voyez vous Jeff, je ne sais pas pour vos lecteurs américains (surtout sur votre très intéressant site en anglais, dont le site français, somme toute, n'est qu'un pâle reflet) si des patrons de médias américains vous lisent. Sans doute.
Peut-être aussi des cadres français (puisque souvent vous parlez d'euros).
Mais je doute que beaucoup de cadres québécois vous lisent. Et même s,il y en avait, je doute qu'ils aient les pouvoirs (décisionnels et budgétaires) de faire les réformes que vous suggérez souvent (ou que d'autres experts que vous citez suggérez), je me trouve ici à commenter plusieurs messages).
Ce sentiment d'impuissance n'a rien de bien bon.
Vous m'avez dit l'autre jour que vous vous considéres (et que vous êtes) toujours journaliste.
je vous crois.
Mais vous êtes aussi un entrepreneur. Avec visiblement des moyens financiers plus considérables que le commun des mortels journalistes. En tout cas québécois.
Les journalistes québécois entrepreneurs sont plutôt rares et les journalistes indépendants (les pigistes ou travailleurs autonomes), plus souvent qu'autrement ont des revenus très inférieuirs aux salaires des journalistes permanents québécois, où l'on comopte sur le bout des doigs ceux qui se font $100 000.
Ce qui me fait dire que le terme de journaliste INDEPENDANT est un bien drôle de terme quand les journalistes pigistes, pour la plupart (en tout cas au Québec francoophone où le marché est si restreint) n'ont, à 95%, AUCUNE INDÉPENDANCE FINANCIERE.
J'aime bien tout ce que vous publiez sur votre blog, Jeff.
Mais je trouve que, règle générale, la plupart de vos suggestions s'adressent aux médias. Et que bien souvent, les journalistes, qui sont d'accord avec ces solutions (certains en ont des bien plus révolutionnaires que cela) n'ont bien souvent pas les moyens de forcer (ni même d,influencer) leurs patrons à les mettre en pratique, au nom des sacrés droits de gérance.
Pierre Vennat
Un peu désabusé, mais pas mal réaliste en regardant ce qui se passe autour de lui (le mot autour voulant dire au Québec...)
C'est vrai que beaucoup de mes interventions s'adressent aux rédacteurs en chef et aux éditeurs.
ReplyDeleteMais, côté idées, j'essaye de proposer des idées simples que ne coûtent rien de plus à une rédaction, qui ne demandent pas d'embauches supplémentaires… juste une volonté éditoriale et, dans certain cas, un déplacement de ressource humaine.
Il en va de même pour les idées marketings ou publicitaires. Des idées simples, applicables aussi par des petites structures.
Et c'est vrai, je ne parle pas qu'aux journalistes. Tout simplement parce qu'un journal c'est une équipe -- en théorie en tout cas. Une équipe qui devrait pousser dans le même sens au lieu de penser que la pub est l'ennemie de la rédaction et vice-versa.
Mais, ne nous le cachons pas, en général les journaux sont dans le business de la publicité avec autour du journalisme. D'ailleurs, le revenu publicitaire est supérieur à celui des ventes.
Le comprendre ce n'est pas "se vendre à la pub". C'est juste faire face à la réalité.
Et ne l'oublions pas, la pub ça représente un très gros pourcentage des salaires des journalistes. La majorité en général.
Sans pub, difficile de faire un journal. Sans journalistes… on fait quand même des media. Regardez Google!
Et les journalistes ne décident pas. Le consommateur a le pouvoir. Que ça nous plaise ou non.
Comme le dit Jeff, un journal est une équipe, en théorie du moins...
ReplyDeleteEt je crois que la plupart des (vrais) journalistes sont d'accord avec lui.
Mais dans (trop de) journaux, les responsables de la publicité, du marketing, le voient-ils ainsi? Et les actionnaires ou les proprios de journaux (surtout de ceux dont les proprios et les journaux ne sont qu'un actif à côté d'autres beaucoup plus importants et étrangers au monde des communications?
Permettez-moi d'en douter et de le déplorer. Cela dit, il est rafraichissant malgré tout de voir des gens qui, comme vous Jeff, proposent des solutions.
Mais désolant que trop de gestionnaires de médias ne pensent qu'au court terme et que leurs journalistes soient si impuissants que bien souvent, soient qu'eux aussi refusent de penser au lendemain, soit qu'ils se découragent.
J'ai hâte de voir un jour sur votre blog (ou sur la Journa-liste ou un blog semblable) un responsable d'un grand média québécois (que voulez-vous, je suis Québécois, veux bien moi que le New York Times, un journal français, ou de quelque nationalité que ce soit suive vos conseils, mais voudrait bien que les patrons d'ici fassent pareil) écrive et dise: JEFF A RAISON, VOICI CE QUE JE FAIS.
Mais j'ai bien peur que c'est pas demain la veille...
Pierre Vennat
J'ajoute un autre commentaire. On peut le laisser ici ou le déplacer.
ReplyDeleteLes grands médias (je parle de la télé, je parle des quotidiens et comme toujours je parle de la réalité québécoise, n'ayant pas l'expertise internationale de Jeff même si je regarde France 2 et la BBC ainsi que CNN chez moi et que je feuillette (et lit quand c'est intéressant) souvent des quotidiens américains ou français (on en trouve facilement à montréal, bien plus facilement évidemment qu'on trouve des quotidiens canadiens à paris ou new york).
On dit qu'on veut intéresser les jeunes. Or les jeunes d'aujourd'hui sont BRANCHÉS. Ma petite fille qui a eu 6 ans aujourd'hui (9 juin) eet mon petit-fils qui en aura 9 le 30 juin, ont chacun leur ordinateur. Leur père est ingénieur en télécommunication, spécialisé dans le téléphone cellulaire et leur oncle (mon fils) est informaticiens.
Et je ne parle pas que d'informatiquie. Les jeunes s'intéressent (beaucoup plus que nous) à l'espace, la biologie, l'océanographie, les sciences de l'environnement, etc.
Malheureusement (en tout cas au Québec), les grands médias sont très faibles là-dessus. Tant à la télé que dans la presse écrite.
Les écoles de journalisme forment très peu (et très mal) des journalistes scientifiques parce que les communications sont considérés comme une science humaine et non une science pure.
Bref, les bollés en maths, en physique, en chimie, etc., ne vont ni dans les départements de journalisme, ni dans ceux d'histoire, de droit, de sciences économiques (ou la connaissance des statistiques est malgré tout importante), de scienices politiques, de sociologie, d'où viennent (en tout cas au Québec) la quasi-totalité des journalistes des grandes boites.
A La Presse mon journal jusqu'à récemment, sur quelque 120 journalistes, je crois qu'on comptait trois (peut-être quatre) journalistes diplômés universitaires dans une des branches des sciences pures. Et encore l'une d'elles, une biologiste, après avoir tenu (seule) la chronique scienitifique du journal un temps, est devenue, depuis quelques années, une pupitreuse (deskman) parce que plus payant. Et pire, elle ne met même pas en page des pages de sciences!
C'est presque partout pareil.
Ma femme qui est à la Fédération des médecins omnipraticiens déplore qu'à peu près aucun journaliste généraliste de grand média (je ne parle pas de magazines spécialisés de tenue excellente comme QUEBEC-SCIENCES, L'ACTUALITÉ MÉDICALE, LE MÉDECINI DU QUÉBEC, etc.) ne peut disséquer le vrai ou le faux d'une conférence de presse sur de nouveaux médicaments ou découvertes médicales.
Ils rapportent donc ce qu'on dit (quand ils comprennent le jargon) mais peuvent ainsi créer (et créent souvent) soit de faux espoirs, soit de la panique dans d'autres cas.
C'est un peu mieux pour la chronique automobile des grands médias qui, règle générale, est tenue par des pigistes. Mais ceux-ci ne se mêlent pas au reste de la salle de rédaction, puisque règle générale ils travaillent de chez eux et sont souvent regardés avec suspicion et soupconnés d'être sinon "achetés" du moins "fortement influencés" par les grands manufacturiers d'automobile.
Bref, faudra trouver un moyen d'intéresser les scientifiques (ou ceux qui ont une formation en science) au journalisme (et bien sûr à vulgariser leurs connaissances) et les médias à trouver les moyens d'embaucher des journalistes qui ont une formation en sciences pures, même si, règle générale, ces gens ont peu d'attrait pour faire les chiens écrasés auxquels la majorité des médias ont la mauvaise tendance d'affecter leurs journalistes débutants.
Reste que, on a peu parler sur ce blog depuis ses débuts, s'il est vrai que les gens veulent savoir ce qui se passe chez eux, ils veulent aussi en savoir plus long sur le lancement de la dernière navette spatiale, sur le réchauffement ou le refroidissement de la planète et les causes de toutes les catastrophes climatiques, sur les méfaits de l'environnement, de la pollution automobile, des solutions de remplacement, des découvertes technologiques dans tous les domaines. Et sur les possibilités de ce qu'on appelle "recherche et développement".
Règle générale, les gens de ces domaines (informaticiens, techniciens, ingénieurs, etc.) recourent depuis longtemps aux médias spécialisés et accordent peu d'importance aux grands médias.
Mais il y a tout le vaste public. Et surtout les jeunes (comme mes petits-enfants) avides d'apprendre.
Pierre Vennat